vendredi 25 juillet 2014

Israël : Reuven Rivlin prête serment en pleine guerre


Reuven Rivlin, qui a pris jeudi les rênes de l'État d'Israël, en pleine guerre à Gaza, est une figure haute en couleur de la droite israélienne, partisan déclaré du "Grand Israël" mais aussi ardent défenseur de l'État de droit. Élu dixième président d'Israël le 10 juin, Reuven Rivlin, 74 ans, est un avocat de formation, connu pour son affabilité et ses traits d'esprit. Il a commencé sa carrière politique en 1988 au sein du Likoud (droite nationaliste) en se faisant élire député à la Knesset, le Parlement. Il deviendra ensuite à deux reprises président de la Knesset (2003-2006 et 2009-2013). Sur le front idéologique, il fait partie de l'aile le plus à droite du Likoud...




Il n'a jamais caché son hostilité à la création d'un État palestinien. "Rivlin ne sera pas le président de l'État d'Israël, mais le président du Grand Israël. Il se servira de la fonction présidentielle pour faire avancer la colonisation en Cisjordanie, qu'il adule", s'inquiétait récemment un éditorialiste du quotidien de gauche Haaretz. "Je préfère accepter les Palestiniens comme citoyens d'Israël que de diviser Israël", affirme Reuven Rivlin, en plaidant sans fard pour l'annexion de la Cisjordanie occupée. Dans le passé, il a exprimé avec force son opposition au retrait unilatéral israélien de la bande de Gaza en 2005 et à l'évacuation manu militari des colonies juives considérées comme "illégales" par les autorités. 
Mais ces prises de position ne l'ont jamais amené à attaquer ouvertement la minorité arabe d'Israël, qui représente 20 % de la population, contrairement à d'autres partisans de la colonisation tous azimuts. Dans cette optique, cet ancien officier du renseignement militaire a fait du rapprochement avec les Arabes israéliens, descendants des 160 000 Palestiniens restés sur leur terre après la création d'Israël en 1948, sa marque de fabrique politique. Son premier geste, dès qu'il a été élu au perchoir, a été d'organiser une visite dans la grande ville arabe d'Oum el-Fahm, en Galilée (nord d'Israël), accompagné par plusieurs députés arabes. Il s'est aussi opposé à la demande de l'extrême droite de limoger la députée Hanin Zoabi, du parti nationaliste arabe Balad, après sa participation à la "Flottille de la liberté pour Gaza" en mai 2010, qui s'était soldée par la mort de dix militants turcs pro-palestiniens tués par l'armée israélienne.
En 2011, il s'insurge contre le projet de création d'une commission parlementaire visant à mettre sous contrôle de la Knesset les activités des ONG israéliennes de gauche, en particulier celles qui critiquent l'armée. Il s'en est aussi pris avec virulence à la très droitière députée de son parti Miri Régev pour avoir assimilé les clandestins africains en Israël à "un cancer qui prolifère". En cultivant ainsi sa double image de faucon et de défenseur de la démocratie parlementaire, Reuven Rivlin espère jouer un rôle d'arbitre en tant que chef d'État.
Il avait fait une première tentative pour devenir président en 2007 mais avait été battu par Shimon Peres. Pour ce nouvel essai, il avait reçu le soutien - mais du bout des lèvres et sous la pression du Likoud - du Premier ministre Benyamin Netanyahou, avec lequel il entretient des relations tendues pour des raisons avant tout personnelles.
Grand amateur de football, Reuven Rivlin, ex-président de l'équipe du Beitar Jérusalem, un club toujours très marqué à droite, s'est taillé une belle popularité auprès des Israéliens grâce à sa jovialité, son côté bon enfant toujours prêt à blaguer. Il a d'ailleurs à un moment fait office d'humoriste à la télévision. La célèbre émission satirique Eretz Nehederet (sorte de Guignols de l'info israéliens) le caricature régulièrement en politicien bedonnant et rigolard qui assène à coup de plaisanteries souvent grasses ses quatre vérités au petit monde politique, au premier rang duquel "Bibi" Netanyahou. "À sa manière, très spéciale, Rivlin a su toucher le coeur des députés et plus largement celui du grand public", reconnaît d'ailleurs, malgré ses critiques, le Haaretz.

Source Le point