mercredi 22 octobre 2014

L'antisémitisme sur Internet en France est en expansion...


Dans une vidéo postée la semaine dernière, Dieudonné attaque le Congrès Juif Mondial, et traite Roman Polanski de « pédophile juif ». L’humoriste - dont la prochaine tournée affiche quasi complet - est-il antisémite ? Une dizaine de condamnations à ce titre semblent étayer cette thèse, sans objection possible. Les deux noms les plus connus de l’antisionisme sur Internet, virant, même s’ils s’en défendent, à l’antisémitisme, sont Dieudonné et Alain Soral...



L’un et l’autre postent des vidéos traitant le sujet avec régularité sur Utube, rencontrant un succès très important et des millions de visionnages cumulés. Mais, en réalité, ils ne sont plus seuls : la boite de Pandore de l’antisémitisme est en 2014 largement ouverte, avec le thème récurrent que la crise financière frappant le monde occidental est ourdie en sous-mains par des juifs sournois.
Voici quelques spécimens, certes confidentiels et baroques, de cette galaxie étrange, à coté desquels les propos de Dieudonné ou de Soral paraissent quasi modérés, et ce en toute impunité !


Philippe Ploncard d’Assac  : fils d’un Vichyste disciple d’Edouard Drumont, ce monsieur d’un certain âge détaille doctement ses thèses folkloriques sur les franc-maçons et les juifs à une vingtaine de spectateurs admiratifs, toujours les mêmes, ou au cours d’entretiens menés avec son disciple (catholique traditionnaliste) Florian Rouanet, qui met en ligne ces vidéos interminables, ainsi que les siennes propres, identiques dans l’esprit et la lettre. Nous sommes là dans l’univers classique de l’extrême droite, où on subodore partout de sombres complots, y compris au sein de son propre camp.

Vincent Reynouard : déjà condamné pour négationnisme, dont il a fait son cheval de bataille au cours d’exposés niant les chambres à gaz, cet orateur jovial et talentueux (il s’exprime très bien) vous explique froidement via ses vidéos innombrables - et bien préparées en amont - combien le IIIème Reich est un régime remarquable et injustement décrié.
Les titres de ces vidéos, truffés de références et prenant un aspect formel d’exposé pseudo universitaire, évitent le flou : « Pourquoi je plaide l’acquittement pour Hitler » « Je suis national socialiste » etc. Reynouard se prétend non-antisémite et avance contre tout sens de la décence que les nazis étaient pacifiques.

Hervé Ryssen est un écrivain ennemi assumé des juifs. Les titres de ses vidéos laissent peu de place au doute : « Antisémite et fier de l’être » « Pourquoi je suis raciste et antisémite  ». Son œuvre écrite procède de la même veine : « la mafia juive  » « Le fanatisme juif  » « Les milliards d’Israël  » etc.

Yvan Benedetti est devenu, après la retraite du dinosaure Pierre Sidos qui l’avait fondé en 1968, le Gauleiter de l’Oeuvre Française, groupuscule nationaliste dissous par Manuel Valls en 2013 - sans fondements juridiques précis du reste.
Dans ses harangues filmées, soit en « live » au cours de manifestations publiques, soit via des vidéos domestiques intitulées « Carnet de lutte », le tribun Corse évoque à de nombreuses reprises le « judaïsme politique  », néfaste bien entendu, dans une version modernisée de la thématique de son mentor.

Ce qui semble curieux, par delà le fait que ces vidéos restent confidentielles et sans danger réel par leur nature farfelue et aisément réfutable, c’est que le discours sous-tendu est, lui, tout à fait délirant. Donc la question de leur accès - aisé pour chacun en quelques clics - se pose, ou plutôt devrait se poser. Car les ravages que peuvent causer de telles âneries, on les connaît déjà...

Source AgoraVox