mercredi 22 octobre 2014

Deux chanteurs arabes israéliens à la conquête d’Arab Idol au Liban


Les deux Arabes israéliens qui participent au célèbre concours de chant Arab Idol jouent la carte palestinienne. Pas sûr qu’en cas de victoire ils jouissent de la même aura que le gagnant de la précédente édition, le Gazaoui Mohammed Assaf...
 


Pour certains candidats d’Arab Idol, les épreuves ont débuté avant de monter sur scène. Avant même d’avoir pu se frotter à leurs concurrents, les deux Arabes israéliens qui participent cette année à la phase finale du radio-crochet panarabique ont dû affronter moult tracasseries administratives. Il faut dire que la troisième saison de l’émission se déroule actuellement au Liban, pays qui interdit aux Israéliens de traverser ses frontières.
Selon la loi israélienne, voyager au pays du Cèdre est, en outre, passible d'une peine de quatre ans de prison, souligne Aram Mahameed, un avocat militant pour les droits des Arabes israéliens cité par Associated Press (AP).
Aussi la jeune apprentie chanteuse Manal Mousa, 25 ans, et son camarade Haitham Khalaily, 24 ans, ont-ils été contraints aux détours. Après avoir passé avec succès une première audition organisée en Judée-Samarie, les deux candidats Arabes israéliens ont été convoqués pour un second round au Liban. La frontière libano-israélienne étant verrouillée, les deux candidats se sont rendus en Jordanie pour prendre un avion à destination de Beyrouth. Une fois arrivés à l’aéroport, Manal et Haitham n’ont eu l'autorisation de passer la douane que grâce à la présentation de documents de voyage délivrés pour l’occasion par l’Autorité palestinienne. 


 


À leur retour en Israël, ils ont été interrogés par les services de sécurité qui, d’après leurs familles, ont confisqué leurs passeports plusieurs jours. Sélectionnés pour la finale, ils ont pu rejoindre plus facilement le Liban, où est enregistrée l’émission.
Aujourd’hui en phase finale, les deux jeunes chanteurs espèrent aller jusqu’au bout de l’aventure. La saison précédente d'Arab Idol a été remportée par un jeune homme de 23 ans de Gaza, Mohammed Assaf, dont la prestation en finale du concours fut regardée par plus de 100 millions de téléspectateurs dans le monde.

Le jeune prodige est devenu un héros local grâce à ses interprétations spectaculaires de chansons d'amour et patriotiques arabes et palestiniennes.
Pas sûr cependant qu’en cas de victoire, Manal et Haitham connaissent la même gloire. Dans le monde arabe, les Arabes israéliens sont souvent considérés comme des traitres.

Comme le rappelle AP, contrairement à Mohammed Assaf, l’Arabe israélienne Lina Makhoul, la dernière lauréate de l’émission The Voice diffusée en Israël, n’est jamais parvenue à percer au-delà des frontières de l’État hébreu.
Les spectateurs fidèles du show diffusé sur le chaîne satellitaire MBC ignorent pour la plupart que Manal et Haitham sont tous deux Arabes israéliens puisque la production les présentent systématiquement comme Palestiniens.

Interrogée par AP, la sœur de Manal Moussa, Sabren, affirme d’ailleurs que sa famille se sent "100% palestinienne" : "Nous vivons en Israël qui était à l'origine la Palestine. Je suis très fière... que nous n'ayons pas abandonné nos terres."
"Tu es en train de montrer que la voix de la Palestine va atteindre le monde entier", a même lancé le juré égyptien Hassan el-Shafei à Manal Mousa après son tour de chant lors d’une des soirées du concours.

En attendant de connaître le nom de la prochaine "Arab Idol", la sœur de Haitham se dit préoccupée par le retour de son frère en Israël.
"Nous espérons qu’il n’aura pas de problème, mais s’il en rencontre, il n’a rien à craindre, a-t-elle confié à AP. Il est uniquement venu chanter et c’est ce qu’il adore faire... Il veut que sa voix puisse être entendue partout."
Source France 24