mercredi 10 décembre 2014

Tuerie au Musée juif de Bruxelles : cinq personnes en garde à vue à Marseille

 
Cinq personnes, âgées de 19 à 27 ans – trois hommes et deux de leurs compagnes – ont été interpellées et placées en garde à vue, mardi 9 décembre, à Marseille, dans le cadre de l'information judiciaire ouverte le 10 octobre sur la tuerie du Musée juif de Bruxelles, qui avait fait quatre morts le 24 mai...


Il s'agit des premières arrestations depuis celle de Mehdi Nemmouche, le tireur présumé, interpellé le 30 mai à Marseille à la descente d'un bus en provenance de Bruxelles en possession d'une Kalachnikov, de munitions, d'un revolver et d'une caméra miniature GoPro. Depuis ce jour, les enquêteurs de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et de la police judiciaire cherchent à découvrir les éventuelles complicités dont a pu bénéficier ce Français de 29 ans originaire de Tourcoing.

NOMBREUX SÉJOURS EN PRISON

L'un des suspects interpellés mardi a rencontré Nemmouche lors d'un de ses nombreux séjours dans les prisons du sud de la France effectués entre décembre 2007 et décembre 2012. C'est durant ces années de détention que le tireur présumé de la tuerie de Bruxelles s'est radicalisé et que son comportement prosélyte lui vaudra d'être signalé, en 2009, à la DCRI (ex-DGSI) par l'administration pénitentiaire.
Mehdi Nemmouche a été remis à la justice belge le 29 juillet pour y être jugé. Mais les enquêteurs français, qui travaillent en étroite collaboration avec leurs homologues belges, cherchent toujours à éclaircir les raisons de son passage à Marseille quelques jours après la tuerie : voulait-il rejoindre l'Algérie par bateau, commettre de nouvelles attaques en France ou se mettre « au vert » chez des connaissances ?

Les cinq interpellations de mardi « tournent autour de ses contacts à Marseille, et de la provenance des armes qu'il avait en sa possession le jour de son arrestation », résume une source proche de l'enquête. Les enquêteurs disposent notamment d'éléments de localisation de téléphones.

« ABOU OMAR LE COGNEUR »

Le parcours de Mehdi Nemmouche, que tentent de retracer les enquêteurs, est des plus tortueux. A sa sortie de prison le 4 décembre 2012, il file en Belgique, à Courtrai, à quelques kilomètres seulement de sa famille établie à Tourcoing. Le 31 décembre, il s'envole pour la Syrie, en passant par Bruxelles, Londres, Beyrouth et Istanbul.
Durant un an, il sert dans les rangs de l'Etat islamique en Irak et au Levant. Exécutant de base, il aurait été présent dans l'ancien hôpital ophtalmologique d'Alep, le lieu de détention des quatre journalistes français Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres, enlevés en Syrie en juin 2013, comme l'avait révélé Le Monde. Chargé de leur surveillance, celui qui est alors surnommé « Abou Omar le cogneur » aurait fait preuve d'une grande brutalité à l'égard des otages.
Mehdi Nemmouche quitte Istanbul le 21 février 2014 pour la Malaisie, où il séjourne un mois et demi en effectuant de courtes escapades à Singapour et à Bangkok, dans une volonté manifeste de brouiller les pistes. Il atterrit finalement à Francfort, en Allemagne, le 18 mars, avant de disparaître à nouveau jusqu'à son interpellation, le 30 mai, à Marseille. Qui a-t-il contacté entre son retour et la tuerie de Bruxelles, six jours plus tard ? Comment s'est-il procuré ses armes ? L'issue de la garde à vue des cinq personnes interpellées mardi pourrait apporter quelques éléments de réponse.

Source Le Monde