mardi 2 décembre 2014

L’économie israélienne peut-elle se passer des travailleurs arabes ?

 
La recrudescence des attentats en Israël relance la polémique sur l’emploi des citoyens arabes; l’exclusion des Arabes paralyserait certains secteurs. En interdisant à des ouvriers arabes de travailler dans les écoles, le maire d’Ashkelon a ouvert une polémique sur le rôle des Arabes dans l’économie israélienne. Le débat public concerne les citoyens arabes israéliens, et non pas les Palestiniens de Judée-Samarie et de Gaza qui doivent obtenir un permis pour venir travailler en Israël. Le refus d’employer des Arabes paralyserait de nombreux secteurs d’activité : démonstration par quelques chiffres...Analyse...


UN SALARIÉ ISRAÉLIEN SUR SEPT EST UN ARABE

En 2014, les salariés arabes d’Israël comprenaient 390.000 individus, soit 13% de la main d’œuvre totale israélienne ; autrement dit, les citoyens arabes représentent une force de travail qui n’est pas négligeable pour les entreprises et commerces du pays. Si l’exclusion des ouvriers arabes se généralisait, de nombreux secteurs de l’économie israélienne devraient cesser rapidement leur activité.
Les Arabes israéliens de 2014 ne sont plus uniquement des agriculteurs : seulement 2,5% d’entre eux travaillent dans l’agriculture, soit 9.000 salariés agricoles arabes. Aujourd’hui, la place des travailleurs arabes dans l’économie israélienne est d’autant plus importante que la majorité d’entre eux (45%) se concentre dans trois secteurs : la construction, l’industrie et le commerce.
Leur poids n’est pas négligeable non plus dans les transports (6% d’entre eux) et l’hôtellerie & restauration (5% d’entre eux). Parmi les raisons qui incitent un employeur israélien à embaucher un arabe : un salarié arabe se contente d’un salaire inférieur de 36% comparé à celui d’un juif.

CONSTRUCTION : UN OUVRIER SUR DEUX EST ARABE

« Il n’y a aucune chance pour que nous renoncions à employer des ouvriers arabes » vient de déclarer le président de la Confédération des promoteurs immobiliers à Jérusalem. Et pour cause : le secteur de la construction est le principal pourvoyeur d’emplois pour les Arabes israéliens. En 2014, 66.000 ouvriers arabes travaillent sur les chantiers de construction, soit la moitié des salariés de la construction en Israël.
Pour les promoteurs immobiliers, cette main d’œuvre arabe est irremplaçable : l’ouvrier arabe se contente d’un salaire plus faible que le juif, alors qu’il est prêt à effectuer des travaux physiques, difficiles et salissants.
Ces dernières années, le gouvernement israélien a bien essayé d’attirer les juifs dans les métiers du bâtiment : incitations financières, formation professionnelle, etc. Rien n’y fait : en 2014, 3% des salariés juifs travaillent dans la construction, contre 17% des salariés arabes.

COMMERCE : UN OUVRIER SUR SIX EST ARABE

En 2014, 56.000 Arabes israéliens travaillent dans la branche du commerce ; il s’agit surtout du commerce de détail, garages, menuiseries ou ferronneries. Les Arabes représentent 16% des salariés de la branche, soit un ouvrier sur six.

INDUSTRIE : UN OUVRIER SUR SEPT EST ARABE

En 2014, 51.000 Arabes israéliens travaillent dans la branche du commerce. Les arabes représentent 13% des salariés de la branche, soit un ouvrier sur sept. Dans l’industrie israélienne, la plupart des Arabes sont des ouvriers non spécialisés, exerçant des métiers n’exigeant pas de formation professionnelle importante et faiblement rémunérés.

RESTAURATION & HÔTELLERIE: UN ARABE SUR SIX

En 2014, 20.000 Arabes travaillaient dans les cafés, restaurants et hôtels du pays. Pour cette branche de la restauration, les Arabes représentent 13% de la main d’œuvre employée ; autrement dit, les services de cuisine ou de nettoyage de nombreux restaurants et hôtels israéliens sont fortement dépendants de cette main d’œuvre bon marché.
De nombreux autres activités auront aussi des difficultés à fonctionner sans leurs salariés arabes : les hôpitaux auraient du mal à se séparer de leur personnel arabe (médecins, infirmiers), qui remplissent notamment un rôle important le shabbat en remplaçant les juifs qui préfèrent ne pas travailler ; les rues des villes israéliennes seraient beaucoup moins propres sans les employés arabes de la propreté, les compagnies d’autobus manqueraient de chauffeurs sans les Arabes, etc. Un boycott trop rapide des citoyens arabes d’Israël mettrait en danger son économie tout entière.

Jacques Bendelac (Jérusalem)
Source Israel Valley