mardi 16 décembre 2014

Abandon du projet de TVA à 0 % : après l’espoir, la désillusion...


Nul ne saura jamais si le projet de Yaïr Lapid de supprimer la TVA de 0 % aurait été viable. Les premiers à s’insurger furent les économistes. On se souvient du choc que causa la démission d’un directeur du Budget : désavoué par l’un de ses hauts fonctionnaires, le tout nouveau promu ministre des Finances venait de recevoir son premier désaveu...


Lequel – déchu de ses fonctions par le Premier ministre – ne semble toujours pas avoir compris la leçon, puisqu’il vient de déclarer : « Si j’avais été ministre des Finances un peu plus longtemps, je vous aurais fait une vie quotidienne aussi douce que le miel ! »
Ceux qui dénoncèrent l’absence de viabilité de la mesure avaient sur quoi se baser : dans un marché où la demande est supérieure à l’offre, la suppression de la TVA n’aurait pas fait baisser les prix de l’immobilier parce que vendeurs et promoteurs n’auraient eu aucun mal à compenser la baisse autoritaire qu’on voulait leur imposer.
Pour les promoteurs et les professionnels de l’immobilier, c’est plutôt une bonne nouvelle.

La TVA à 0 % augurait d’un contrôle des prix des appartements qui aurait réduit les marges des entrepreneurs, et donc leur volonté de construire. Car il était prévu de mettre en place toute une réglementation fixant par zone un prix plafond du mètre carré habitable.
Loin de simplifier l’accès à la propriété, cette mesure aurait nécessité de nouvelles formalités bureaucratiques – exactement le contraire de ce que le bouillant ministre des Finances désirait initier.
Pour les jeunes couples voulant accéder à la propriété, la mise à la trappe du projet ne changera pas grand-chose, sinon qu’ils auront attendu pour rien. Pour eux, c’est retour à la case départ, avec souvent un enfant en plus, et la perspective de devoir rester longtemps locataires, ou vivre encore plus aux crochets de parents qui, pour aider leurs enfants, s’endettent parfois au-delà de l’âge de la retraite.
Pour le budget de l’État, c’est l’assurance que les responsables de la comptabilité nationale,  désormais libérés de l’obligation de renforcer la fiscalité pour compenser le manque à gagner d’une TVA à 0 %, parviendront à maintenir le déficit dans des limites acceptables.
Enfin, pour la démocratie, au sens le plus strict, l’abandon de la TVA à 0 % est une bonne nouvelle.

On se souvient que Yaïr Lapid avait prévu de n’accorder le bénéfice de sa loi qu’à certaines catégories de citoyens, jugés plus « méritants » que d’autres, comme si le droit à un logement décent n’était pas universel. De facto, la société israélienne était invitée à un exercice de discrimination sociale, menaçant l’unité du peuple juif sur sa terre, excluant les religieux et réduisant leur engagement spirituel à n’être qu’une pratique parasitaire – le comble pour un État juif !
C’est aussi une victoire pour la démocratie, car si elle consacre le droit de chacun à s’exprimer, elle aura démontré que certains usent et abusent de ce droit, pour promettre tout et n’importe quoi. L’épisode Lapid aura peut-être ainsi contribué à rendre moins naïve une bonne partie de la classe moyenne israélienne.
Désormais, qu’il soit riche ou pauvre, laïque ou religieux, qu’il ait donné trois ans de ses jeunes années à Tsahal ou qu’il entende mener une vie de Torah et en faire sa profession, chaque citoyen – chaque famille – en quête d’un toit se retrouve à présent seul face au marché immobilier et à ses lois. Comme avant.


Source Hamodia