mardi 15 juillet 2014

La branche armée du Hamas rejette le cessez-le-feu

 
 
La branche armée du mouvement islamiste palestinien Hamas, les Brigades Ezzedine al-Qassam, a rejeté mardi la proposition égyptienne de cessez-le-feu, menaçant d'"intensifier" le conflit avec Israël. "Si le contenu de cette proposition (de cessez-le-feu) est exact, il s'agit d'une reddition et nous la rejetons sans appel", ont indiqué les Brigades dans un communiqué. "Notre bataille contre l'ennemi s'intensifiera"...



La Ligue arabe avait appelé, dans la nuit de lundi à mardi, Israéliens et Palestiniens à accepter la proposition égyptienne de cessez-le-feu pour mettre fin à une semaine meurtrière dans la bande de Gaza, peu après que le Hamas palestinien eut rejeté toute trêve sans un accord complet sur Gaza.
L'Egypte avait dévoilé son plan peu avant l'ouverture d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe.
Le Caire propose également d'accueillir sous 48 heures après l'entrée en vigueur de la trêve deux délégations palestinienne et israélienne pour ouvrir ces discussions indirectes.
Le chef de l'institution panarabe Nabil al-Arabi a accusé Israël de "crimes de guerre" à Gaza et des "crimes contre l'Humanité" à Gaza: "Israël bénéficie d'une immunité politique, il commet des crimes sans en être tenu responsable".
Il s'exprimait devant les ministres arabes des Affaires étrangères réunis en urgence pour examiner l'initiative de l'Egypte prévoyant un "arrêt total des hostilités aériennes, maritimes ou terrestres" à compter de mardi à 06H00 GMT et l'ouverture dans la foulée de négociations indirectes au Caire sur l'entrée des biens et des personnes dans l'enclave palestinienne sous blocus.
A l'issue de cette rencontre, les ministres arabes ont affirmé "demander à toutes les parties concernées d'accepter l'initiative égyptienne et de s'engager à en respecter les termes" dans un communiqué distribué aux journalistes.
Mais le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, avait auparavant rejeté tout cessez-le-feu qui n'inclurait pas un accord complet sur le conflit l'opposant à Israël, selon un porte-parole, Fawzi Barhoum, à Gaza. "Un cessez-le-feu sans parvenir à un accord est exclu. En temps de guerre, on ne cesse pas le feu pour ensuite négocier", a dit M. Barhoum à l'AFP.

Réunion du cabinet israélien dans la matinée

Quand à Israël, si le quotidien israélien Haaretz a affirmé que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou serait en faveur d'un cessez-le-feu avec le Hamas, un haut responsable israélien a indiqué à l'AFP sous le couvert de l'anonymat que le cabinet de sécurité israélien se réunirait mardi matin "afin d'examiner sérieusement les propositions égyptiennes".
Une partie de la droite israélienne et de la coalition exprime sa colère contre l'idée d'accepter un cessez-le-feu dès à présent. Le ministre de l'économie Naftali Bennet (Habayit Hayehoudi) ainsi qu'Avigdor Lieberman (Israel Beitenou) ont indiqué qu'ils voteraient contre. Zehava Gal-On, leader du parti de gauche Meretz, qui n'est pas au gouvernement, a appelé Netanyahou a accepté la proposition.
Israël mène son offensive aérienne et fait peser la menace d'une offensive terrestre pour mettre fin aux tirs de roquettes du Hamas.
Plus tôt dans la journée, l'institution panarabe avait appelé la communauté internationale à agir "par le biais de ses institutions légales et humanitaires pour protéger le peuple palestinien", faisant écho à la demande du président palestinien Mahmoud Abbas qui avait pressé dimanche l'ONU de placer officiellement l'État de Palestine "sous (son) système de protection internationale".
Médiateur lors des précédentes crises entre Israël et le mouvement islamiste palestinien, Le Caire, premier pays arabe à avoir signé un traité de paix avec Israël en 1979, a proposé une trêve à partir de 06H00 GMT mardi, alors que le secrétaire d'Etat américain John Kerry est attendu dans la journée en Egypte.
Mais la donne a changé depuis 2012 lorsque le président égyptien, l'islamiste Mohamed Morsi proche du Hamas, obtenait un cessez-le-feu qui mettait fin à une semaine d'affrontements meurtriers. C'est aujourd'hui l'ancien chef de l'armée et artisan de l'éviction de M. Morsi en juin 2013, Abdel Fattah al-Sissi, qui est au pouvoir. Et le Hamas, comme les Frères musulmans dont est issu M. Morsi et auxquels il est lié, ont été interdits dans le pays.

John Kerry attendu

Selon l'analyste Yossi Melman, qui a reçu une première ébauche de la proposition de l'Egypte pour i24news, l'accord stipulerait qu'Israël cesse ses attaques aériennes et navales sur la bande de Gaza, et s'abstiendrait de toute invasion terrestre dans l'enclave. Le Hamas s'engagerait quant à lui à maîtriser les factions palestiniennes et à mettre fin à tous les types d'attaques sur Israël, que ce soit par roquettes, par la mer ou via les tunnels souterrains.
A Gaza, le Premier ministre du Hamas Ismaïl Haniyeh s'est exprimé lundi soir lors d'une allocution télévisée et a évoqué le cessez-le-feu proposé par l'Egypte. "L'ennemi sioniste nous a imposé cette guerre qu'il avait préparée. Aujourd'hui nous remplissons notre mission de protéger notre peuple et notre honneur", a déclaré le responsable du mouvement terroriste.
Cette annonce intervient également à la veille de l'arrivée au Caire du secrétaire d'Etat américain John Kerry, qui a ces derniers mois multiplié les navettes entre Palestiniens et Israéliens ainsi que les tournées auprès des puissances régionales pour relancer les négociations au point mort.
L'émissaire du Quartette pour le Proche-Orient, Tony Blair, a salué l'offre du Caire qui pourrait "arrêter la perte tragique de vie humaine, les roquettes sur Israël".
A Washington, la Maison Blanche a mis en garde contre une offensive terrestre "parce que cela mettrait en danger davantage de civils", tout en répétant qu'Israël avait le "droit" et la "responsabilité" de protéger ses citoyens.
Le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier était lundi à Amman, avant une visite mardi à Jérusalem et à Ramallah, siège de l'Autorité palestinienne en Cisjordanie. Son homologue italienne Federica Mogherini est attendue mercredi.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a estimé que "trop de civils palestiniens" avaient été tués et a redouté qu'une éventuelle offensive terrestre ne vienne alourdir ce bilan.
Source I24News