jeudi 10 avril 2014

Liberman tente de calmer le jeu avec Kerry


Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a rencontré son homologue israélien le ministre des Affaires étrangères Avigodor Liberman mercredi à Washington, alors les pourparlers de paix se trouvent actuellement dans une crise. Les deux hommes ont tenu une conférence de presse conjointe lors de laquelle ils ont réaffirmé leur engagement envers les négociations et les relations américano-israéliennes....



Liberman a tenté de calmé l'actuelle tension qui règne entre Israël et les Etats-Unis, après que Kerry a ouvertement blâmé Israël pour l'échec des pourparlers de paix. Il a tenu à rendre hommage à l'amitié qui unit les deux pays en rappelant que Kerry est un "ami" d'Israël.
Par ailleurs, une nouvelle réunion entre les trois équipes de négociations se tiendra jeudi, sous l'égide de Martin Indyk, l'émissaire américain pour la paix au Proche-Orient. Il s'agit de la cinquième rencontre en 3 jours entre les parties, qui tentent de sauver les efforts fournis depuis juillet dernier, lors de la reprise des négociations.
Par ailleurs Israël s'est dit " profondément déçu " mercredi par les propos de mardi du secrétaire d'État John Kerry, imputant à Israël la responsabilité de l'effondrement des négociations après que l'État hébreu a annoncé de nouvelles constructions à Jérusalem-Est, rapporte le quotidien New York Times.
Israël a répondu que ce sont les Palestiniens qui ont "violé leurs engagements fondamentaux" en déposant la semaine dernière 15 demandes d'adhésion à des agences internationales de l'ONU.
Les remarques de Kerry "vont nuire aux négociations et durcir les positions palestiniennes", a déclaré un responsable du bureau du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a affirmé un responsable s'exprimant sur ​​la condition de l'anonymat au New York Times.
"Le secrétaire Kerry", a dit le responsable "sait que ce sont les Palestiniens qui ont dit "non" à des négociations directes continues avec Israël en novembre, qui ont dit "non' à son projet d'accord-cadre pour les pourparlers sur le statut final, qui ont dit "non" à discuter de la reconnaissance d'Israël comme l'Etat-nation du peuple juif, qui ont dit "non" à une réunion avec Kerry lui-même, et qui dit "non" à une prolongation des négociations".
Il a ajouté: "Au même moment, dans les accords conclus avant les pourparlers, Israël se s'est pas engagé à limiter les constructions (dans les Territoires, ndlr). Par conséquent, la revendication des Palestiniens selon laquelle la construction à Jérusalem, la capitale d'Israël, est une violation des accords est contraire aux faits.
Autant l'équipe de négociation américaine que les Palestiniens savent très bien qu'Israël n'a pas pris un tel engagement".
Un responsable palestinien proche des négociations a déclaré en réponse qu'Israël a "saper le rôle des Américains dans le processus de paix".
La partie palestinienne, a-t-il dit, " n'a jamais relevé aucune question qui n'était pas déjà une obligation israélienne".

La Ligue arabe blâme Israël

Même son de cloche du côté de la Ligue arabe, qui a fait porter mercredi l'"entière responsabilité" de la crise dans les négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens à l'Etat hébreu, qui réclame une prolongation des négociations sous médiation américaine censées s'achever fin avril.
La Ligue arabe dit encore soutenir M. Abbas qui, en riposte aux décisions israéliennes, avait signé le 1er avril les demandes d'adhésion de la Palestine à 15 conventions et traités internationaux, estimant que les nouvelles exigences posées par Israël pour les libérations le déliaient de son engagement de s'abstenir de toute démarche auprès de la communauté internationale.
Lors d'une conférence de presse conjointe avec le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi, le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad al-Malki a ajouté que "malgré tout, les Palestiniens et les Arabes sont toutefois engagés à poursuivre les négociations et les efforts engagés par M. Kerry pour parvenir à sortir de la crise".
M. Arabi a lui accusé Israël d'avoir pour "objectif stratégique de gagner du temps" en cherchant à faire repousser la date butoir des négociations du 29 avril.
Les ministres arabes des Affaires étrangères se sont réunis mercredi au siège de l'institution panarabe au Caire, à la demande du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas après le refus par le gouvernement israélien de libérer fin mars comme prévu un dernier contingent de prisonniers palestiniens et un nouvel appel d'offres par Israël pour 708 logements dans le quartier de Gilo, à Jérusalem-Est.

