vendredi 4 juillet 2014

Iran : Ghassem Soleimani, le chef invisible de la Force Qods


On le dit en Irak, pour conseiller Nouri al-Maliki dans sa contre-offensive, ou en Syrie, pour appuyer le régime Assad: Ghassem Soleimani, chef de la Force Qods, une unité d‘élite de l’armée iranienne, est un homme de l’ombre rompu aux opérations secrètes. Cet homme de stature moyenne, à la barbe blanche courte et bien taillée, apparaît rarement dans les médias. L’Iran a plusieurs fois nié avoir une présence militaire en Irak pour soutenir le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki après la capitulation sans gloire de l’armée irakienne face à l’offensive fulgurante lancée le 9 juin par les insurgés sunnites menés par les jihadistes de l’Etat islamique (EIIL)...



La contre-attaque a commencé autour de Tikrit, ancien fief du dictateur déchu Saddam Hussein, alors que l’EI a proclamé dimanche un “califat” sur les territoires qu’il contrôle entre Alep, dans le nord de la Syrie, et la province de Diyala, dans l’est irakien.
On prête aujourd’hui au général Soleimani le même rôle qu’en Syrie où l’armée régulière, appuyée par les combattants du Hezbollah libanais, a enregistré de récentes victoires militaires. Pour l’Iran, la Syrie est un point essentiel de l’axe Téhéran-Bagdad-Damas-Beyrouth face à l’influence des puissances occidentales dans la région.
Selon les rares détails de sa biographie, il a rejoint l’armée en 1980, lors de la guerre contre l’Irak qui a fait entre 1 et 1,5 million de morts des deux côtés en huit ans. Puis il est envoyé à la frontière afghane pour lutter contre le trafic de drogue.
En 1998, il est nommé chef de la Force Qods, une unité chargée des opérations secrètes extérieures au sein des Gardiens de la révolution, l’armée d‘élite du régime. En 2008, Soleimani est accusé par les Etats-Unis d’entraîner les milices chiites contre les troupes occidentales en Irak. Et Israël affirme que la Force est derrière les attentats anti-israéliens de l‘été 2012.
Entièrement dédié à la protection de la République islamique, il est qualifié de “martyr vivant” en 2005 par le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei.
Lors d’une de ses rares apparitions publiques, il confirme en janvier 2012 son attachement aux valeurs du régime.

‘ Partout mais nulle part ’


“L’Iran a une présence dans le sud du Liban et en Irak. En fait, ces régions sont d’une certaine manière influencées par l’idéologie et les actes de la République islamique”, dit-il dans un discours rapporté par les médias iraniens. L’Iran a ensuite admis fournir des conseillers militaires au régime syrien face à la rébellion armée.
En février dernier, il affirme qu’“aucune force ni aucun pays excepté l’Iran n’est aujourd’hui capable de mener le monde musulman (...) en raison du soutien de l’Iran aux mouvements et combattants révolutionnaires et islamiques, et sa défense des musulmans contre leurs agresseurs”.
“Il connaît la Syrie comme sa poche et a une très bonne connaissance de l’Irak”, affirme à l’AFP une source diplomatique. De plus, “il est extrêmement respecté par ses hommes” grâce à sa carrière et à son charisme.
L’Irak et l’Iran, lié par le chiisme, ont renforcé leurs liens politique, économique et sécuritaire depuis la chute de Saddam Hussein en 2003. Et Soleimani en a été l’un des acteurs clés.
En 2010, alors que l’Irak est plongé dans le chaos politique après les législatives, le général iranien aurait organisé une réunion à Qom, ville sainte chiite à environ 140 km au sud de Téhéran.
C’est là que Moqtada al-Sadr, l’influent chef chiite irakien, aurait accepté de soutenir M. Maliki au poste de Premier ministre.
Selon les médias, des responsables américains auraient obtenu les minutes de cette rencontre, qui scellait le virage politique irakien des Etats-Unis vers l’Iran. Un an plus tard, les troupes américaines quittaient le pays.
“Tous les gens importants en Irak vont le voir”, dit en 2011 le Premier ministre adjoint Saleh al-Mutlaq à propos de Soleimani.
La même année, un haut responsable américain interrogé par le quotidien britannique The Guardian le compare à Keyser Soze, roi de la pègre dont on doute de l’existence dans le film “Usual Suspects”.
Source EuroNews