mercredi 17 septembre 2014

Aujourd'hui à Gaza, «c'est encore pire que la guerre»


Des milliers de palestiniens dont les habitations ont été détruites ne peuvent pas se reloger en raison du coût de l'immobilier. L'opération israélienne sur la bande de Gaza cet été a duré 50 jours. Dans un territoire de 380 km2, peuplé par 1.7 millions de personnes (soit 4.700 habitants au km2), les destructions de 17.000 maisons ont touché plus de 100.000 personnes. Les prix de l'immobilier se sont ensuite enflammés, dans un marché déjà saturé...



Selon le Washington Post, les prix des loyers auraient plus que doublés depuis la fin des bombardements:  
«Les experts disent qu'avant la guerre, un petit appartement de deux chambres coutait 200$ par mois, maintenant il peut être loué plus jusqu'à 600$.»
C'est un problème récurrent à Gaza depuis des années et la guerre n'a fait que l'exacerber. Prise en étau entre les restrictions des importations de matériaux de construction, la rareté des terres et la croissance démographique, la population ne bénéficie pas d'une quantité de logement suffisante. «Avant la guerre, nous avions besoin d'au moins 70.000 logements supplémentaires», explique Omar Shaban, un économiste gazaoui au Washington Post. 
En 2007, lorsque le Hamas prend le pouvoir dans la  bande de Gaza, Israël répond en instaurant un blocus, empêchant ainsi le mouvement des personnes et l'entrée de matériaux de construction. Des milliers de logements demeurent donc en construction depuis des années. De nombreux tunnels ont alors été construits entre autres pour acheminer des matériaux, mais beaucoup ont été détruits par l'Egypte et Israël ces derniers mois. 
Les dégâts de cette dernière opération israélienne seraient trois fois plus graves que ceux de l'opération plomb durci, en 2008-2009. Un important travail photojournalistique réalisé par le photographe Lewis Whyld permet notamment d'en constater l'étendue.

Selon l'Autorité Palestinienne, le coût de la reconstruction devrait s'élever à 7.8 milliards de dollars. 
«Les questions les plus difficiles pour nous ne sont pas [celles] de la guerre, confie Youssef Qirshalli, un palestinien de 65 ans interrogé par le Washington Post et dont la maison a été détruite à la mi-juillet. Mais ce qui vient ensuite. Où allons-nous rester? Où irons-nous? Comment allons-nous vivre? C'est bien pire que la guerre».
Le 15 septembre, alors que les écoliers reprenaient leurs cours trois semaines après la date habituelle, de nombreuses écoles étaient encore occupées par des déplacés. «Environ 65.000 d'entre eux sont encore abrités dans des écoles de l'ONU, dans l'attente d'une solution de relogement qui tarde à venir», raconte Mahmoud Hams, photographe pour l'AFP, sur le blog making-of.  

Source Slate