jeudi 2 octobre 2014

Budget 2015 d'Israël : Plusieurs Inconnues. Budget " d’espoir et de promesse " ?


Si le projet de budget n’est pas encore connu, les propos du ministre des Finances soulèvent plus de questions et qu’elles n’apportent de réponses. Alors que les experts du Trésor n’ont pas fini de concocter la loi de finances pour 2015, le ministre Yaïr Lapid (photo) a déjà promis que « le budget 2015 sera une bonne nouvelle sociale ; si le budget précédent était un budget de crise, le présent budget est un budget d’espoir et de promesse »...



Yaïr Lapid a ensuite confirmé que les impôts n’augmenteraient pas l’an prochain et que tous les budgets sociaux bénéficieraient d’une rallonge.
Bien qu’aucun document officiel n’ait été publié à ce jour sur le budget 2015, les chiffres avancés par Yaïr Lapid ont laissé perplexes de nombreux observateurs. Sans compter la virulence des députés de l’opposition : la travailliste Héli Yéhimovich a qualifié Lapid de « jongleur », dénonçant son exercice d’équilibriste financier.
Certes, de nombreux experts israéliens soulignent les points opaques qui ressortent du budget 2015 après les propos qui se voulaient rassurants du ministre des Finances. En voici les principales questions pour l’instant sans réponse :
 
1/ LES DÉPENSES PUBLIQUES AUGMENTERONT-ELLES ?
Le Trésor se félicite de l’augmentation de dépenses publiques en 2015 : l’enveloppe budgétaire se monte à 323,7 milliards de shekels, soit 8 milliards de shekels de plus qu’en 2014. En fait, il s’agit simplement d’un relèvement automatique de 2% destiné à couvrir les besoins liés à la croissance démographique du pays. Ramené au nombre d’habitants, le budget 2015 n’offre donc aucune hausse des dépenses qui soit supérieure à l’augmentation naturelle de la population.
 
2/ QUEL FINANCEMENT POUR LES RALLONGES SOCIALES ?
Le ministre des Finances annonce une augmentation de tous les budgets sociaux pour 2015, de l’ordre global de 7 milliards de shekels : santé (2,8 milliards de shekels), éducation (1,8 milliard de shekels), affaires sociales (1 milliard de shekels), etc. Or, le financement de ces rallonges reste obscur puisqu’il n’y aura pas d’augmentation de l’impôt et que l’annulation de la TVA sur les logements neufs fera même perdre de 2 à 3 milliards de shekels aux caisses de l’État.
 
3/ UN TROU DE 5 MILLIARDS DE SHEKELS ?
Avec la rallonge de la Défense pour 2015 (6 milliards de shekels), l’augmentation des dépenses publiques se chiffrera à 13 milliards de shekels. Soit un « trou » de 5 milliards par rapport à l’augmentation annoncée de 8 milliards. Pour combler ce trou, le Trésor indique qu’une partie de la rallonge de la Défense (4,3 milliards) est une « dépense exceptionnelle » qui ne figure pas dans le budget courant. Cet exercice arithmétique permet de rayer des dépenses courantes l’essentiel de la rallonge accordée à la Défense.
 
4/ LES COUPES DE 2014 SERONT-ELLES RECONDUITES EN 2015 ?
Le ministère des Finances omet de préciser que les coupes opérées dans le budget de 2014 pour financer la guerre à Gaza, seront aussi reconduites en 2015. Il s’agit de 2 milliards de shekels coupés à la santé, l’éducation et les affaires sociales, ce qui réduit d’autant l’augmentation annoncée des dépenses sociales pour 2015.
 
5/ QUELLES LOIS D’ACCOMPAGNEMENT ?
En Israël, la loi de finances s’accompagne d’un « paquet de lois » qui est voté en bloc par la Knesset et sans discussions approfondies. Ces lois économiques, dites « d’accompagnement », n’ont pas encore été annoncées pour 2015 ; leur coût reste difficilement chiffrable, à moins qu’il s’agisse de mesures qui viseront à « donner d’une main pour reprendre de l’autre ».
 
Jacques Bendelac (Jérusalem)
Source Israel Valley