jeudi 29 mai 2014

À Capharnaüm, Raï célèbre une messe pour les Libanais réfugiés en Israël


Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a célébré hier une messe en Israël pour la communauté libanaise, composée dans sa quasi-totalité d'anciens membres de l'Armée du Liban-Sud (ALS, supplétive d'Israël), contraints de fuir leur pays après le retrait israélien du Liban-Sud en 2000. Des centaines de personnes venues du nord d'Israël ont assisté à cette messe dans l'église Saint-Pierre à Capharnaüm...
 

Sleimane Nakhlé, originaire de Jezzine, au Liban-Sud, a affirmé être « venu prier » mais ne pas attendre grand-chose de cette rencontre inédite avec le patriarche, selon Reuters.
« Nous n'avons jamais voulu quitter notre pays et le patriarche (Raï) le sait », a confié Henri el-Ghafary. « Israël n'est pas notre pays, je veux rentrer au Liban. Beaucoup de Libanais qui étaient avec nous nous ont reniés. »
Au contraire, Victor Nader, ancien officier de l'ALS, a assuré « ne pas vouloir retourner au Liban ». « Nous sommes très heureux ici et mon fils sert dans l'armée israélienne », a-t-il ajouté, tout en considérant que la visite de Mgr Raï apportait « du respect et un soutien au moral » de cette communauté.
Avant la messe à Capharnaüm, le patriarche maronite s'était rendu à Kafr Biram (nord d'Israël), un village chrétien vidé de sa population par l'armée israélienne lors de la « nakba » de 1948. Mgr Raï a promis à cette occasion son aide aux Arabes chrétiens du village, déplacés depuis plus de 60 ans.
« Ce qui est arrivé à votre village est une grande injustice », a dit Mgr Raï aux habitants chrétiens de Kafr Biram. 
En 1948, six mois après la création de l'État hébreu, l'armée a ordonné aux habitants des villages catholiques de Kafr Biram et Iqrit, en Haute Galilée (Nord), de quitter leurs maisons pour deux semaines, une mesure « temporaire » due à des opérations militaires à proximité. Mais les habitants, Arabes chrétiens détenteurs de la nationalité israélienne, n'ont jamais été autorisés à rentrer chez eux. L'armée a quasiment rasé Iqrit en 1951 puis Kafr Biram deux ans plus tard. 

« Nous sommes avec vous et nous ferons notre possible pour vous aider », a déclaré le patriarche maronite, invoquant l'influence du pape François. « Nous agirons par le biais du Vatican et ferons pression sur le pape jusqu'à ce que le monde entende votre situation », a-t-il assuré.
Dans une lettre adressée au pape peu avant sa venue, les habitants de Kafr Biram et d'Iqrit l'avaient imploré « d'intensifier (ses) efforts sacrés pour faire pression sur le gouvernement d'Israël afin de mettre fin aux injustices qu'il a infligées à notre communauté ».
Les habitants déplacés et leurs descendants vivent dans des villes voisines dans le nord d'Israël, mais reviennent périodiquement dans leurs villages d'origine, par exemple pour célébrer la messe.
Arrivé avec le pape de Jordanie à Bethléem, en Cisjordanie, puis à Jérusalem, avant que François ne reparte lundi pour Rome, Mgr Raï avait annoncé qu'il ne rencontrerait aucun responsable israélien et a affirmé que ce voyage avait été organisé sans "aucune coordination" avec les autorités israéliennes.

Source L'Orient le jour