mercredi 27 mars 2013

5% des rues de Tel-Aviv concernent 50 % de la criminalité!



En ciblant les zones vulnérables (appelées « points chauds »), les contrôles de police peuvent être plus efficaces dans la réduction de la criminalité sans prendre le risque de la déplacer vers les zones avoisinantes, c’est ce que la recherche en Israël et aux Etats-Unis menée par le professeur David Weisburd de l’ Institut de criminologie de l’Université de Jérusalem a montré.

Le professeur Weisburd, qui a reçu le prestigieux Prix Stockholm en criminologie en 2010 pour ses études expérimentales sur la surveillance des « points chauds », a présenté ses concepts dans un nouveau livre publié par le Presses Universitaires d’Oxford.
Basé sur une étude menée pendant 16 ans à Seattle (État de Washington), son travail a permis de fournir le premier examen systématique de l’évolution de la criminalité en différents lieux au fil du temps, et a donné les facteurs qui influencent les tendances de la criminalité d’un point chaud à un autre. Dans son étude de la ville de Seattle, le professeur Weisburd a constaté que la moitié des crimes commis dans cette ville chaque année se produisent sur uniquement 5 à 6% de segments de rues (d’une intersection à une autre). De plus, près de 25 % de ces crimes se localisent sur seulement 1 % des segments de rues.
Dans une recherche menée ensuite à Tel-Aviv, le professeur Weisburd avec l’aide de Shai Amram, un de ses étudiants, a démontré que la criminalité dans cette ville est également très concentrée. Seulement 5 % de segments de rues de Tel-Aviv concernent 50 % de la criminalité, avec seulement près d’1 % de segments de rues responsables de 25 % de la criminalité. Le même type de données existe pour d’autres villes.
Les études de criminalité portent généralement sur les raisons des crimes commis, leurs auteurs, et pourquoi certaines communautés ont des niveaux de criminalité plus élevés que d’autres. Le professeur Weisburd et ses associés ont présenté une toute nouvelle façon de regarder le problème de la criminalité en examinant pourquoi certaines rues d’une ville donnée font l’objet d’une tendance à la criminalité à travers le temps.
« Les principaux éléments qui favorisent la création de « points chauds » sont le risque de crime par la présence même de délinquants, la présence de cibles adaptées, mais aussi des conditions de détresse sociale » a-t-il ajouté. « Grâce à une sécurité renforcée sur ces points chauds identifiés, les agents de police peuvent agir en tant que «gardiens» pour dissuader les comportements criminels, mais si les équipes policières sont réparties sur de larges zones, la dissuasion devient moins efficace », précise t-il. En effet, à Tel-Aviv, comme à Seattle, « points chauds » de la criminalité ne sont pas concentrés dans un seul même quartier, aussi le risque d’une rue à une autre est très différent.
« En outre, et contrairement à la croyance populaire, la présence de police sur les « points chauds » n’encourage pas pour autant la criminalité à se déplacer dans des zones voisines où les forces de police seraient moins importantes », souligne le professeur Weisburd.
Il a également observé que dans de nombreuses villes à travers le monde, ce type de stratégie de police est de plus en plus mise en œuvre. En Israël, en 2011, la police nationale a commencé à mettre en place ce programme de maintien de l’ordre ciblé sur les «points chauds » pour faire face aux appels transmis à la police dans les commissariats de police du pays.

Source ffhu.org