vendredi 14 novembre 2014

Paracha et Haftara Hayé Sarah

 
Un jour que ses élèves s'étaient laissés abandonner à une douce somnolence, rabbi Aqiva leur lança : « Pourquoi Esther a-t-elle mérité de régner sur cent vingt-sept provinces ? C'est parce qu'elle descendait de Sara, laquelle a vécu pendant cent vingt-sept ans » ( Berèchith rabba 58, 3)...




Ce rapprochement paraît purement fortuit et destiné uniquement à éveiller l'attention d'un auditoire inattentif. Cependant, explique le Sefath émeth de rabbi Yehouda Aryé Leib Alter (1847 - 1905), il fait en réalité appel à la relation qui unit les notions d'espace et de temps.
Le temps opère comme une sorte de compte-goutte par lequel s'exerce l'influence de Hachem . Si l'homme devait recueillir d'un seul coup toutes Ses bontés, il ne pourrait pas les assumer.

Aussi Hachem a-t-il introduit la notion de temps afin d'atténuer la force de Son rayonnement et de Ses bienfaits.
Or, la particularité de Sara a été qu'elle a entièrement échappé à l'emprise du temps : C'est à l'âge de quatre-vingt-dix ans qu'elle a donné naissance à Isaac ( Berèchith 17, 17). De plus, elle était à cent ans comme à vingt, sans péché. Et à vingt ans, elle était aussi belle qu'à sept ( Rachi ad Berèchith 23, 1).
Quant à Esther, elle a mérité de se soustraire à la notion d'espace, et de pouvoir ainsi rendre leur indépendance à toutes les cent vingt-sept provinces sur lesquelles avait dominé Assuérus.
 

Haftara Hayei Sarah : Avichag la Sunamite

Avichag la Sunamite, cette belle jeune fille que les courtisans du roi David ont choisie pour lui tenir compagnie dans ses derniers jours, occupe une place importante, bien que discrète, dans la tentative de révolution de palais qu'a fomentée Adonias, héritier présomptif de ce monarque.
Adonias se croyait destiné à monter sur le trône.

Il était en effet le quatrième fils de David (II Samuel 3, 2), ses deux aînés, Amnon et Absalon étant morts, et Kilav, fils d'Avigaïl, ne pouvant être appelé à régner, selon Yossef Kaspi, de L'Argentière (1279-1340), en raison de l'union précédente de sa mère avec Naval, personnage totalement corrompu (I Samuel 25, 25).
Après son échec et le choix par David de Salomon comme son héritier, Adonias sollicita de Bath-Chéva' , mère de ce dernier, l'autorisation de prendre Avichag la Sunamite pour femme (I Rois 2, 13 et suivants).
Bath-Chéva' , qui ne voyait aucune raison de rejeter cette requête, la transmit à son fils avec un avis favorable. Salomon cependant la repoussa d'emblée, et ce en des termes d'une violence inattendue : « Pourquoi demandes-tu Avichag, la Sunamite, pour Adonias ?

Demande aussi pour lui le royaume, car il est mon frère plus âgé que moi [?] » Et le roi Salomon jura par Hachem , en disant : « Que Dieu me fasse ainsi, et ainsi y ajoute, si Adonias n'a pas prononcé cette parole contre sa propre vie [?] et qu'aujourd'hui Adonias soit mis à mort ! » (2, 22 et suivants).
En fait, expliquent les commentateurs, la demande d'Adonias constituait un crime de lèse-majesté. La Michna ( Sanhédrin 2, 5) dispose que « l'on ne doit pas monter sur le cheval du roi, ni s'asseoir sur son trône, ni se servir de son sceptre », et la Guemara précise à ce sujet ( Sanhédrin 22a) qu'Avichag était permise en mariage à Salomon, mais qu'elle était interdite à Adonias.
C'est ainsi qu'Adonias, en demandant la main d'Avichag, se posait en prétendant au trône royal, ce qui constituait la suprême injure au roi légitime. Voilà pourquoi « le roi Salomon envoya Benaïahou, fils de Yehoïada, qui se jeta sur lui et il mourut » (2, 25).

Et Radaq fait observer à ce sujet que, bien que Benaïahou fût kohen et donc tenu de se garder de toute impureté au contact d'un mort, l'obéissance à un ordre du roi est passé avant toutes autres prescriptions de la Tora .

Jacques Kohn

Source Chiourim