Limiter les contacts

Plus tôt mercredi, le Premier ministre israélien a ordonné à ses ministres de limiter leurs contacts avec leurs homologues palestiniens, sauf en matière de sécurité et de diplomatie, selon une source gouvernementale israélienne.
En réponse aux violations palestiniennes des promesses faites dans le cadre des négociations de paix, il a été demandé aux ministres du gouvernement israélien de "s'abstenir de rencontrer leurs homologues palestiniens", a précisé cette source sous couvert de l'anonymat à l'AFP, faisant allusion à la signature des demandes d'adhésion de la Palestine à 15 conventions et traités internationaux.
Le chef de l'opposition israélienne, Isaac Herzog, a fustigé la décision de Netanyahou, l'accusant de jeter de l'huile sur le feu, rapporte Haaretz.
"En réalité, il est facile de prévoir ce que causera cette décision de couper les relations avec l'Autorité palestinienne", a-t-il ajouté. "Cela nuira aux intérêts de l'Etat d'Israël et à son secteur économique", a précisé M. Herzog.
"Le Premier ministre a entamé un processus de désengagement entre Israël et le monde. C'est le résultat de la frustration, du manque d'impuissance et de capacité du Premier ministre à fonctionner d'après un plan et atteindre sa réalisation", a critiqué Herzog, indiquant que la "frustration et l'impuissance ne sont pas des politiques diplomatiques".
De son côté, le ministre palestinien du Travail Ahmad Majdalani a toutefois minimisé la portée de cette décision, soulignant que "90% des affaires quotidiennes se traitent avec l'administration militaire israélienne".
"Dans les faits, il n'y a pas de rencontres organisées entre ministres palestiniens et israéliens, à part entre ministres des Finances", a déclaré M. Majdalani à l'AFP.
Une source gouvernementale palestinienne a indiqué qu'il pourrait s'agir d'un début de gel du transfert des taxes collectées par Israël pour le compte de l'Autorité palestinienne, car l'essentiel des rencontres entre les ministres des Finances porte sur ces taxes qui servent à payer les fonctionnaires palestiniens.
Le ministre de l'Environnement israélien a également qualifié la mesure d'"inutile et prématuré", appelant à une réunion du gouvernement sur ​​la question.

Décisions "courageuses"

Le président chinois Xi Jinping a appelé Israël à prendre des décisions "courageuses" concernant les pourparlers avec les Palestiniens après que les parties ont quitté la table des négociations en début de semaine, laissant l'initiative américaine de paix dans une impasse.
"À l'heure actuelle, le processus de paix israélo-palestinien est entré dans une phase cruciale, il y a des opportunités à saisir mais aussi beaucoup de difficultés à surmonter", a déclaré Xi à l'occasion d'une visite du président israélien Shimon Peres en Chine.
"La Chine espère qu'Israël garde à l'esprit une "image plus large de la paix, se montre sage stratégiquement et prenne des décisions courageuses dès que possible", a ajouté le président chinois.
La Chine avait, jusqu'à lors, toujours fait profil bas quant aux affaires diplomatique moyennes-orientales malgré sa dépendance en importations de pétrole de la région.
Si Pékin entretient des liens étroits avec les Palestiniens depuis des décennies, il cultive aussi ses relations avec Israël qui se méfie néanmoins des accointances sino-iraniennes.

Appel au boycott

Riyad Mansour, l'envoyé palestinien à l'ONU, a appelé mardi la communauté internationale à "boycotter les produits israéliens issus des colonies de Cisjordanie" afin de faire pression sur le gouvernement de Netanyahou et les forcer à avancer dans le processus de paix".
Mansour a averti que si Israël n'était pas disposé à négocier "de bonne foi", les Palestiniens n'auront d'autre choix que de "passer à l'étape suivante et de les (israéliens, ndlr) tenir responsables de l'ensemble de leurs comportements illégaux dans les domaines politique, diplomatique et juridique", a rapporté le site d'information israélien Ynet.
L'émissaire a également déclaré que les Palestiniens procéderaient à une demande d'adhésion aux organismes internationaux supplémentaire si Israël choisissait de mettre en œuvre des représailles visant leurs 15 demandes antérieures.
Source I24News