mercredi 28 novembre 2012

De plus en plus de troubles en Jordanie





« Ils ne toléreront pas le Roi plus longtemps… Il est trop tard pour lui pour faire des réformes » — selon le Chef de l'opposition, qui a préféré garder l’anonymat.
 
La semaine dernière, des manifestations ont éclaté en Jordanie après une décision gouvernementale d’augmenter les prix du carburant. Alors que des manifestations ont eu lieu en Jordanie depuis presque deux ans maintenant, pour la première fois il y a une forte participation des Palestiniens en Jordanie, avec de francs appels au renversement du régime. Avec l'avenir du Roi Abdullah de Jordanie en danger, et également donc celui de la stabilité régionale et ainsi que celui de la paix entre la Jordanie et Israël. Les forces pro-occidentales ont des options essentielles à considérer.




Les manifestants, la semaine dernière, ont commencé à demander ouvertement au Roi de se retirer. ‘The Independent’ a signalé qu’auparavant, les protestations avaient été «paisibles et avaient rarement ciblé le Roi Abdallah II», et a indiqué que cette fois les foules, « ont scandé des slogans contre le Roi et jeté des pierres sur les policiers anti-émeute quand ils ont manifesté dans plusieurs villes ».


Al Jazeera, a, également, indiqué que des manifestations ont eu lieu « à travers tout le pays de long en large », en « scandant le renversement du régime ». Plusieurs des photographies du Roi – régulièrement affichées dans les lieux publics en Jordanie – ont été incendiées.

Ce qui est nouveau et qui a créé la surprise au cours des récentes manifestations, selon Al-Jazeera, est que les camps de réfugiés palestiniens ont largement participé. Ces manifestations ont apparemment éclaté dans le camp de réfugiés d’Al-Hussein, à proximité de la capitale jordanienne, Amman. Les manifestations ont été vus appelant à renverser le régime.



Dans une autre manifestation, les manifestants du camp de réfugiés d’Al-Hussein scandaient: «Notre dieu, peut chasser notre oppresseur. Notre pays, la Jordanie pays a existé avant la Révolution arabe ». Faisant référence à la révolte contre les Turcs par laquelle l’arrière grand-père du roi de Jordanie a établi le Royaume hachémite. Les manifestants du camp de réfugiés d’Al-Hussein ont finalement défilé dans Douar Firas à proximité du centre d'Amman, où ils ont été attaqués par la redoutable gendarmerie jordanienne.

Les officiers de gendarmerie ont été encore plus rudes dans le camp de réfugiés d'Al-Baqaa, le plus grand de Jordanie, où des manifestations ont éclaté pour la première fois, avec des slogans ciblant le Roi pour exiger qu'il démissionne. Les manifestants
auraient brûlé des pneus, bloqué la route qui borde le camp et  raccorde Amman au Nord de la Jordanie.



Le site Internet d’informations ‘Ammon’ a publié une vidéo montrant un chef du camp de réfugiés d’Al-Baqaa, appelant au « calme » dans les camps en Jordanie, tout en admettant que les dirigeants du camp de réfugiés, généralement favorisés par le régime par rapport à la population palestinienne, n’ont pas été en mesure de former un comité publique pour rejoindre les jeunes protestants. Le camp de Jabal Al-Nuzha dominé par les Palestiniens a été aussi le site de protestations régulières, avec des manifestants demandant aussi le renversement du Roi.

D’autres régions dominées par les Palestiniens sont également, le témoin pour la première fois de manifestations, y compris Al-Ashrafiah, le camp de réfugiés Hiteen et l’ensemble d’Amman Est.
 
Il n’y a pas que les Palestiniens qui protestent contre le Roi. « Les banquiers d’Orient » en Jordanie du Nord étaient généralement tenus à l’écart des mouvements de protestations jusqu’à la semaine dernière, lorsque les habitants d’Irbid, la grande ville du Nord de la Jordanie, ont commencé à demander le renversement du régime.



 
D'autres manifestations importantes ont eu lieu dans plusieurs régions du pays. Les tensions se sont accrues dans la ville méridionale de Kerak, la ville est dominée par un banquier d’Orient. Un dirigeant de l'opposition connu à Kerak, qui parlait sous condition d'anonymat, a déclaré qu'il s’attendait à de graves escalades du régime, et a allégué que la police jordanienne prenait des mesures contre les manifestants et arrêtait leurs dirigeants. Sa déclaration était conforme aux images qui sont apparues sur YouTube, montrant des parties des troubles.



Il a également affirmé que les Jordaniens du sud « ont fait leur choix, qu'ils ne toléreront pas le Roi plus longtemps ... il est trop tard pour lui pour faire des réformes ».
Les Frères musulmans ont également organisé une manifestation dans la ville de Rusifay, à l'est d'Amman. Leur manifestation, critique le Premier ministre Abdullah Al-Nosuor, mais sans critiquer le Roi ou demander à renverser son régime, exigeant simplement que les prix du carburant soient réduits.
Le 18 novembre, le site Internet d’information populaire jordanien, Al-Sawt, a publié un article intitulé : « Est-ce que les Frères musulmans seront récompensés pour leur réalisme et leur positivisme lors de la manifestation pour les prix du carburant ? » Dans l'article, le rédacteur en chef, Tarek Dilawani (également journaliste aguerri pour le quotidien jordanien, Ad-Dustor), affirme que le régime jordanien avait «un arrangement avec les Frères musulmans pour ne pas surfer sur la vague de protestations et pour garder leurs exigences fixées sur la réforme pacifique du régime ».

