mardi 1 avril 2014

Kerry retourne au chevet du processus de paix


Les Palestiniens ont exigé lundi soir des assurances du secrétaire d'État américain John Kerry, revenu précipitamment pour tenter de sauver les négociations de paix, sur la libération par Israël d'un dernier groupe de prisonniers, sous peine de relancer leurs démarches à l'ONU. Arrivé en début de soirée à l'aéroport de Tel-Aviv en provenance de Paris, M. Kerry s'est entretenu pendant deux heures à Jérusalem avec le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, puis tard dans la nuit avec le négociateur palestinien Saëb Erakat. En revanche, une entrevue avec le président palestinien Mahmoud Abbas prévue dans la soirée à Ramallah, en Cisjordanie, a été annulée, selon des sources palestiniennes...
 



M. Kerry doit encore rencontrer tôt mardi matin M. Nétanyahou, ainsi que son homologue israélien Avigdor Lieberman, avant de retourner en Europe pour une réunion de l'Otan à Bruxelles.
Lors d'une réunion dans la soirée à Ramallah (Cisjordanie) autour de M. Abbas, la direction palestinienne a menacé de relancer ses démarches d'adhésion aux agences de l'ONU si elle n'obtenait pas dans les 24 heures des assurances du chef de la diplomatie américaine sur la libération par Israël d'un dernier contingent de prisonniers, selon deux participants.
Elle a également exclu toute prolongation des pourparlers au-delà de l'échéance du 29 avril sans «arrêt complet de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est», récusant tout «lien entre la libération des prisonniers et l'extension des négociations».
«Si M. Kerry n'apporte pas de réponse claire sur la libération des prisonniers, la direction palestinienne entamera à partir de mardi les démarches d'adhésion aux organisations de l'ONU», a déclaré le député indépendant Moustapha Barghouthi.
Dans la nuit de dimanche à lundi, des discussions entre délégations des deux parties et l'émissaire américain Martin Indyk pour régler le litige sur les prisonniers, dont Israël a refusé de libérer le quatrième et dernier contingent, compte tenu de la dégradation du climat, ont tourné court.
«Israël pratique une politique de chantage en liant son accord pour la libération du quatrième groupe de prisonniers à l'annonce par la partie palestinienne de son acceptation d'une prolongation des négociations», a déclaré à l'AFP un responsable palestinien proche du dossier.
Une proposition israélienne en ce sens a été «refusée par les Palestiniens», a-t-on indiqué, précisant qu'elle «prévoyait la libération de 420 autres prisonniers choisis par Israël, ne comprenant pas de condamnés à de lourdes peines, ni de malades, ni de dirigeants comme Marwan Barghouthi et Ahmad Saadat, ni enfants, ni femmes».

Pollard dans la balance

Un accord conclu sous l'égide de M. Kerry a permis la reprise en juillet pour neuf mois des négociations de paix.
Aux termes de cet accord, la direction palestinienne s'est engagée à suspendre pendant les pourparlers toute démarche d'adhésion aux organisations internationales, y compris à des instances judiciaires susceptibles de poursuivre Israël, en contrepartie de la libération en quatre phases de 104 prisonniers, dont les trois premiers groupes ont été relâchés.
Selon les médias israéliens, M. Nétanyahou pourrait faire preuve de souplesse si le président américain Barack Obama consentait à relâcher Jonathan Pollard, un ancien analyste de la marine américaine purgeant une peine de prison à perpétuité pour espionnage au profit d'Israël, où il est considéré comme un héros national.
Des sources proches des négociations ont indiqué que la libération de Jonathan Pollard était en discussion mais sans qu'aucune décision n'ait encore été prise.
Aux termes d'une proposition d'accord, l'espion serait libéré avant la Pâque juive, à la mi-avril, les négociations israélo-palestiniennes seraient prolongées et un groupe supplémentaire de prisonniers palestiniens serait relâché en plus du dernier contingent prévu, ont précisé ces sources.
Dans une lettre à M. Nétanyahou rendue publique lundi, l'ex-soldat Gilad Shalit, ancien captif du Hamas libéré en 2011 en échange d'un millier de prisonniers palestiniens, a plaidé pour la libération de Pollard, dont il a comparé les 29 ans dans une prison américaine à sa propre détention au secret pendant cinq ans dans la bande de Gaza.
L'éditorialiste vedette du Yediot Aharonot, le quotidien israélien le plus vendu, juge vains les efforts de M. Kerry, compte tenu de la mauvaise volonté de MM. Nétanyahou et Abbas, selon lui. «Ce n'est pas un remède que Kerry apporte à cet âpre conflit, c'est tout au plus de l'aspirine», conclut-il.

Source La Presse