jeudi 6 novembre 2014

Israel respire, l'après Obama a commencé...


Depuis 2008, il dominait la politique américaine comme une icône. Depuis hier, Barack Obama n'est plus au coeur des enjeux. La cinglante défaite de son parti démocrate, tant au Sénat qu'à la Chambre des représentants, est une défaite personnelle. Elle n'enlève rien au symbole historique qu'a été son accession à la Maison Blanche en tant que noir américain. Peut-être cette défaite n'enlèvera-t-elle rien, à l'avenir, au bilan économique de ses six ans de pouvoir, à certains égards miraculeux quand on repense au gouffre financier de septembre 2008. Mais la leçon politique du vote de mardi est sans appel...


Les républicains ont été habiles à transformer ce scrutin en un référendum sur sa personne. Cela leur a permis de masquer leurs profondes divisions tout en captant l'humeur un peu aigrie des électeurs, en mal de patience avecWashington. Et avec une reprise économique souvent impalpable pour la classe moyenne.
Obama est, depuis hier, ce que les Américains appellent un lame duck, un canard boiteux. Un sort que ses quatre prédécesseurs ont connu avec plus ou moins de fortune : claudiquer jusqu'à la fin de son mandat. Va-t-il parvenir à surmonter le blocage qui règne au Congrès depuis 2010 ? Des discussions ont déjà cours entre les deux partis. Sur une baisse de l'impôt sur les sociétés. Sur le projet d'accord de libre-échange avec l'Asie. Même sur la construction d'un grand pipeline, du Canada au Golfe du Mexique, un donnant-donnant est peut-être possible.
L'identité républicaine à définir
Mais à compter de janvier, c'est un Congrès plus proche d'Israël et plus éloigné de Téhéran auquel Obama aura à faire. Les négociations sur le nucléaire iranien passent, en outre, telles qu'elles sont engagées, par une implication de Moscou. Or, les républicains ne le voient pas d'un bon oeil. La marge pour un succès d'Obama de fin de mandat en politique étrangère est très réduite.
En fait, le vrai sujet, dorénavant, est ailleurs. Il porte essentiellement sur l'identité du parti républicain, si évanescente jusqu'ici. Imbattables dans le tir de barrage anti-Obama, les ténors du GOP n'ont en réalité pas de programme structuré. Et lorsqu'ils évoquent les sujets cruciaux (immigration, salaires, rôle des États-Unis dans le monde), ils le font en ordre dispersé.
Entre une âme ultraconservatrice qui a dicté sa loi depuis dix ans et les républicains classiques comme le très dynastique Jeb Bush (frère cadet de George W, en embuscade pour 2016), il y a aussi quelques solistes notables. Notamment le libertarien Rand Paul, propulsé par le Tea Party dont il sait s'émanciper. Il intrigue, innove. Propose moins d'État à son camp qui ne demande pas mieux. Mais aussi moins d'Amérique dans le monde, ce qui peut faire tousser l'establishment républicain et l'appareil militaire. La synthèse ne sera pas facile à trouver. Au Sénat et à la Chambre, les chefs républicains vont avoir du mal à tenir leur majorité.
Or, la présidentielle de 2016, c'est demain. En juin prochain, la bataille fera déjà rage. Les républicains ne pourront pas se contenter d'une machine de guerre électorale reposant sur le seul charisme d'un candidat. Ils doivent, enfin, se frotter à des défis incontournables pour eux et le pays. L'évolution démographique donnant un poids électoral durable aux minorités. Le vote des femmes, des jeunes. La capacité de la politique à gouverner l'économie. C'est probablement sur ce dernier point qu'Obama a fait beaucoup de déçus. C'est là que les républicains sont attendus.
Source Ouest France