vendredi 4 juillet 2014

La solitude de Mahmoud Abbas


« Les trois jeunes garçons sont des êtres humains, comme nous, et doivent être rendus à leurs familles », a déclaré, en arabe, le chef de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas en dénonçant l’enlèvement de Naftali Fraenkel, Gil-Ad Shaer, et Eyal Yifrah, lors d’une conférence de l’Organisation de coopération islamique à Jeddah. Des propos proférés en arabe, bien qu’impopulaires auprès des Palestiniens...
 

En effet, les Arabes israéliens pensent majoritairement, que l’enlèvement est un acte légitime de résistance contre Israël, comme l’a exprimé la députée arabe israélienne Hanin Zoabi à la Knesset. Pour les Palestiniens modérés, comme Nidal Fuqaha l’a confié au Jerusalem Post cette semaine, bien que cet enlèvement nuise aux intérêts palestiniens, il est tout de même perçu comme justifié par la population. D’autant plus que cet acte terroriste était dirigé contre des habitants des « colonies » tenus pour responsables de « la souffrance et l’agonie » des Palestiniens.
Moustafa Barghouti, à la tête de l’Initiative nationale palestinienne, et défenseur d’une résistance non-violente clame : « Il n’y aura pas de paix tant que l’occupation durera. Israël doit reconnaître le droit des Palestiniens à l’autodétermination ». En d’autres mots, pour les Palestiniens, l’enlèvement des trois jeunes hommes, particulièrement s’ils sont « colons » ou étudiants dans une « colonie », est une réponse légitime et inévitable à « l’agression » israélienne.
De nombreuses personnalités publiques, non palestiniennes, ne vont pas aussi loin, mais n’omettent pas de rappeler le « statut » des otages. Ken Roth, président de Human Rights Watch, a commenté le kidnapping sur son compte Twitter en ces termes : « Etre à l’école dans des colonies illégales ne légitime pas l’enlèvement d’adolescents israéliens. Ils doivent être libérés ». Quant à Ari Shavit, journaliste pour Haaretz, il semble ignorer les centaines de roquettes tirées sur les populations du sud d’Israël et oublie de mentionner les nombreux meurtres et tentatives d’enlèvements déjoués.
La condamnation de Mahmoud Abbas est prometteuse et d’une grande portée politique puisqu’à contre-courant. En somme, la voie du terrorisme et de la violence choisie par les Palestiniens comme moyen de parvenir à leurs objectifs stratégiques est contre-productive et dévastatrice, car elle a convaincu les Israéliens que l’établissement d’un Etat palestinien aux côtés d’Israël représenterait un danger existentiel. Yahya al-Abadseh, un législateur du Hamas dans la bande de Gaza, a déclaré que le chef de l’Autorité palestinienne s’est de fait mis en porte-à-faux avec le peuple palestinien. En persistant dans cette voix, Abbas arrivera-t-il à lui faire entendre raison ?
Source JerusalemPost