dimanche 14 septembre 2014

Des perles venues d’Israël


Avec «Hatufim» et «Hostages», la télévision israélienne démontre son talent pour produire d’excellentes fictions. Les Etats-Unis les ont adaptées. Alors que le Proche-Orient ne cesse de faire l’actualité, avec la toute récente guerre qui a opposé le Hamas à l’armée israélienne dans la bande de Gaza et ses environs, il vaut la peine de (re)découvrir deux excellentes séries télévisées israéliennes, Hatufim - Prisonniers de guerre en français - et Hostages. Tellement bonnes que les Etats-Unis les ont adaptées toutes les deux. Hatufim est devenue Homeland, rencontrant un immense succès, aux Etats-Unis mais aussi en Europe...


Quant à Hostages, qui n’a pas changé de nom aux Etats-Unis, l’adaptation a été montrée aux téléspectateurs américains avant même que l’original ne soit diffusé en Israël. Si Hatufim est plus ancienne, elle a été dévoilée pour la première fois en 2010, ces deux œuvres ne sont parvenues que récemment ici.
 En dix épisodes, Hatufim raconte le rapt de trois soldats israéliens alors qu’ils se trouvent en mission au Liban. Après 17 ans de captivité, deux d’entre eux sont libérés, tandis que le troisième est mort durant son emprisonnement. La série se concentre sur le retour de ces deux rescapés, traumatisés par l’enfermement et la torture qu’ils ont subis.
L’un se retrouve avec deux enfants presque adultes qu’il n’a pas vu grandir. L’autre découvre que sa fiancée s’est mariée avec son frère, avec lequel elle a eu un enfant. Le voilà beau-frère de la femme qu’il aimait… Chacun à sa manière, ces deux hommes sont complètement largués, sans formation ni profession - ils ont été capturés alors qu’ils étaient étudiants. Ils ne savent pas ce qu’est internet, n’ont jamais travaillé et se retrouvent désœuvrés, sans but ni fonction.

Les ravages des guerres

Avec une immense finesse, et sans jamais porter de jugement sur le conflit israélo-arabe, Hatufim montre comment ces deux gars ont été brisés. Mais avec eux leurs familles qui, elles aussi, ont cessé de vivre du jour où ils ont été faits prisonniers. De son côté, l’armée israélienne se met à avoir des doutes: et si ses deux soldats avaient parlé, mettant en danger la sécurité nationale? Pire, si les deux hommes avaient été retournés par leurs geôliers libanais?
Sur fond de flash-back de séances de torture, Hatufim montre, surtout dans les derniers épisodes, les ravages que les différentes guerres et opérations menées par Tsahal ont produits sur ses propres soldats et leur entourage. En une séquence tournée dans une réunion d’anciens combattants, la série souligne les drames accumulés depuis des décennies.

Rythme haletant

Hostages ne fournira pas plus de légèreté aux téléspectateurs. L’intrigue, diabolique, est efficacement posée dès le premier épisode - là aussi sur un total de dix. Une brillante chirurgienne est choisie pour opérer le premier ministre israélien. La veille de l’opération, la médecin, son mari et leurs deux enfants sont pris en otages dans leur maison. Les ravisseurs - israéliens eux aussi - sont extrêmement déterminés: soit la chirurgienne fait mourir le premier ministre au cours de l’opération, soit c’est toute sa famille qui périra.
Peu de décors - l’intérieur et le jardin d’une villa, des couloirs d’hôpital -, mais des acteurs excellents, deux d’entre eux jouent également dans Hatufim, insufflent un rythme haletant à Hostages. Le scénario, redoutablement corseté, ne permet pas d’entrevoir le dénouement avant l’ultime épisode. A tel point que le téléspectateur chute peut-être un peu face à une conclusion que l’on pourrait qualifier d’abrupte. Mais ce bémol n’enlève rien à la qualité de l’œuvre. Qui montre là aussi avec beaucoup de subtilité l’importance des aspects sécuritaire et militaire dans la société israélienne.

Par Aurélie Lebreau




Source La liberté