dimanche 5 octobre 2014

Qeiyafa : Le palais où David a célébré sa victoire sur Goliath

 
" Or les Philistins réunirent leurs armées pour une expédition et se sont regroupèrent à Sokoh, ville de Juda et campèrent entre Sokoh et Azeka. De son côté, Saul réunit les Israélites qui campaient dans la vallée d’Elah… Les Philistins occupaient la montagne d’un côté et les Israélites l’occupaient du côté opposé, la vallée les séparant " (Samuel I, 17 :1-3). Essayez-donc d’imaginer cela : Le puissant roi David, accompagné par ses fils Shimea, Shobab, Nathan et Salomon, voyage de Jérusalem vers une ville située au dessus de la vallée. Comme dans une randonnée divertissante entre amis, ils parcourent toute la distance et atteignent leur objectif en moins d’une journée...
 

Au coucher du soleil, David et sa progéniture se tiennent sur le balcon d’un grand palais impressionnant. David désigne le sud-est, vers Sokoh, et leur montre ensuite Azeka plus à l’ouest. Enfin, ils s’émerveillent en regardant vers le bas, la vallée d’Elah. D’une voix subtilement mêlée de fierté et de pathos, le roi David raconte à ses fils comment il a sauvé les Juifs de la défaite contre le géant Goliath avec une simple fronde et une pierre.
Tiré par les cheveux, pensez-vous ? Et pourtant ..!
En 2007, deux archéologues de l’Université hébraïque de Jérusalem et de l’Autorité israélienne des Antiquités (IAA) ont découvert des ruines d’une ancienne ville surplombant la vallée d’Elah.
Les fouilles ont continué pendant plusieurs mois, et, une fois achevées, le professeur Yossi Garfinkel de l’Université hébraïque et l’archéologue Saar Ganor de l’IAA ont rendu leur extraordinaire découverte publique. Ils ont mis à jour une ville judéenne typique et un centre administratif majeur sur la frontière avec les Philistins. Le site daterait de l’époque du roi David.
 

 
La vallée d’Elah (Crédit : Shmuel Bar-Am)


Selon Ganor, qui était notre guide lors de notre visite du site, Qeiyafa correspond très certainement au Sha’arayim biblique, qui signifie en hébreu, les « deux portes ».
La Bible explique qu’après la victoire de David, les Philistins ont fui la bataille avec les Israélites à leur poursuite. Les Philistins ont été massacrés sur la « route vers Sha’arayim » (1 Samuel 17:52). Ganor nous apprend que Sha’arayim est mentionné plusieurs fois dans les Ecritures.
Quiconque a écrit le texte dans les livres suivants de la Bible connaissait très bien la géographie, a-t-il noté, en ajoutant que c’est l’unique ville d’Israël et de Judée à cette époque à pouvoir se vanter de posséder deux portes différentes. En outre, elle se situe juste à la frontière entre les zones sous contrôle philistin (plus communément connue comme Pileshet) et la Judée.

 

 
La porte du sud de Qeiyafa (Crédit : Shmuel Bar-Am)
 

Les deux anciennes routes arrivaient aux portes de la ville. La route secondaire aux plaines côtières conduisait vers la porte occidentale, tandis que les voyageurs venant de la direction de Jérusalem et de Hébron entraient et sortaient par la porte sud. Même si les deux portes sont impressionnantes, les archéologues considèrent que la porte du sud a été la plus importante. Elle était bâtie sur d’énormes pierres, certaines pouvant peser jusqu’à huit tonnes, tandis que l’autre porte avait nécessité des pierres beaucoup plus petites pour sa construction.
David était un nouveau monarque lorsqu’il a fait construire la ville. Cela s’inscrit profondément dans le processus de création de son royaume. Bien conscient que les Philistins étaient les ennemis principaux des Israélites, il avait à la fois besoin d’une démonstration de force, comme une porte massive, et d’une frontière fortifiée.
 

