vendredi 8 août 2014

Tsahal peut-elle se contenter de demi-victoires ?


L’Iran et Al Qaïda prennent bonne note de la victoire limitée d’Israël sur le Hamas, noyau dur d’un embryon d’armée palestinienne. Alors que la délégation israélienne est arrivée au Caire pour des pourparlers indirects avec le Hamas, à la fin des premières 24h d’un cessez-le-feu de 3 jours dans la guerre à Gaza, les porte-parole du gouvernement israélien ont produit d’énormes efforts, mardi soir 5 août, pour convaincre le public que la guerre à Gaza était en voie de se terminer et que l’ennemi avait subi d’énormes dégradations de ses capacités d’agression...


Le chef d’Etat-Major le Lieutenant-Général Benny Gantz a continué, jusqu’à présent, à déclarer : « Nous nous acheminons maintenant, vers une période de reconstruction ». Ce n’est pas exactement le message que les soldats voulaient entendre de la part de leur Commandant en chef, alors qu’ils se retiraient des champs de bataille de Gaza, après 28 jours d’âpres combats et de lourdes pertes (64 tués dans Tsahal). Mais les artistes en relations publiques du gouvernement étaient déjà en train d’exposer toute l’horreur d’un scénario de simulation décrivant une opération théorique devant aboutir à la conquête de la totalité de la Bande de Gaza.
Ce scenario, qu’on dit avoir été présenté au Cabinet de sécurité, la semaine dernière, au cours du débat sur les tactiques à employer lors de la prochaine phase d’opération, aurait coûté des centaines de vies humaines parmi les soldats israéliens et mené à une réoccupation d’une durée de cinq ans, afin de purger le territoire des 20.000 terroristes présents et de démanteler leur machine de guerre.
Ce scénario a été imaginé pour faire taire les mécontents, à commencer par les citoyens vivant à portée étroite de la Bande de Gaza, qui refusaient de retourner dans leurs maisons, à cause du danger qui n’est pas totalement éliminé.
Les alternatives que le Cabinet a examinées n’ont jamais contenu l’occupation totale de la Bande de Gaza. L’option la plus sérieuse envisagée par les Ministres et qui a été rejetée dès la première semaine de guerre, consistait à envoyer des troupes pour une frappe-éclair, afin de détruire les centres de commandement du Hamas et le noyau dur de sa structure militaire et de ressortir rapidement. Si cette option avait été appliquée à un stade précoce du conflit, plutôt que de prolonger dix jours de frappes ininterrompues et sans réels résultats probants, cela aurait permis de sauver des pertes lourdes du côté palestinien et la dévastation de leurs propriétés, d’une étendue qui trouble aussi pas mal d’ Israéliens.
Et cette semaine encore, les hommes politiques dirigeant la guerre, ont décidé de l’écourter, sans prêter le moindre égard aux avis concernant l faisabilité des opérations, pouvant conduire cette mission anti-terroriste vers une conclusion victorieuse, pour la population vivant sous la menace terroriste du Hamas depuis plus d’une décennie.
La décision d’en venir plutôt à un cessez-le-feu et à des discussions indirectes avec le Hamas a été coûteuse pour le Premier Ministre Binyamin Netanyahu, qui lui a valu le plus de critiques à l’intérieur. Au premier jour du cessez-le-feu, mardi, la côte de popularité de Binyamin Netanyahu a subi une perte sèche autour de 60%, ce qui équivaut au niveau des sondages juste avant la guerre, après avoir crever des plafonds frôlant les 80% au pic de l’opération.
La façon dont les dirigeants israéliens ont géré et conclu la guerre à Gaza a quatre conséquences qui dépassent sa sphère immédiate :
1. Le fait qu’après avoir subi un coup sévère, le Hamas tient encore le choc et conserve indemne l’essentiel de son infrastructure militaire, lui apportant le prestige du noyau dur d’une sorte d’armée régulière palestinienne, dont ne disposaient pas les Islamistes avant le lancement de l’Opération Bordure Défensive, le 7 juillet.
Ce noyau dur est déjà une force combattante active, dote d’un bon entraînement au combat et d’une certaine popularité nationale – non seulement à Gaza, mais aussi sur les domaines de l’Autorité Palestinienne dans les territoires cisjordaniens.
Aussi voit-on le Hamas arriver au Caire à la table des négociations, avec cette carte d’une réputation militaire fraîchement refaite.
2. Les perspectives d’un accommodement d’après-guerre qui puisse changer le paysage global du terrorisme dans la Bande de Gaza sont assez faibles. Les tacticiens du gouvernement israélien ont fait allusion au fait que Mahmoud Abbas pourrait convenir en tant que personnalité aux commandes d’un tel accommodement. C’est, proprement, une chimère. La branche armée du Hamas n’envisagerait pas cinq minutes de laisser les mains libres à un tel rival sur leur chasse gardée. Et, quoi qu’il en soit, Abbas ne montre pas d’inclination particulière à se conformer à aucun schéma directeur israélien de nouvelle gouvernance à Gaza.
3. Lorsque Ban Ki Moon s’est rendu à Jérusalem, le 22 juillet, pour faire pression en vue d’un cessez-le-feu à Gaza et d’en revenir à des discussions sur les causes fondamentales du conflit palestino-israélien, Netanyahu a littéralement « explosé » de colère : « Vous ne pouvez pas parler au Hamas. Ce sont des extrémistes islamistes au même titre qu’Al Qaïda, l’Etat Islamique, les Taliban ou Boko Haram !
Passant inaperçues pour lui, ses paroles ne sont pas tombées dans l’oreille d’un sourd, dans le monde islamiste. Là les observateurs suivaient à la trace chaque stade du conflit à Gaza, dès qu’on a compris qu’il s’élevait à un niveau comparable à la guerre contre Al Qaïda. Aussi, après avoir freiné l’opération contre le Hamas, Israël pourrait bien se rendre compte qu’il a mis la main dans un nouveau nid de frelons. En ce moment-même, l’Etat Islamique et le Front Al Nosra combattent pour étendre leurs avant-postes syriens et irakiens par une poussée au Liban même. Et ils ne s’arrêtront sans doute pas en si bon chemin.
Si les Jihadistes en mouvement ont eu la possibilité d’évaluer que Tsahal est incapable de vaincre le Hamas, ils pourraient bien se retourner contre Israël et lui poser une nouvelle menace extrêmement dangereuse.
4. L’Iran aura bien pris note, de son côté, du fait que, deux fois de suite en deux ans, les dirigeants israéliens ont préféré s’abstenir d’apporter une conclusion victorieuse à une guerre débutée par dees forces paramilitaires que Téhéran a préalablement renforcées, entraînées et financées – d’abord le Hezbollah, dans la Guerre du Liban en 2006, qui s’est terminée par un tracé de zone gérée par la FINUL, et actuellement , un conflit avec les Islamistes palestiniens qui semble se terminer de la même façon.

DEBKAfile Analyse Exclusive :debka.com

Adaptation : Marc Brzustowski.

Source JerusalemPlus