mercredi 30 octobre 2013

La Turquie devrait normaliser ses relations avec Israël à l’approche de 2015


Ankara ferait bien de s’efforcer de normaliser ses relations avec Israël avant 2015, l’année du centenaire du soi-disant Génocide arménien de 1915, les groupes de pression mondiaux d’Israël ayant ostensiblement renoncé à soutenir la Turquie en bloquant les demandes de reconnaissance de génocide, a déclaré Zali De Toledo, présidente de l’Association des Juifs turcs d’Israël.


“ 2015 approchant, la Turquie devrait prendre en compte ses intérêts et normaliser ses relations avec Israël en nommant un ambassadeur à Israël le plus tôt possible. Si les liens entre ces deux n’étaient pas réparés, les groupes de pression d’Israël resteraient probablement neutres lorsque 2015 arrivera “, a dit aujourd’hui De Toledo à Zaman.
Les relations entre la Turquie et Israël - pays qui appréciaient auparavant des liens solides à tous les niveaux - se sont détériorées en 2010 et sont restées depuis tendues après qu’un commando naval israélien ait abordé le Mavi Marmara, un navire d’aide humanitaire qui tentait de forcer le blocus de Gaza, tuant huit civils turcs et un Turc américain.
À la suite de l’incident du Mavi Marmara, la Turquie a rompu les liens avec l’état d’Israël, retirant son propre ambassadeur et expulsant l’ambassadeur d’Israël en Turquie.
De Toledo a dit avoir fait tout ce qu’elle pouvait pour amener les groupes de pression israélien des USA à éviter le recours au terme génocide à l’égard des massacres ottomans de 1915, ajoutant : “ J’étais à la tête des partisans de la position turque. Et à présent, je suis réellement peinée de voir où en sont les relations turco-israéliennes “.
De Toledo est attachée culturelle d’Israël en Turquie depuis 10 ans, de 1993 à 2003. Le président israélien Shimon Peres lui a offert cette fonction pour améliorer les relations entre les deux pays.
Bien que pendant de nombreuses années, Israël s’était abstenu de faire des commentaires sur ce sujet, craignant de provoquer la colère de la Turquie, le parlement israélien avait débattu sur l’éventualité de la reconnaissance du Génocide arménien, qualifié de “ massacres d’Arméniens par les Turcs ottomans au cours de la Première Guerre Mondiale “.
Afin de mettre un terme à ce qui est devenu une crise diplomatique majeure entre les deux anciens alliés, au mois de mars dernier, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait offert de faire des excuses à la Turquie pour l’incident du Mavi Marmara.
Dans leur ensemble, la formulation de ces excuses satisfaisait l’une des trois exigences de la Turquie envers Tel Aviv. Les autres consistaient en des indemnités pour les familles des passagers tués sur le bateau et la levée du blocus de Gaza.
Évoquant la position intransigeante du Premier ministre turc Erdogan envers Israël sur la question de Gaza, De Toledo a déclaré : “ C’est un one man show en Turquie. Pourquoi Erdogan demande-t-il la levée du blocus de Gaza ? Pourquoi cette ingérence ? Il s’agit après tout d’une affaire entre Israéliens et Gazaouis “.
Les excuses d’Israël n’ont rien à voir avec l’isolement dans la région
Israël n’a pas fait des excuses à la Turquie pou l’incident du Mavi Marmara parce qu’il se sent isolé au Moyen-Orient, d’après Reuven Azar, chef du bureau de recherches du Ministre des Affaires étrangères israélien.
“ Il ne s’agit pas de savoir si on se sent seul dans la région. C’est bien plus que cela. Israël considère le rôle de la Turquie comme majeur dans la région et recherche avec elle une alliance comme dans les années précédentes. Les Israéliens ont de la sympathie envers la Turquie et désirent rétablir les relations “, a dit Azar à un groupe de journalistes turcs au ministère des affaires étrangères israélien cette semaine.
“ Israël n’est pas seul. S’agissant de l’équilibre des forces dans la région, notre position est meilleure qu’avant en termes de sécurité et de d’économie “ a ajouté Azar. Le Premier ministre israélien a dit qu’Israël avait demandé des excuses à la Turquie à cause de la volatilité de la situation en Syrie.
Azar a ensuite dit qu’à propos de la Syrie, Israël et la Turquie ont des intérêts communs : “ L’objectif commun est le maintien de la stabilité dans le pays “.
Abordant la question des relations tendues entre les deux pays, Azar a dit qu’Ankara et Tel Aviv peuvent résoudre les problèmes qui concernent chacune des deux parties, ajoutant que les deux pays devraient trouver un terrain d’entente et aller de l’avant. “ Cependant, nous ne savons pas vraiment quelle sera l’approche future de la Turquie envers Israël. Les relations de la Turquie avec le Hamas sont réellement inquiétantes. Cette situation fait venir une question en l’esprit - jusqu’à quel point peut-on mettre tous nos œufs dans le même panier que celui de la Turquie ? “ a dit Azar.
Les relations entre la Turquie et le Hamas, qui gouverne à Gaza, se sont améliorées depuis que les liens avec Israël se sont rompus après l’incident du Mavi Marmara.
“ Nous devons nous demander si le Mavi Marmara est la seule affaire en discussion. Où va la Turquie en termes d’orientation politique ? Nous suivons les relations Turquie-Hamas avec une profonde préoccupation. Nous savons que la Turquie soutient le processus de paix au Moyen-Orient, mais en même temps, elle dialogue avec le Hamas “, a dit Azar.
Au début du mois d’octobre, le chef du Hamas Khaled Mashaal a fait une visite surprise à Ankara, où il s’est entretenu avec Erdogan de la réconciliation en Palestine et des derniers développements au Moyen-Orient.