lundi 28 octobre 2013

La Judéité paradoxale de Lou Reed



L’icône de la music pop, décédé ce dimanche, s’était amusé, une fois, à dire que « toutes les meilleures personnes » sont membres de la tribu ; mais il déclarait aussi que son seul dieu était le rock ‘n roll. Le parolier et guitariste Lou Reed, qui est mort dimanche à 71 ans, est né sous le nom de Lewis Allan Reed, dans une famille juive de classe moyenne, à Brooklyn, mais déclarait n’avoir d’autre dieu que le Rock n’ Roll.

Le magazine Rolling Stone a annoncé, avec très peu de détails, la nouvelle. Un simple message, publié, très tôt ce matin, sur les comptes Tweeter et Facebook de Reed indiquait, de façon extrêmement dépouillée et laconique : « La Grande Porte« .
Buveur invétéré et consommateur de drogues, il avait entrepris, cette année, une greffe du foie à la Clinique Mayo de Cleveland, selon ce que sa femme, Laurie Anderson, a bien voulu confier au Times de Londres, après l’annulation de cinq concerts californiens, en avril.


Reed a été le principal parolier et leader du groupe populaire et très influent du Velvet Underground, un temps, en compagnie de la chanteuse et mannequin allemande Nico, imposée par Andy Warhol. Il a poursuivi une longue et brillante carrière solo, émaillée de succès intermittents. Il a connu une renommée inégalée, grâce à des chansons comme « Walk on the Wild Side” et « Perfect Day », faisant des remarques allusives, souvent contradictoires, à propos de sa Judéité.


Un journaliste, Lester Bangs, lui fait dire qu’il ne connaissait pas personnellement le Peuple Juif. Mais, en une autre occasion, lorsqu’on lui avait demandé s’il était Juif, on dit aussi qu’il avait répondu : « Evidemment !, Est-ce que toutes les meilleures personnes ne le sont pas ? »
La dernière venue de Reed en Israël remonte à 2008, lorsqu’il est apparu comme « artiste invité » au concert de sa femme, Laurie Anderson, à Tel Aviv.

 

La chanson “My House” de Reed, en 1982 était dédicacée à son ami juif et mentor de l’Université de Syracuse, Delmore Schwartz, et elle contenait les paroles suivantes : « Mon ami et professeur occupe la chambre d’amis/ Il est mort, enfin en paix, le Juif errant/ D’autres amis ont posé des pierres sur sa tombe/ C’était le premier Grand homme que j’ai jamais rencontré ».


L’auteur Steven Lee Beeber a posé comme principe, dans son livre “ Tremblement au CBGB ; l’histoire secrète des Punks juifs » qu’il existait un facteur juif favorisant au sein du mouvement punk de New York que Reed a contribué à inspirer et renforcer, aux côtés d’artistes, ayant les mêmes origines, comme Joey et Tommy Ramone, Jonathan Richman, le guitariste de Patti Smith, Lenny Kaye, Richard Hell et le guitariste de Blondie, Chris Stein. Ecrivant sur ce phénomène, l’auteur Saul Austerlitz suggérait que « le nouveau mouvement punk juif s’inspirait, à part égale, des combattants des forces de défense d’Israël, des super-héros des bandes dessinées esquissées par une précédente génération d’artistes Juifs, et d’une répulsion instinctive pour les excès musicaux de leurs contemporains ».


Mais si sa confession a joué un rôle dans l’élaboration de sa musique, Reed lui-même, en minimisait l’importance : « Mon seul Dieu, c’est le Rock n’ Roll. C’est une puissance obscure qui peut changer toute votre vie », était l’une des citations qu’on lui prêtait. « La partie la plus importante de ma religion consiste à jouer de la guitare ». Il est reparti explorer ce côté obscur et sauvage de la « mauvaise pente ».

Source JerusalemPlus