vendredi 28 novembre 2014

Haftara Vayesté : Ciel et Terre...


La vision de l’échelle de Jacob dans notre paracha est une allusion à l’union de la Thora et de la politique, lui révélant précisément au moment de se rendre en exil, qu’il est possible de relier Ciel et Terre. La Haftara de cette semaine varie selon les communautés. Les ashkénazes lisent la conclusion du livre d’Osée à partir de « Jacob s’était réfugié » (12, 13). Les séfarades lisent ce qui précède, de « Oui, mon peuple se complaît dans sa rébellion contre moi » (11, 7) jusqu’au verset 12, 12, alors que les yéménites font de même mais ajoutent les deux premiers versets des ashkénazes (12, 13-14). Enfin, certains séfarades poursuivent jusqu’à 13, 5 « sur les plages brûlantes »...
 


Essayons de comprendre la signification des versets communs aux différentes communautés, car ils recèlent certainement une intensité commune à tout Israël.
A proximité de l’intersection des différentes lectures nous trouvons deux versets similaires :
 •« Je suis l’Eternel, qui fus ton Dieu dès le pays d’Egypte; Je te rétablirais dans tes tentes comme aux jours mémorables! » (12, 10).
 •« Je suis l’Eternel, qui fus ton Dieu dès le pays d’Egypte; tout autre Dieu que Moi devait t’être inconnu, et il n’est pas de libérateur en dehors de Moi » (13, 4).
Ces deux versets reviennent sur la première des Dix Paroles : « Je suis l’Eternel ton Dieu », tout en omettant l’expression « qui t’ait fait sortir » qui suit. Nous découvrons ici qu’au-delà de l’obligation de recevoir le joug divin parce qu’Il nous a faits sortir d’Egypte (Rachi 20, 2 : « votre sortie justifie que vous soyez soumis à Ma puissance »), le peuple d’Israël a une appartenance innée à Dieu bien avant qu’il n’ait reçu une quelconque faveur de Lui. Cette appartenance est appelée par nos sages « Segoula », et c’est cette force innée qui s’éveille à l’époque de la Délivrance : « Tu apportes à leur postérité un rédempteur qui viendra pour Ta gloire » (première bénédiction de la amida). La Segoula ne signifie pas que les actes n’ont pas d’importance. Il s’agit simplement du mérite le plus significatif : le mérite de l’être.
La connaissance de « Je suis l’Eternel ton Dieu » libère le peuple d’Israël de toute soumission, « car seul le serviteur de Dieu est véritablement libre » (Rabbi Yehouda Halevi). Cette liberté innée entraîne deux missions : la Thora et la politique.

C’est l’indépendance économique, qui prit forme lorsque le peuple d’Israël campa autour de la Tente d’Assignation, lorsqu’il mangea du pain venu du ciel, qui permet l’adoption de la Thora comme occupation permanente, comme il est expliqué dans le premier verset cité plus haut.
D’autre part, l’indépendance politique n’est possible en Israël que par le fait que nous ne connaissons d’autre souveraineté que celle du Créateur, comme il est indiqué dans le second verset. La foi en Dieu ne peut être complète sans la réalisation des deux missions.
La vision de l’échelle de Jacob dans notre paracha est une allusion à l’union de la Thora et de la politique, lui révélant précisément au moment de se rendre en exil, qu’il est possible de relier Ciel et Terre.

La Thora sans indépendance politique, perd toute sa pertinence pour la réparation du monde. C’est la dimension politique qui confronte le peuple d’Israël avec sa mission historique, à savoir la révélation qu’aucun intermédiaire n’est nécessaire pour rencontrer le Créateur. Tout ce qui est nécessaire est de s’attacher à Son peuple, le peuple libre.
Source Noahide World Center