mercredi 5 novembre 2014

Faux ordres de virement : Michelin piégé !


Michelin connaissait les « arnaques dites du président ». Des escrocs se faisant passer pour Jean-Dominique Senard (président, gérant de Michelin, NDLR), qui téléphonaient à un employé de la manufacture et lui demandaient d’effectuer un virement de plusieurs millions d’euros, au motif d’une « opération exceptionnelle et confidentielle »...

Le manufacturier, bien sensibilisé au fléau des faux ordres de virement, avait, chaque fois, déjoué ces tentatives, une vingtaine au total, subies sur l’ensemble de ses sites dans le monde. Mais cette fois, confronté à un nouveau mode opératoire, le géant français du pneu est tombé dans le panneau (lire notre édition d’hier). Bibendum vient de se faire dérober 1,6 million d’euros. Une somme non récupérée.
Mi-octobre. Une personne se disant directeur financier d’un fournisseur de Michelin contacte le service comptabilité du siège clermontois. Et demande à ce que les règlements destinés à cette société soient effectués sur le compte d’une banque en République tchèque.
Parce que le salarié de Michelin contacté ne connaît pas tous les chefs comptables de l’ensemble des fournisseurs, il effectue la transaction. Le pot aux roses n’est découvert que le 27 octobre, au retour de congés du « vrai » responsable financier du fournisseur. Ce dernier se rend compte que les factures dues par Michelin n’ont toujours pas été réglées. Il contacte le manufacturier qui découvre l’escroquerie et dépose plainte le 28 octobre.
C’est la première fois qu’une entreprise subit ce type d’escroquerie en Auvergne. Au niveau national, une arnaque similaire avait touché une société basée dans l’est de la France. Mais elle avait été découverte à temps. L’argent viré avait pu être récupéré.
Dans ces deux affaires, les escrocs sont a priori les mêmes. Les enquêteurs sont sur la piste de francophones établis en Israël, dont certains sont connus pour avoir fait leurs armes en France dans les arnaques aux faux annuaires et fausses publicités ou encore dans les fraudes à la TVA et à la taxe carbone. Problème : les commissions rogatoires internationales adressées par les juges français à l’État hébreu restent lettre morte.

Cosaisis avec les hommes de la juridiction interrégionale spécialisée de Lyon, les enquêteurs de la police judiciaire clermontoise multiplient les auditions, épluchent les numéros de téléphone utilisés... Contactée, l’entreprise Michelin n’a pas souhaité réagir.
Pour se protéger face à ce nouveau mode opératoire, un enquêteur adresse un conseil : « Avant de virer l’argent, il faut de vérifier la réalité des changements de coordonnées bancaires en passant un coup de téléphone au fournisseur et en composant un numéro qui a déjà fait ses preuves. »

Par Nicolas Faucon

Source La Montagne