 
La porte de l’ouest de Qeiyafa (Crédit : Shmuel Bar-Am) 

Garfinkel a comparé Qeiyafa au premier village coopératif de l’histoire (Moshav Shitufi) en Israël : Nahalal. Les deux étaient circulaires et magnifiquement pensés jusque dans les moindres détails. Ganor nous a expliqué qu’après cela, si les villes judéennes ont suivi le même plan, cela n’a pas été le cas des villes de l’ancien Israël, au nord de la Judée.
Les murs de la ville faisaient 700 mètres de circonférence. Ils étaient d’un genre spécial connu comme des murs « croisés ». Cela signifie que les maisons étaient construites directement dans les murs, et que leurs pièces du fond étaient probablement utilisées pour conserver des produits. La petite ouverture dans le mur interne, qui permettait aux habitants d’avoir accès à cette pièce, pouvait facilement être bloquée en cas d’attaque imminente.
Les deux portes sont appelées « Portes des Quatre Chambres » (Taim en hébreu) parce qu’il y a quatre portes ouvertes dans chacun d’entre elles. C’est là où se tenaient les soldats lorsqu’ils étaient de garde la journée si la porte était ouverte. Les entrées étaient de près de quatre mètres de large, certainement parce qu’à l’époque, cela correspondait à la longueur standard des portes d’un portail.
Juste après les quatre chambres, deux espaces ouverts offrant toujours leurs planchers d’origine ont servi de places centrales de la ville. Tous les types d’événements passionnants auraient eu lieu sur la place centrale.
Les agriculteurs dont les champs étaient en dehors de la ville auraient vendu leurs produits ici ; les prophètes auraient sans aucun doute harangué les fidèles d’ici, de même que les juges. Et ce type de place centrale était aussi l’endroit favori des anciens de la ville.
 

 
Les vestiges d’une maison de Qeiyafa (Crédit : Shmuel Bar-Am) 

De toute évidence, l’hébreu a été parlé ici. Sur l’une des maisons, les archéologues ont découvert un tesson de poterie incroyable, ou « ostracon » contenant cinq lignes de 70 lettres. Ses premiers mots commencent par « Al taassé » – ou « Ne fais pas ». La racine du mot « Taassé » apparaît uniquement en hébreu et le texte inclut les mots de « juge ».
Adjacente à la place centrale, les archéologues ont découvert une pièce qui a été utilisée pour le culte – l’une des trois chambres trouvées dans les maisons de la ville. Les autres chambres dans toutes les maisons contenaient des articles comme les ustensiles et les outils de cuisine. Mais dans les chambres de culte étaient absents les objets du quotidien.
Au lieu de cela, il y avait tout l’équipement pour l’onction avec des autels de basalte. Des bancs bordaient les murs, et dans cette salle de culte particulière les archéologues ont trouvé deux modèles décoratifs du temple – l’un en argile et l’autre, une pièce unique sculptée dans la pierre.
En revanche, ils n’ont pas trouvé d’idoles. Pas même une seule figurine. Ni ici ni dans aucune des 60 chambres qui ont été excavées. Cette absence renforce la conviction des archéologues qu’il s’agit d’une ville de Judée – des figurines ont été trouvées dans des fouilles partout dans d’autres régions d’Israël et, bien sûr, sur des sites cananéens et philistins.
 

 
L’auge (Crédit : Shmuel Bar-Am) 

Une petite pièce comporte une colonne et une auge. Ce fut effectivement une
 écurie ; ainsi pensent les archéologues, qui ont apporté un âne pour tester leur théorie. A leur grand plaisir, dès que l’âne a été introduit dans la chambre, il est allé directement à l’auge !
Malgré les fortifications, la ville semble avoir été incapable de résister à la moindre attaque. Seules deux citernes ont été préparées à l’intérieur de la ville, car il y avait beaucoup d’eau dans les sources de la vallée à l’extérieur des murs. Et la présence des deux portes, impressionnantes, n’ont malgré tout pas réussi à défendre la ville comme il se doit.
Des dizaines de plats en terre cuite et des ustensiles, brisés en morceaux, ont été trouvés dans chaque maison. Cela montrerait que 40 ans après que la ville ait été construite, un ennemi – sans doute les Philistins – avaient attaqué et conquis Qeiyafa. Tout ce qui semblait précieux a été emporté, et le reste détruit.
Des ruines d’une structure massive ont été trouvées dans le centre de la ville, sur la crête de la colline. A l’époque du roi David cet édifice aurait été assez grand et complexe pour avoir servi de palais où il pouvait résider. Décoré avec de l’albâtre importé d’Égypte, il offre également une vue fantastique sur les deux portes, vers la mer Méditerranée d’un côté, et vers la vallée de l’autre. De là, David pouvait sans doute voir les torches des messagers se transmettre de colline en colline – la manière dont les gens obtenaient l’information, il y a bien longtemps…

Photo aérienne de Qeiyafa (Crédit : Hebrew University et l’Autorité israélienne des Antiquités )
 
Source Times Of Israel