mardi 9 septembre 2014

Les Tartuffe de la cause palestinienne et leurs roquets du PAF...

 
Commençons par quelques rappels, rappels d’autant plus nécessaires que nous sommes trop souvent confrontés à des contradicteurs qui brillent – quand ils sont, exceptionnellement, de bonne foi – par leur ignorance crasse. L’ignorance n’étant pas un argument, il faut donc faire un court retour en arrière. Nous ne remonterons pas jusqu’aux horreurs commises en Tchétchénie par les hordes poutiniennes, quand nous n’étions que quelques poignées, dont Bernard-Henri Lévy, à dénoncer le sort des populations civiles massacrées, enlevées, torturées. Les victimes étaient musulmanes...


Nous pourrions aussi évoquer la Bosnie, du temps où nous n’étions que d’infimes groupes, dont encore Bernard-Henri Lévy, à dénoncer le sort des populations civiles, assassinées en masse, mourant de faim dans des camps, torturées. Les victimes étaient musulmanes,  leurs bourreaux étaient des nationalistes serbes défenseurs les valeurs du christianisme orthodoxe.
Revenons seulement à une dizaine d’années en arrière. Vers 2004, à la suite du coup d’Etat organisé par les fondamentalistes musulmans soudanais liés aux Frères musulmans égyptiens, la dictature militaro-islamiste du général Omar el-Béchir se lançait dans une épouvantable guerre contre les populations du Darfour – le Darfour est l’une des régions, particulièrement pauvre, qui constituent le Soudan.

Pour dénoncer ce que la Cour pénale internationale devait ensuite qualifier de génocide des Darfouris, nous n’étions, au fil des années, jamais plus que quelques centaines, dont une fois encore Bernard-Henri Lévy. Ah si, une fois, lors d’un grand meeting en 2007 à la Mutualité pour lequel nous avions mis le paquet en profitant de la tenue imminente des élections présidentielles, nous avions rassemblé presque 2500 personnes – record plus jamais égalé, pas même frôlé.
Autour du Collectif Urgence Darfour, se retrouvent à peu près les mêmes qui s’étaient mobilisés pour les Tchétchènes et les Bosniaques. Les victimes sont des Noirs africains de confession musulmane. Leurs bourreaux ont à leur tête des membres de l’élite arabe de Khartoum, rassemblés sous le double étendard de la charia et de l’accaparement des richesses du pays.
Lors du déclenchement de l’insurrection contre Kadhafi, seules quelques dizaines de «droits-de-l’hommiste», pour reprendre la formulation qui se veut méprisante dont se rengorgent les partisans de la brutalité comme mode de gouvernance, ont immédiatement cherché à soutenir par tous les moyens la population libyenne. Faut-il rappeler le rôle déterminant de BHL dans cette solidarité ?

Des milliers d’hommes et de femmes, musulmans arabes et berbères, sont tombés sous le feu de la mafia kadhafiste, arabe et musulmane.
Quand la révolte a éclaté en Syrie contre la dictature héréditaire de Bachar al-Assad, révolte pacifique débutée dans la foulée des Printemps arabes en Tunisie, Egypte et Libye, révolte pour la démocratie, révolte qui rassembla rapidement des millions de Syriens par-delà les confessions religieuses sunnites, chrétiennes ou chiites, quand cette révolte a éclaté, donc, en mars 2011, nous avons été parmi les tout premiers a lancer le soutien à ce mouvement porteur d’immenses espoirs.

