mardi 2 septembre 2014

Révélations sur les interrogatoires du Shin Bet...


Plusieurs centaines de pages émanant du procès-verbal d'audition de Riyad Nasser, un responsable du Hamas, par les services israéliens de la Sécurité intérieure (Shin Bet) mettent en lumière le réseau tissé par l'organisation terroriste en vue de la prise de contrôle de la Judée-Samarie par un coup d'état, rapporte Amos Harel dans le journal israélien Haaretz...



Outre le complot visant à renverser l'Autorité palestinienne, le réseau du Hamas, sous la direction de Salah Arouri qu'Israël avait expulsé vers la Turquie il y a 4 ans, le Hamas avait stocké des armes et distribué des fonds, révèle le Shin Bet.
Le procès-verbal de l'audition de Riyad Nasser, pris sous forme de notes rédigées par les officiers du Shin Bet, montre les techniques d'interrogatoire des suspects. Les documents mettent en évidence le jeu du "chat et de la souris"entre les enquêteurs et l'interrogé jusqu'aux aveux complets.
Nasser s'exprime plutôt ouvertement, puis semble effrayé de sa liberté de parole et se referme comme une huître pour ensuite reconsidérer une fois encore son attitude lorsqu'il apprend que ses camarades et ses supérieurs au sein du réseau l'ont dénoncé au Shin Bet.
Le journal Haaretz précise qu'il ignore les méthodes utilisées lors de son interrogatoire même si les avocats du suspect prétendent qu'il a été torturé.
Cependant Nasser lui-même affirme à plusieurs occasions qu'il a été beaucoup plus maltraité par les services de sécurité de l'Autorité palestinienne.
Nasser donne son opinion sur la politique intérieure palestinienne, parle très sérieusement de football, avouant qu'il s'est réjoui de la victoire de l'Argentine sur l'Iran lors de la dernière Coupe du monde. Il révèle même regarder des clips video du chanteur israélien Arik Einstein décédé à la fin de l'année dernière.
Riyad Nasser est suspecté d'avoir mis sur pied une infrastructure terroriste avec une double mission: perpétrer des actes terroristes contre Israël et le renversement de l'Autorité palestinienne en Judée-Samarie. Il a affirmé aux officiers du Shin Bet que le Hamas n'avait pas l'intention d'initier l'effondrement du pouvoir palestinien sous la direction de Mahmoud Abbas mais seulement de se tenir prêt à prendre le pouvoir le jour où cela se produirait. Mais le Shin Bet affirme disposer de preuves prouvant le contraire.
Selon les documents des services israéliens, le Hamas a tissé son réseau en recrutant des membres sur la base de contacts dans les prisons israéliennes ou même dans celles de l'Autorité palestinienne.
Ils précisent que les nouvelles recrues sont des commerçants, des journalistes, des universitaires, des ouvriers et des personnalités religieuses, toutes ayant un point commun: un séjour à un moment ou un autre dans les établissements pénitentiaires d'Israël.
Outre leurs activités politiques et religieuses, les membres du réseau ont également stocké des armes et préparé des attentats terroristes.
Le 22 juin dernier, Nasser a confessé au aux officiers israéliens qu'il était très difficile "de trouver des personnes acceptant de travailler car les gens ont peur du Shin Bet et de l'Autorité palestinienne". Il a répété à plusieurs reprises qu'il en avait assez des activités clandestines, avouant même avoir pensé à s'expatrier en Afrique du Nord.

L'enquête met en lumière le rôle dominant de Salah Arouri en raison de la faiblesse de la direction du Hamas en Judée-Samarie qui a été décimée lors de la seconde intifada. L'argent a coulé à flots par diverses filières. Nasser lui-même a ainsi écoulé plusieurs centaines de milliers de dollars.
Les 3 adolescents israéliens Naftali Fraenkel, Eyal Yifrah et Gilad Shaar ont été enlevés et assassinés alors que se déroulait l'interrogatoire de Riyad Nasser. Les enquêteurs ont tenté de savoir s'il existait une implication entre son réseau et cette affaire, car Nasser disposait de réseaux dans la région de Hébron d'où sont originaires les terroristes, mais ils sont arrivés à la conclusion qu'il n'y avait aucun lien.

Le Shin Bet est alors revenu à sa tactique classique pour "craquer" méthodiquement le réseau, nom après nom, et par l'envoi de courriers à des membres et même à Arouri.
Pour le Haaretz, il semble que les services israéliens aient eu en permanence une longueur d'avance sur Arouri en Turquie, excepté sur le meurtre des 3 adolescents qui a apparemment été mené par une cellule indépendante n'étant pas liée à Arouri.
Le Shin Bet a aussi voulu utiliser un détecteur de mensonges pour s'assurer que Nasser ne cachait pas d'informations sur des entrepôts d'armes, ce qui constitue un crime particulièrement grave. Mais le suspect a argué avoir été traumatisé durant son enfance lorsqu'il a dû ramasser des munitions et de manière surprenante, l'interrogateur israélien "Max" accepte l'argument de Nasser et termine sa note par un paragraphe numéroté, dans le plus pur style de la bureaucratie israélienne:
"5. J'ai souhaité le succès au suspect pour la poursuite de son interrogatoire".
L'interrogatoire s'est effectivement achevé par un succès, mais pas nécessairement celui de Nasser, rapporte le Haaretz.
Plusieurs dizaines de terroristes ont été arrêtés après les aveux de ce dernier.
Son dossier est maintenant l'objet d'un acte d'accusation discuté entre ses avocats et les procureurs militaires sur un accord à l'amiable qui pourrait l'envoyer derrière les barreaux pour une période allant de 10 à 15 ans.
Source I24News