Abdallah et le representant des freres musulmans
Néanmoins, l'accord supposé entre les Frères musulmans et le régime hachémite n'a pas fonctionné. Cela n'a pas empêché des manifestations soit des Palestiniens ou des banquiers d’Orient. Comme ‘The Independent’ a récemment écrit: « Les manifestants ... ont été menés par des militants qui comprenaient le mouvement laïque des jeunes, Hirak Shebabi, les Frères musulmans, et divers groupes nationalistes et de gauche » Il est donc possible que les Frères musulmans ne constitue qu'une partie de l'opposition, et non «l'opposition».
Le 20 novembre, le Conseil de Réforme national formé par les  Frères musulmans a tenu une conférence publique organisée par les hauts dirigeants jordaniens de la Fraternité. Lors de la conférence, Zaki Bani Rushied, le chef du parti politique des Frères musulmans, le Parti du Front islamique d'action jordanien, s'est adressé aux médias: «Les Jordaniens ont choisi de réformer le régime, les gens peuvent choisir de renverser le régime ou le réformer, et ici en Jordanie, nous avons choisi de réformer le régime ».
Les Frères musulmans ne semblent pas vouloir que le régime tombe, mais plutôt qu’il change de manière qu’il leurs soit donné le contrôle sur le gouvernement comme cela s'est produit au Maroc, où le Roi Mohammed VI a nommé des islamistes pour former le gouvernement. En outre, les Frères musulmans ne peuvent pas être sûrs que, si le régime tombe, ils puissent dominer les élections futures. Les manifestations actuelles ont montré que, contrairement à ce qui a toujours été revendiqué, la Fraternité musulmane n'a pas le plein contrôle de l'opposition jordanienne. Ses membres préféreraient apparemment que le roi Abdallah leurs donne le contrôle sur le gouvernement.

nouveau gouvernement jordaniens
La situation actuelle en Jordanie soulève des préoccupations pour les forces pro-occidentales, y compris Israël, et à juste titre. Avec tous ses défauts, le régime hachémite a su garder la plus longue frontière avec Israël sans souci pendant les quarante dernières années. Si le Roi tombe, est-ce que le futur régime en Jordanie saura maintenir le traité de paix avec Israël et le calme aux frontières?
Alors que les protestations montrent que les Frères musulmans n'ont pas le plein contrôle sur l'opposition jordanienne, si le Roi tombe, les Frères musulmans seront le seul groupe qui est suffisamment financé et organisé pour gagner les prochaines élections. Même si les Frères ne gagnent pas une victoire écrasante, ils seront le groupe le plus en mesure d'influencer la politique jordanienne, ayant des liens avec l'Irak et l'Iran – à la fois anti-israélien et anti occidental – formant ainsi un grand bloc du fondamentalisme et du terrorisme.
 

 Les personnes intéressées à maintenir la paix entre Israël et la Jordanie, ainsi que les forces mondiales avides de paix au Moyen-Orient, ont la possibilité soit de soutenir le Roi ou de soutenir des forces d'opposition laïques en Jordanie qui pourraient arriver au pouvoir au cas où le Roi tomberait.

Dans un article récent, Jonathan Schanzer, vice-président de la recherche à la Fondation pour la Défense des Démocraties, opine qu’il est peut être encore temps pour aider le Roi de Jordanie, en le poussant «à adopter des réformes significatives», «veiller à ce que les fonds des donateurs internationaux continuent à circuler », et à« fournir des garanties de sécurité qu'il [le Roi] n’aura pas le même sort que l'ancien président égyptien Hosni Moubarak ». Celles-ci pourraient être les quelques étapes nécessaires pour maintenir le Roi à sa place, et encore, ces mesures ne pourraient probablement pas avoir lieu sous l'actuelle administration américaine, qui, peut-être par inadvertance, a aidé au pire les islamistes à prendre en charge l'Égypte, et, au mieux, n'a rien offert aux Égyptiens comme alternative pro-démocratique.
Ceux qui sont intéressés à maintenir le calme en Jordanie, et hors des mains des islamistes devraient soit soutenir le Roi de manière significative, ou trouver un plan B au calme pour soutenir l'opposition laïque en Jordanie. Comme l'actif figure de l'opposition Kamal Khoury, un chrétien palestinien, a déclaré: «Les laïcs en Jordanie sont forts de leur nombre et après, ils ont juste besoin d'un soutien financier et médiatique pour dominer l'arène ». Le Dr. Khalid Kassimah, un membre de l'opposition des banquiers d’Orient, résidant en exil, a déclaré: «L'opposition jordanienne non islamiste n'est plus dans le désarroi de l'opposition syrienne laïque d’autrefois, un minimum de soutien de l'Occident pourrait faire des merveilles ici, et je ne serais pas surpris si un conseil d’opposition jordanien était établi en exil comme ce fut le cas pour la Syrie ».

Raed Khammash, un banquier d’Orient et célèbre membre de l’opposition anti-Hashemite, actif contre le régime sur les réseaux de médias sociaux, a déclaré, « Je crois que le succès de l'opposition se trouve dans les camps de réfugiés, puisqu'ils constituent la majorité de la population. Celui qui aime la Jordanie devrait établir le contact avec leurs dirigeants ».
 

Chretiens en Jordanie
Il semble que la situation en Jordanie est en mouvement vers le changement à un rythme plus rapide que par le passé. Il doit, par conséquent, y avoir un sérieux effort afin d’établir le contact et examiner la possibilité d’un futur soutien avec les dirigeants de l’opposition laïque au sein des camps de réfugiés, l’Hirak Shababi (Mouvement de la Jeunesse) laïque au sein de l’opposition des banquiers d’Orient.


Source Israel-Chroniques-En-Ligne