jeudi 10 octobre 2013

Université du Negev : le psoriasis en voie de guérison


Des chercheurs du Département des Sciences de la Vie et de l’Institut National de Biotechnologies à l’Université Ben-Gourion du Néguev en collaboration avec la société pharmaceutique Teva, ont conçu un récepteur naturel du système immunitaire qui pourrait devenir un médicament prometteur pour le traitement du psoriasis.


Le psoriasis est une maladie auto-immune de la peau qui touche 1 à 3 % de la population mondiale. L’épiderme se renouvelle trop rapidement, en seulement quatre à six jours, au lieu des trois semaines habituelles, ce qui engendre des inflammations localisées. Les cellules épidermiques s’accumulent à la surface de la peau et forment une couche de pellicules blanches, les squames.
A ce jour, il n’existe aucun traitement permettant la guérison de cette affection dermatologique non contagieuse. Les traitements proposés permettent uniquement de contrôler l’évolution de la maladie, en favorisant la régression transitoire des lésions.
La principale raison d’éruption de psoriasis est le dérèglement de l’équilibre naturel entre les signaux pro-inflammatoires et les signaux qui inhibent l’inflammation. Le psoriasis est dû à l’envoi par le système immunitaire de signaux erronés qui accélèrent le cycle de croissance des cellules de la peau. Dans le cas du psoriasis, le résultat de ce déséquilibre entraîne l’inflammation et la division anarchique des cellules de la peau.

Une percée thérapeutique pour guérir le psoriasis

“Le psoriasis est transmis par des cytokines pro-inflammatoires », explique le professeur Amir Aharoni . Ce dernier précise “l’une des cytokines qui joue un rôle principal dans la progression du psoriasis et d’autres maladies auto-immunes, appartient à la famille des interleukines (IL-), et plus précisément IL-17. Notre objectif était donc d’inhiber l’action de IL-17 et ainsi de ralentir la progression de la maladie”.
Dans la revue Chemistry and Biology un articleintitulé “Evolution dirigée d’un récepteur humain soluble IL-17A pour l’inhibition de la formation de plaques de psoriasis sur un modèle de souris”, décrit la méthode développée pour inhiber les signaux pro-inflammatoires IL-17 par le Dr. Marianna Zaretsky et le professeur Amir Aharoni de l’Université Ben-Gurion du Néguev en collaboration avec le Dr. Liora Sklair-Tavron, le Dr. Joel Kaye et Revital Etzyoni de l’entreprise Teva.
L’évolution dirigée est un processus itératif d’optimisation Darwinienne utilisée dans l’ingénierie des protéines de sorte que les plus aptes variantes sont sélectionnées à partir d’une collection de mutations aléatoires (les variantes améliorées sont identifiées et isolées par dépistage ou sélection). Cette approche est particulièrement avantageuse dans les cas où aucune connaissance préalable du mécanisme et de la structure d’une protéine n’est disponible.
L’équipe de chercheurs a réussi à produire, en milieu soluble, un récepteur IL-17R ayant une grande affinité pour la protéine naturelle IL-17.“En utilisant l’évolution dirigée pour améliorer les propriétés du récepteur IL -17R, nous avons créé des mutants qui pourraient se révéler être un traitement efficace pour les patients atteints de psoriasis sévère et qui ne répondent pas aux traitements existants”, précise le professeur Amir Aharoni ( voir photo ci-dessus ).
En deux ans et demi de recherches, l’équipe a montré que l’injection du récepteur conçu IL-17R dans des modèles de souris est très efficace dans la réduction des signaux inflammatoires IL- 17 conduisant ainsi à éliminer un psoriasis aiguë. Aucun essai humain n’a encore eu lieu. Le professeur Amir Aharoni précise, “désormais, nous cherchons un partenaire afin d’utiliser une approche similaire pour cibler d’autres maladies”.

Une avancée thérapeutique pour d’autres maladies auto-immunes

“La méthode d’évolution dirigée peut être appliquée à d’autres récepteurs impliqués dans les maladies auto-immunes et le cancer, je crois que nous commençons à peine à démêler le potentiel de cette approche”, a ajouté le professeur Amir Aharoni.
Cette fois-ci, sans le financement de Teva, le laboratoire a réussi avec succès à inhiber d’autres cytokines qui jouent un rôle majeur dans des maladies auto-immunes chroniques intestinales. tel que la maladie de Crohn. “Nous sommes donc à la recherche d’autres grands investisseurs pharmaceutiques pour promouvoir le projet, car maintenant cela nécessite un investissement substantiel”, affirme le professeur Amir Aharoni. “Certaines caractéristiques du système nous sont propres. Aucun de nos concurrents ne fait exactement la même chose que nous”, affirme le professeur Amir Aharoni.
En 2009, le marché mondial des traitements du psoriasis a été évalué à 3,5 milliards de dollars, avec des traitements systémiques (dont l’approche de l’Université Ben-Gourion du Néguev) estimés à 2,6 milliards de dollars. À l’avenir, L’IL-17R pourra servir de traitement alternatif ou complémentaire à d’autres traitements biologiques. En conséquence, l’intérêt pour ce médicament unique contre le psoriasis est considérable. Cependant, le professeur Amir Aharoni souligne qu’actuellement, le système se situe à un stade expérimental. “Nous sommes fiers d’avoir élaboré ce médicament expérimental qui peut être testé chez la souris et chez l’homme, mais les phases d’essais cliniques seront longues”, prévient le professeur Amir Aharoni.

Source SiliconWadi