dimanche 5 octobre 2014

Nazis dans le rétro : ce que l’attentat de la rue Copernic nous raconte de l'extrême droite française


Il y a trente-quatre ans, cet attentat meurtrier était revendiqué de manière mensongère par un groupuscule néonazi, la FANE. Une organisation dont l'histoire associe François Duprat, membre fondateur du FN, à des supplétifs du «marinisme» triomphant aujourd'hui. Le 3 octobre 1980, il y a trente-quatre ans quasiment jour pour jour, un attentat à la bombe visait la synagogue de la rue Copernic à Paris, faisant quatre morts... 

Ce jour là, un coup de fil est passé à l’AFP, revendiquant l’attentat au nom d’un groupuscule néonazi déjà associé depuis deux ans à plusieurs attentats non meurtriers, la Fédération d’action nationaliste et européenne (FANE). Alors que l’émoi est vif, le Premier ministre Raymond Barre tient un propos effarant en parlant d’un «attentat odieux qui voulait frapper des Israélites qui se rendaient à la synagogue et qui a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic». Quant au président de la République Valéry Giscard d’Estaing, il ne réagit pas, il ne se déplace pas, il n’en parle pas pendant cinq jours.
La presse, toutes tendances confondues, est obsédée par le «terrorisme noir» qui, en quelques semaines, a aussi ensanglanté l'Italie (l'attentat de la gare de Bologne, le 2 août) et l'Allemagne (l'attentat de l'Oktoberfest, le 26 septembre). Si ces attentats sont effectivement le fait d’extrémistes de droite, celui de la rue Copernic, bien qu’en fait l’œuvre d’un  commando palestinien, est amalgamé à ce contexte. Estimant que les terroristes néonazis jouissent de l’impunité, des activistes juifs attaquent les militants de la FANE. Mais les marges sont complexes: c’est en fait un militant sioniste infiltré à la FANE qui a passé le coup de fil à l’AFP…. FANE qui, après s'être autodissoute en juillet 1980 pour se transformer en Faisceaux nationalistes-européens, est interdite par l’Etat. Pour cause de vices de forme, elle le sera même de nouveau à deux reprises en 1985 et en 1987.
Outre la date commémorative, il est aujourd’hui d’autres raisons de repenser à cet épisode. 34 ans après les faits, le principal suspect, Hassan Diab, devrait être extradé du Canada vers la France. Plusieurs articles de presse ont évoqué récemment Minh Tran Long, l’un des anciens de la FANE, devenu prestataire de service du marinisme triomphant. Après la dissolution des groupuscules nationalistes en 2013 et l’éventualité d’une dissolution de la Ligue de Défense Juive cet été, avec les récurrents débats autour de la violence antisémite en France, c’est aussi l’occasion de comprendre les agissements de marges radicalisées.  

La FANE naît le 21 avril 1966 de l’union de trois groupuscules:

1) le Cercle Charlemagne, dénomination faisant référence à la division française de la Waffen-SS, qui prône le démembrement des nations au profit d’une fédération européenne des régions ethniques.
2) le Comité de soutien à l’Europe réelle, diffusant l’une des publications du Nouvel Ordre Européen, une internationale néonazie ayant beaucoup fait pour la rénovation idéologique du nazisme.
3) Action Occident, un groupe néonazi mené par l’ancien royaliste Marc Fredriksen.


Lors de sa naissance, la FANE regroupe une grosse trentaine de membres. En 1967, face à des conférenciers non sans clientèle, elle ne parvient à attirer dans son local que douze personnes pour une conférence de l'ésotériste Jean-Louis Bernard sur «la dimension cosmique du nazisme et le diabolisme juif», et qu'une quinzaine pour une causerie du colonel Trinquier sur la guerre subversive.
Lors de la Guerre des Six-Jours, la FANE diffuse un tract violemment antisémite, puis, auprès de lycéens, un exemplaire de son journal qui ne l’est pas moins et compte un article négationniste. Cela entraîne une lourde condamnation en justice et fait capoter ses tentatives de rapprochement avec les Comités Palestine, nettement de gauche. Elle entame en revanche une collaboration qui ne s’arrêtera plus avec Maurice Bardèche et François Duprat, figures majeures du néofascisme, qui ont alors mis en avant un Rassemblement pour la libération de la Palestine.
Comme tous les mouvements néonazis, la FANE tente de reprendre à son compte le souffle de Mai 68 en affirmant qu’extrémistes de gauche et de droite devaient s’unir contre un «Système» qui irait du PCF à Occident. Elle prétend que ses membres ont participé aux barricades et que certains furent arrêtés (affirmation de pure esbroufe, selon les dossiers des Renseignements généraux que j’ai consultés).
Pour la FANE, il faut reprendre le vocabulaire du gauchisme, citer Che Guevara, mais affirmer que la grille analytique du matérialisme et du capitalisme n’est pas fournie par Trotski mais par les Protocoles des sages de Sion. La FANE s’inspire de ce que la presse italienne a surnommé improprement «le nazi-maoïsme», mais elle n’est pas hostile à une autre voie dont l’Italie a montré le succès : le rassemblement des radicaux et des modérés au sein d’un même parti. C’est l’exemple du MSI (Movimento Sociale Italiano) qui a servi en France de modèle à la fondation du Front National.
Cheville ouvrière de la fondation du FN en 1972, Duprat en est exclu en 1973. Il fait un tour dans les milieux néonazis, quoiqu’il ne le soit pas lui-même. Marc Fredriksen lui offre le numéro de commission paritaire de son journal pour qu’il fonde un hebdomadaire néofasciste (numéro que Fredriksen tenait lui-même du journal d’un émigré hongrois diffusant en France les thèses des collaborationnistes Croix fléchées).
En 1974, Duprat revient au FN, en devient le numéro 2 et y ramène les membres de la FANE, qui s’occupent de structurer le Front National de la Jeunesse. Marc Fredriksen est nommé secrétaire fédéral frontiste pour la Seine Saint-Denis. Les municipales 1977 voient également cette tendance étendre son influence: Hubert Kohler, animateur principal de la FANE en 1967, est ainsi une des têtes de liste à Paris. Aux législatives de 1978, Marc Fredriksen est candidat FN. 

