lundi 1 septembre 2014

Rentrée : Quels enjeux économiques pour Israël après la guerre à Gaza ?


Défense, déficit, croissance, pauvreté: le conflit à Gaza laissera une marque sur la politique économique du gouvernement israélien pour 2015. Les 50 jours de conflit militaire avec la bande de Gaza marqueront l’économie israélienne : voici les 5 questions clés qui permettent de mieux mesurer l’impact du conflit sur l’économie israélienne et de mieux comprendre la politique économique que le gouvernement va mettre en place dès cette rentrée...
 

1/ COMBIEN A COÛTÉ LE CONFLIT À GAZA POUR ISRAËL ?
Dorénavant, le coût de l’opération « Bordure protectrice » pour Israël est plus ou moins connu. Pour résumer, la facture globale des 50 jours de conflit avec Gaza se monterait à environ 15 milliards de shekels, soit un peu plus que 3 milliards d’euros. Ce coût se ventile en trois postes : les dépenses militaires (environ 9 milliards de shekels), la baisse de production (autour de 5 milliards de shekels) et les dégâts matériels civils (1 milliard de shekels).
En prenant en compte que la baisse de production (0,5% du PIB) sera récupérée plus tard et que les dégâts matériels, assez limités, seront financés par le Fonds d’Indemnisations prévu à cet effet, il restera à régler la note militaire ; celle-ci représenterait 15% du budget israélien de la Défense qui se monte à 60 milliards de shekels en 2014.

2/ QUELLES CONSÉQUENCES POUR LE BUDGET 2015 ?

Visiblement, le Budget 2015 de l’après-guerre à Gaza ne sera plus le même que celui qu’il aurait dû être si la guerre n’avait pas eu lieu. La principale inconnue de l’équation budgétaire reste le budget militaire ; avant le début du conflit, la Défense avait déjà demandé et obtenu pour 2014, une rallonge de 4 milliards de shekels. Pour 2015, la rallonge exigée avant la guerre, mais non encore accordée, se montait à 5 milliards de shekels.
Dorénavant, la Défense exige du Trésor une rallonge de 20 milliards de shekels pour se renforcer : 9 milliards sur le compte de 2014 et encore 11 milliards pour 2015. Le Trésor serait disposé à prendre en charge une partie du coût de la guerre sur le budget de 2014, mais il refuse toute nouvelle augmentation du budget militaire pour 2015.

3/ LE DÉFICIT PUBLIC AUGMENTERA-T-IL ?

Avant le déclenchement du conflit, le gouvernement israélien avait envisagé d’augmenter le budget pour 2015 de 8 milliards de shekels. Il est évident que cela ne suffira plus : à elle seule, la rallonge de la Défense pourrait être plus importante que l’augmentation de toute l’enveloppe budgétaire. Pour l’heure, le ministre des Finances Yaïr Lapid refuse tout alourdissement de la fiscalité : autrement dit, le coût de la guerre sera financé principalement par un relèvement du déficit public et par des coupes budgétaires.
Un calcul rapide montre qu’en relevant le déficit d’un point (c’est-à-dire de 2,5% du PIB initialement prévus à 3,5% du PIB), l’Etat débloquerait 10 milliards de shekels. Comme cela ne suffira pas, il faudra aussi se résoudre à couper transversalement dans les budgets civils pour amortir le choc ; pour 2014, le gouvernement vient d’autoriser une coupe de 2% dans les dépenses civiles, et les mêmes économies seront sans doute exiger pour 2015.

4/ ET LA CROISSANCE DANS TOUT ÇA ?

L’enjeu économique principal pour 2015 reste l’accélération de la croissance : pour compenser les pertes de production liées au conflit à Gaza, l’économie israélienne devra progresser à un taux supérieur à 3% l’an. En ce sens, la décision de ne pas augmenter l’impôt sur le revenu est favorable à la croissance : le pouvoir d’achat des classes moyennes est un des moteurs de la croissance de l’économie israélienne de la fin 2014 et de 2015.
En revanche, l’Etat devra limiter les coupes budgétaires et favoriser l’investissement, quitte à alourdir le déficit public. Par chance, la conjoncture internationale est favorable à l’économie israélienne : le Trésor israélien pourrait profiter des faibles taux d’intérêt dans le monde pour emprunter de l’argent à bon marché et financer les investissements productifs qui sont nécessaires pour soutenir la croissance.

5/ QUE DEVIENDRONT LES ENJEUX SOCIAUX ?

À la veille du conflit à Gaza, le gouvernement israélien s’apprêtait à adopter deux réformes sociales d’importance : 0% de TVA sur le logement neuf et le plan de lutte anti-pauvreté recommandé par la commission Elalouf.
Or, ces deux chantiers sociaux ont un coût qui n’est pas négligeable pour le budget de l’Etat : 3 milliards de shekels par an pour la TVA à 0%, et 8 milliards par an pour faire baisser de moitié le nombre de pauvres au cours des dix prochaines années. Le gouvernement devra choisir ses priorités et en dégager le financement correspondant, sans alourdir encore le niveau de la dette publique.

Jacques Bendelac (Jérusalem)
Source Israel Valley