jeudi 27 juin 2013

Meyer Habib: Je ne suis pas là pour faire la politique israélienne en France



Nouvelle surprise pour les observateurs franco-israéliens. Le nouveau député a marqué un premier bon point lors de sa prestation à l’Assemblée Nationale. La journaliste Annette Lévy-Willard de Libération (Copyrights) : "Il y est allé bille en tête pour sa première question au gouvernement en tant que nouveau député des Français de l’étranger – invention de Nicolas Sarkozy qui pensait récupérer des sièges et augmenter sa majorité (devenue entre temps minorité). Mercredi dernier, donc, Meyer Habib, assis derrière Jean-Louis Borloo dans les rangs des Union des démocrates et indépendants (UDI), s’est levé, a pris le micro, «avec émotion», et a interpellé le gouvernement sur Israël.

Elu de la 8e circonscription qui comprend l’Italie, le Vatican, la Turquie, la Grèce, Malte, Chypre, et surtout Israël représentant la moitié des inscrits, Meyer Habib a fait campagne chez les rabbins. Franco-Israélien, se présentant à la dernière minute dans cette législative partielle de début juin, il a mobilisé la communauté ultra orthodoxe, faisant un score de 81,8% dans la ville religieuse de Jérusalem. Il a battu, à la surprise générale, Valérie Hoffenberg, la candidate de l’UMP que Sarkozy est venu soutenir en Israël. Elu avec 53,38% des voix, mais seulement 4 767 bulletins : moins de 10% des Français inscrits dans les consulats de ces pays méditerranéens ont pris la peine de voter pour leur nouveau parlementaire. A défaut de masses électorales, Habib a remercié le «Tout puissant» pour son «aide et sa bénédiction».
A peine élu, le 31e député du groupe centriste de Borloo, mais le premier sous l’étiquette du parti UDI, n’a pas attendu bien longtemps pour parler d’Israël, dans une séance de questions d’actualité où sont débattus les retraites, le Mali, la Syrie, la sécurité dans les stades ou dans le RER… Certes il ne commence pas par demander que Jérusalem soit reconnue comme la capitale d’Israël, comme il l’a fait au lendemain de son élection sur la chaîne France 24. Cette fois, Habib évoque l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) où il manque toujours deux pays : Israël (où vivent quelque 600 000 francophones)… et le Vatican. Il demande au gouvernement français de soutenir l’entrée de ces deux pays à l’organisation.
Quelques applaudissements dans l’assemblée. Yamina Benguigui, ministre déléguée à la Francophonie, répond que la France soutiendrait mais qu’il faut l’unanimité pour admettre un pays. Hautement improbable – le Liban, par exemple, faisant partie de l’OIF.
Le député se rasseoit dans l’hémicycle, heureux. «J’ai pensé que c’était une bonne chose d’associer le Vatican.» Qui n’a rien demandé. Avec cette première question publique, il met les pieds dans le plat : «Je ne vais pas me renier, dit-il. J’aime la France, j’aime Israël, ce n’est pas contradictoire. Mais à partir de maintenant je vais me battre pour tous les Français de ma circonscription, concernés par les problèmes d’éducation, de retraite, d’équivalence des diplômes etc.»
Il désamorce les éventuelles interrogations sur sa binationalité : «Je ne suis pas là pour faire la politique israélienne en France.» Même s’il est très proche du Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, «son meilleur ami» et en est fier : «Il a été réélu pour la troisième fois à la tête du gouvernement.»
Outsider dans cette élection annulée qui avait été gagnée en 2012 par une socialiste, Meyer Habib, 52 ans, a surpris tout le monde. Jusque là il était vice-président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Né en France d’une famille juive d’origine tunisienne, ingénieur diplomé du prestigieux Technion de Haifa, fils de négociant en vin casher, Habib est directeur du groupe de luxe Vendôme, père de quatre enfants mais pas ultra orthodoxe. Il ne semble pas très à droite pour la France – «Je me sens de centre droit, je me reconnais dans ce parti centriste humaniste, écolo, libéral, qui va prendre de plus en plus d’importance dans ce pays» – mais plus extrême sur l’échiquier politique israélien quant à l’Etat palestinien et l’intransigeance sur Jérusalem. Une contradiction ?"

Source Israel Valley