François Duprat, l'homme qui inventa le Front national, de Nicolas Lebourg et Joseph Beauregard.
Mais, entre les deux tours de ces législatives, Duprat est assassiné. Michel Faci, cadre de la FANE et du FNJ, demande à Jean-Marie Le Pen de récupérer la place de numéro deux du FN. Ce dernier le lui refuse et promeut Jean-Pierre Stirbois.
C’est un chiffon rouge: Stirbois ne cache pas qu’il estime que, pour que le FN sorte de l’ère groupusculaire, il faut rompre avec tout ce qui évoque le fascisme, l’antisémitisme, l’antisionisme radical. Les membres de la FANE disent que c’est un homme du gouvernement israélien, affirment que son véritable patronyme est «Stirnbaum» (ce qui est inexact, tandis que sa mère est née Luchtmeyer, ce que ses adversaires ignorent). Par ailleurs, la FANE s’est persuadée que l’échec du FN provient de sa trop grande modération et finit par claquer la porte du parti. Michel Faci produit un long texte de rupture où il conclut: «Monsieur Le Pen, il n’y aura plus de fascistes pour défiler avec vous dans les manifestations sionistes.»
En 1979, le cap pris est celui du néonazisme ostentatoire. La FANE se dote d’un programme en 25 points, comme celui d’Adolf Hitler. Des «anciens» sont placés à l’avant de la structure, tel Henry-Robert Petit, membre avant-guerre du Rassemblement antijuif de France.
La FANE adresse des courriers à des personnalités juives: «Pour Kippour, la FANE vous souhaite de tous crever! Heil Hitler!», «Youpins, Sionistes, même pourriture: Palestine vaincra! FANE vaincra!».


Elle édite des milliers d’autocollants aux slogans agressifs:
 

«Une race, un combat»
 «Les Blancs pillulent, les allogènes pullulent»
 «Ta patrie c’est ton sol, ton peuple c’est ton sang!»
 «Solidarité aryenne contre internationale sioniste»
 «L’Europe de Sion: une réalité, l’Europe national-socialiste: une nécessité!»
 «Escroc en France, ministre en Israël»
 «Israël doit être détruit»
 «Demain le fascisme!»
 
Elle édite des affiches, dont l’une, inspirée de la propagande du National Front britannique, montre un visage négroïde fondant sur la carte de France. De nombreux articles de presse s’émeuvent, en se demandant d’où un groupuscule néonazi peut sortir l’argent pour éditer ce matériel. La rumeur court que ce sont des fonds arabes. Il semble, après enquête, qu’il s’agit justement d’une aide de l’extrême droite britannique.
Une série d’attentats contre des locaux d’associations antiracistes ou juifs sont signés du nom de la FANE, des «commandos François Duprat» et autres signatures du même acabit. Ils s’ajoutent à beaucoup d’autres: 163 attentats d’extrême droite sont comptabilisés de 1978 à 1980. Durant les premiers mois de 1980, ce sont aussi les locaux de plusieurs groupuscules d’extrême droite qui sautent, dont deux fois ceux de la FANE.
La police fait des descentes dans tous les milieux de l’extrême droite radicale, suspectant une radicalisation et un cycle de représailles entre mouvements nationalistes. Lassés d’être menés au commissariat, les nationalistes-révolutionnaires font une descente au siège de la FANE, cassent tout et passent à tabac Michel Faci, dont ils sont persuadés qu’il est un agent provocateur «sioniste».
Rien n’y fait: la FANE continue à provoquer. Quand une journaliste juive vient rencontrer leurs membres à leur local, son reportage est stupéfiant. Lorsqu’elle s’étonne de la présence des frères Tran Long, d’origine vietnamienne, au sein d’un mouvement suprémaciste blanc, l’un de ceux-ci lui répond qu’elle passera par-dessus bord avant eux… Michel Faci doit leur signifier qu’être nazi implique, à son sens, de savoir se comporter en gentlemen.