En trois ans, les mobilisations n’ont jamais dépassé les 3000 personnes. Ce n’étaient pourtant pas les témoignages qui manquaient : des dizaines de milliers de photos et vidéos ont circulé, montrant les abominations commises par le régime ; la presse a publié des reportages édifiants ; des preuves ont été fournies de l’utilisation de gaz toxiques par les sbires du criminel en chef de Damas. Il n’y avait que de maigres bataillons, dont à nouveau Bernard-Henri Lévy, pour inlassablement tenter d’apporter une aide à la population syrienne. Les victimes étaient – et sont toujours – dans leur écrasante majorité, des Arabes musulmans sunnites. Les massacreurs sont principalement des musulmans alaouites.
Depuis des années, nous sommes un certain nombre de Juifs à militer dans une association, dont Bernard-Henri Lévy est membre, favorable à  ce qu’Israël s’engage dans une politique permettant la création, à côté d’Israël, d’un Etat palestinien viable. Cette association, JCall, s’est attirée les foudres des défenseurs mécaniques des gouvernements israéliens, aussi bornés soient-ils. C’est tout juste si nous n’avons pas été traités de traîtres.
Cette mise au point historique effectuée, disons-le tout net : il y en a plus que marre de tous ces gringalets du journalisme bling-bling, de tous ces Tartuffe de l’humanisme, de tous ces faux-culs de l’empathie pour le monde arabe qui se découvrent subitement un sentiment de solidarité avec la population de Gaza. Ces roquets n’ont jamais émis le moindre de leurs petits aboiements quand les Darfouris subissaient crimes de guerre et crimes contre l’humanité, mouraient par dizaines de milliers – 300 000 victimes ? 400 000 ? Même les ONG et l’ONU ne savent plus trop bien.

Mais ils ont l’ahurissant culot, celui que leur permet leur éthique de caniveau, de sommer Bernard-Henri Lévy de dénoncer la politique israélienne ! Ces tocards de l’info – ceux dont nous espérions, à France Syrie Démocratie, qu’ils évoquent ne serait-ce que quelques secondes de nos actions spectaculaires de solidarité avec les Syriens, comme le déploiement d’un immense drapeau de l’insurrection syrienne sur la façade de l’Institut du monde arabe, drapeau une autre fois hissé sous la Tour Eiffel – ces minus du PAF se sentent une âme de justicier soudain dès qu’il s’agit de la Palestine. Pensez donc, c’est Israël qui bombarde, c’est des Juifs – «et vous, BHL, le Juif, ça ne vous dérange pas ?» Mais vous, âmes tout-à-coup sensibles, ça ne vous dérange pas de faire l’impasse sur tous les combats, dont celui contre les impasses de la politique israélienne, menés inlassablement par Bernard-Henri Lévy ?

 

Fiers-à-bras du petit écran, vous ressemblez à ces manifestants qui sont descendus dans la rue pour «sauver Gaza», ces manifestants dont 95 % n’ont jamais levé le petit doigt en faveur des Tchétchènes, des Bosniaques, des Darfouris, des Syriens… Ah mais c’est vrai, tous ces braves gens n’étaient pas massacrés par Israël. Ils pouvaient et peuvent toujours crever. Et puis dénoncer des régimes arabes, ou Poutine, ou encore des dictatures islamistes, c’est délicat, n’est-ce pas ?
Tiens, justement, à propos des islamistes, notamment des plus fanatiques tels que les djihadistes de l’Etat islamique, vous ne dites rien, si généreux amis d’une humanité qui se réduit aux Palestiniens (et encore, car lorsqu’ils sont assiégés en Syrie dans le camp de Yarmouk par l’armée d’Assad, on ne vous entend pas). Pas une ligne sur la page officielle du mielleux Tariq Ramadan quant aux décapitations de James Foley et de Steven Sotloff. Mais en revanche une attaque haineuse contre BHL (voir capture d’écran).
Du côté de l’ultra-droite antisémite et conspirationniste des Dieudonné-Soral, qui a aussi défilé «pour Gaza», on met en doute la réalité de ces deux abjects assassinats au couteau, ou on s’en gausse. Ce qui n’empêche pas la télé, en l’occurrence l’émission Ce Soir ou jamais, sanctuaire de la racaille «anti-sioniste», d’inviter un type très prisé dans la fachosphère, Etienne Chouard, le petit prof laborieux pétri d’admiration pour les pseudo-penseurs de la pire extrême droite.

Pauvres Palestiniens, c’est dur d’être soutenu par des hypocrites. C’est dur de cristalliser une solidarité de circonstances émanant de gens que les pires horreurs contre l’humanité indiffèrent mais qui reniflent toutes les bonnes occasions pour casser du Juif. Même si pour l’instant ce n’est que par slogans ou posts sur Facebook. Ou en se déchaînant contre Bernard-Henri Lévy. Même si c’est avec les pincettes souillées d’un journalisme de forfaiture qui met les applaudissements gras de son côté.

Bernard Schalscha

Source La regle du jeu