vendredi 4 juillet 2014

Pas de raison d'envahir Gaza si ce n'est pas pour y rester


Lorsque le Roi Saül et son fils Jonathan sont tombés lors de la bataille de Gilboa, David, le plus grand des rois d’Israël, a rédigé l’un de ses plus beaux psaumes. Il y exhorte, en dépit de la douleur insupportable, à “ [ne pas] dire dans Gat, [ne pas] publier dans les rues d’Ashkelon; de peur que les filles des Philistins ne se réjouissent, de peur que les filles des Philistins triomphent.” C'est-à-dire, ne pas diffuser à nos ennemis la tristesse qu'ils nous ont causée par leurs actes, car cela flatterait leurs esprits...



David se devait de dire cela car le peuple d'Israël était dans une grande détresse - pourquoi sinon insérer cette phrase dans une complainte purement lyrique? Nous, le peuple d'Israël, ne pouvons pas supporter que l'un des nôtres s’en aille car nous sommes tous comme un seul. Il existe un poème hébreu qui l’exprime avec une grande précision : “Nous sommes tous un tissu humain, et si l'un de nous n'est plus, quelque chose meurt en chacun de nous."
Le père d’Eyal Yifrah, qui vient d’enterrer cette semaine son fils de 19 ans, assassiné avec Naftali Frankel et Gilad Sheer, a dit dans son éloge funèbre : "Et comme pour les méchants - nous versons des larmes parce que nous sommes faits de chair et de sang. Parce que nous sommes des êtres humains aimants et bienveillants."
C’est vrai. C’est la différence entre nous et eux. Lorsque leurs mères encouragent leurs fils à devenir des bombes humaines et tuer des Juifs, nos mères veulent que nous nous retirons du Liban, de multiples ONG “droitsdel’hommistes”, allant de Machsom Watch (Checkpoint Watch) à Betselem, sont au bord de l’agonie dès qu’un cheveu tombe de la tête de nos ennemis jurés. Pour nous chaque soldat enlevé vaut plus que 1.000 prisonniers palestiniens. C'est le taux d’échange en vigueur. Parce que nous sanctifions la vie.
Dès que furent retrouvés les cadavres des 3 adolescents enlevés, deux courses parallèles ont débuté entre les ministres du gouvernement. Sur la gauche, c’était à celui qui parviendrait à empêcher les actes de représailles, tandis que sur la droite, ce fut un face à face macho. Dans le premier cas, les voix les plus fortes furent comme d'habitude celles de Tzipi Livni et compagnie. Dans la deuxième course tout s’est joué entre Naftali Bennett du parti Foyer juif et le ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman, à celui des deux qui exigerait une prise de contrôle de la bande de Gaza.
Pourquoi? Pourquoi reconquérir à nouveau Gaza? Car “ce n’est que par une opération terrestre que nous pourrons évincer le Hamas”, pas vrai? Mais pourquoi évincer le Hamas? Car en moins de 15 jours le Djihad islamique prendra sa place ou une autre organisation terroriste et meurtrière. Peu nous importe qui nous tue, qui veut nous détruire? Si vous voulez éliminer les leaders de l’organisation, allez-y. Explosez-les depuis le ciel. Une opération terrestre n’entraînerait que plus de morts, cette fois de soldats, et comment pourra-t-on réconforter les familles dont les enfants sont tombés parce que les ministres du gouvernement voulaient se montrer fermes?
Car une occupation militaire n’a pas de sens si vous ne restez pas pour contrôler le territoire. Sur le plan tactique et stratégique, c’est inutile.
Comparez les deux derniers enlèvements, celui des trois adolescents, et celui de Gilad Shalit. Lors du dernier incident, l’armée israélienne a pénétré dans les territoires désignés par le Shin Bet comme lieu probable de l’enlèvement des adolescents sans que cela ne se transforme en un scandale majeur. Personne n’a fait un scandale du fait que Tsahal soit entré dans Hébron, administrée par l’Autorité palestinienne. Si les soldats de Tsahal avaient retourné chaque pierre à Rafah, dans la bande de Gaza, pour se lancer à la recherche de Shalit, la résultat aurait été à la fois des pertes parmi nos soldats et une condamnation unanime de la communauté internationale.
En termes de renseignement, nous avons aujourd’hui une large connaissance de ce qui se passe en Cisjordanie, mais presqu’aucune idée de ce qui se trame à Gaza. Et c’est un fait que l’échange de prisonniers avec Shalit a eu lieu car nous n’avions aucune idée de l’endroit où il se trouvait, nous n’avions pas la moindre information pouvant nous mener à lui. Une nouvelle prise de contrôle de Gaza n’augmenterait pas beaucoup notre capacité de collecte de renseignements - pour cela, il nous faudrait conquérir l’enclave et la contrôler durablement.
Si Lieberman et Bennett avaient annoncé qu’ils voulaient conquérir Gaza pour reconstruire les anciens point de peuplement, cette fois pour rester y pour de bon, j’aurais été drôlement surprise. Un telle initiative aurait touché les Arabes là où ça fait mal, dans le domaine des terres et constructions, et cela aurait d'atténuer un peu notre douleur, juste un peu. Cela aurait pu être la vengeance parfaite. Mais je ne m’attends pas à cela.

Source I24News