«Leurs réunions duraient quelquefois jusqu’à deux ou trois heures du matin. Ils se séparaient en criant dans la cour de l’immeuble "Heil Hitler". Nous ne pouvions plus les supporter, nous avons fait quelques pétitions. Quand ils ont vidé les lieux, ils ont barbouillé tous les murs avec des slogans nazis et hurlaient partout qu’ils auraient notre peau.»
Peu avant l’attentat de la rue Copernic, Marc Fredriksen donne une interview où il se flatte que «les éléments les plus durs de mes militants sont prêts à faire des attentats. Il y a quelques jours, une certaine personne nous a offert des explosifs, je lui ai répondu de ne pas en donner sans mon autorisation».
Résultat, quand survient le massacre de la rue Copernic, la presse s’inquiète depuis plusieurs semaines de l’impunité des terroristes d’extrême droite. De jeunes militants juifs décident de passer à l'action directe après l’attentat. Mark Fredriksen est passé à tabac et s'en sort avec un traumatisme crânien et les poignets fracturés. Des coups de feu sont tirés sur le local de l’Œuvre Française. Michel Caignet, cadre de la FANE, a le visage vitriolé. Un commando projette de l'acide sur le visage d'un retraité nommé Charles Bousquet, confondu avec l’ex Waffen-SS et trésorier du FN Pierre Bousquet.
Un autre commando débarque chez Jean-Yves Pellay, le responsable du service d’ordre de la FANE. Menotté, il subit des injections d’un mélange mi-huile, mi-œstrogènes. Peu après, il contacte les médias. Il veut leur expliquer qu’il est un militant sioniste, et que c’est lui qui a revendiqué l’attentat contre la synagogue de la rue Copernic.
Jean-Yves Pellay est en fait un militant de l'extrême droite sioniste qui, face à la cacophonie médiatique entourant la FANE, a décidé de l’infiltrer. Cependant, cet ancien légionnaire désire désormais se protéger tant de l’ire des jeunes juifs que des risques de participer à la dérive du milieu néonazi. Il le fait en cherchant à humilier la FANE: dans les médias, il la décrit comme un «amalgame de déphasés-mythos-paranos» qui relèverait plus de la psychiatrie que du terrorisme.
Les militants, raconte-t-il, ont été formés par des anciens des Commandos Delta de l’OAS, tout comme leur homologues du Front de Libération de la Bretagne et du Front de Libération National de la Corse; et ce sont ceux de la FANE, dit-il, qui forment les commandos terroristes anti-maghrébins Charles Martel, le groupe comptant une trentaine d’activistes. Néanmoins, même si la FANE  lui a payé un stage d’entraînement paramilitaire poussé à l’étranger, il considère qu’il n’existe pas de groupe d’extrême droite terroriste dangereux, mais des individus extrémistes de droite terroristes dangereux.
C’est la fin de la piste néo-nazie dans l’enquête sur l’attentat de la rue Copernic. Aujourd’hui, divers sites internet pro-israéliens affirment que l’enquête aurait été détournée sur la piste de l’extrême droite par les pouvoirs publics français pour étouffer l’origine propalestinienne de l’attentat. C’est bien là une théorie du complot, si on regarde les faits.
Quant aux antisionistes, ils n’aiment guère évoquer que l’aspect victimaire : «manipulation sioniste» et «militants lynchés à tort». A l’Assemblée nationale, s’exprimant après l’affaire du «point de détail», ce fut le propos de Jean-Marie Le Pen, arguant que l’extrême droite était l’objet de violences et de vindictes, comme le montraient l’assassinat de Duprat et le vitriolage de Michel Caignet.
Les Faisceaux nationalistes-européens ne parviendront jamais à retrouver l’aura médiatique qu’avait eu la FANE dans les années 1979-1980. Ils défendent l’apartheid, mais désormais aussi la Russie soviétique. C’est peut-être là l’influence des néonazis allemands du groupe Hoffman, qui commettent des attentats anti-américains en Allemagne de l’Ouest, et dont l’un des responsables se cache en France grâce à l’aide de l’ex-FANE.
Toutefois, le mouvement se délite lentement, laissant la place à d’autres. Certains de ses membres finissent mal: un cadre anime un mensuel mêlant idéologie néo-droitière et pédérastie juvénile avant d’être arrêté, jugé et emprisonné dans le cadre du démantèlement d’un réseau de vidéos pédophiles; un autre finit sa vie en se prostituant auprès de jeunes hommes maghrébins. Certains, à n’en pas douter, évoluèrent d’une toute autre manière –pères de famille tranquilles, travailleurs, etc.
Si on a reparlé de la FANE ces derniers mois, c’est grâce au succès de l’entreprise de l’un des frères Tran Long. Dans un reportage sur la ville de Fréjus, le journaliste David Doucet a souligné qu’après avoir travaillé pour la campagne présidentielle de Marine Le Pen en 2012, cette entreprise était un prestataire de services très apprécié de cette nouvelle mairie frontiste (David Rachline étant depuis une semaine sénateur-maire).
Nul doute que d’autres cas de radicaux feront parler d’eux. A Béziers, c’est l’ancien skinhead néonazi Robert Ottaviani qui a attiré l’attention –lui dont le groupe de Oi! était peu tendre avec la démocratie libérale, quand il déclarait que «la recrudescence de drogués, de prostitués, d’homosexuels et autres sous-hommes témoigne de la décadence profonde engendrée par les systèmes libéraux, humanistes et multiraciaux».
Que l’on ne s’y trompe pas: en évoquant cela, il ne s’agit pas de simplement dire que le FN «dédiabolisé» entretient des liens avec des nazis, qu’il faudrait le démasquer et autres slogans... Ce n’est pas l’objet –en outre, car il est absurde de juger un homme de 50 ans sur les propos du jeune homme de 20 ans qu’il fut. Mais, surtout, car ce qui est ici intéressant dépasse le cadre des trajets personnels.
Ces dernières décennies, les marges n’ont cessé de s’hybrider internationalement en passant du culturel au politique. Les radicaux étaient dans ces marges et cherchaient à rénover des idéologies issues de l’époque industrielle, par des exemples internationaux ou par la musique, par l’ésotérisme, etc. Aujourd’hui, ils peuvent, pour certains d’entre eux, avoir su s’adapter. La dislocation des cadres communs fait que la Périphérie passe au Centre, les marges parviennent à faire système. En même temps, cette dissolution des cadres stables et communs entraîne une demande autoritaire qui nourrit le vote pour des partis comme le FN. Face à la fragmentation des univers sociaux, il y a un rêve d’autorité dans une forme nationale et industrielle, alors même que l’histoire de l’extrême droite radicale témoigne que la société nationale comme l’ère industrielle sont morts de longue date.
Les repères sont brouillés: les activistes sionistes qui hier agressaient les activistes néonazis peuvent avoir aujourd’hui le même bulletin de vote qu’eux, qui sera aussi le même que celui de jeunes gens n’ayant que faire de toutes ces histoires et voulant juste que l’on se soucie de leur quotidien... Le XXe siècle est tout à fait mort. Le FN peut avoir ainsi une fonction de stabilisation sociale, assurant l’intégration au système des outsiders.
Par-delà, les partis politiques dans leur ensemble sont devenus incapables de produire des visions du monde, et il est certes logique qu’ils agrégent des éléments en provenance des marges. Ce furent souvent les radicaux qui, dans des partis politiques de toutes tendances, ont fourni l’ossature organisationnelle et intellectuelle. Les groupuscules radicaux apportaient aux partis électoraux des cadres formés, disposant de conceptions politiques structurées et d’un sens de la méthode. Les partis les normalisaient, eux les vivifiaient. Mais les marges ne sont-elles pas elles aussi entrées en crise?
Aux revues doctrinales ont succédé les vidéos en streaming. Duprat demandait aux jeunes militants de lire Trotsky et d’affronter à la barre de fer les trotskistes. Aujourd’hui, la radicalité, c’est tweeter. L’extrémisme n’est plus violent, mais il n’a plus d’idées non plus. Il n’a pas un horizon de flammes et de rage, il aspire à gagner des élections, des parts de marché. On peut se féliciter de cette banalisation politique en termes d’ordre public quotidien. Mais un monde extrémiste atone dans un système politique où toutes les frontières deviennent floues, c’est au final un système politique radicalisé mais sans but ni horizon clairs. L’énergie s’y accumule sans issue.
On ne peut que se réjouir de la disparition de la violence politique en France. Faut-il se féliciter que les formations les plus extrémistes ne soient plus rien ou presque, tandis que le marais politique se radicalise? Je ne sais. Peut-être messieurs Tran Long et Pellay nous lisent-ils. On voudrait bien savoir ce qu’ils pensent. S’ils ont quelque amertume quant à leur jeunesse, mais aussi, peut-être, quant à la façon dont nous vieillissons. S’ils nous lisent: 34 ans après ces quatre morts de la rue Copernic, que vous reste-t-il ?


Nicolas Lebourg
Source Slate.fr