vendredi 2 janvier 2015

Analyse : le Shass survivra-t-il aux éléctions israéliennes de 2015 ?

 
Ça ressemblait à un coup classique que peut faire un dirigeant politique, le genre de tour que David Ben Gourion avait l'habitude de faire: le président du Shas Aryeh Deri qui donne sa lettre de démission au Conseil des Sages de la Torah du Shas, qui voient leur parti s'effondrer sous leurs yeux, à la veille des élections...


La maison du feu rabbin Ovadia Yosef se trouve à environ 200 mètres de celle de Deri. Les députés Shas de la Knesset accompagnent les membres du Conseil. Ils sont disposés à supplier Deri, à céder sur plusieurs points, à prier, et même à lui imposer la juridiction rabbinique.
Mais Deri n'est pas chez lui. Ils sont accueillis par ses filles, qui ne savent pas où leur père est allé.
Ils finissent par lui parler au téléphone. Deri n'est pas en ville. Il promet de rendre visite à chaque rabbin séparément mardi et explique pourquoi il a décidé de démissionné.
Malgré l'insistance du Conseil des Sages de la Torah du Shas de retenir Aryeh Deri, celui-ci a fait savoir mardi qu'il était déterminé à quitter le parti et a même envoyé sa lettre de démission du parlement israélien au président de la Knesset Yuli Edelstein.
Ses collaborateurs ont affirmé lundi soir que les attaques personnelles dont il a été la cible de la part des amis de l'ancien président du Shas Eli Yishai (que les hommes de Deri ont qualifié de "persécution") l'ont poussé à prendre cette décision.
Ce n'est pas seulement la diffusion d'un enregistrement du rabbin Ovadia Yossef sur la chaine Arutz 2, dans lequel on entend l'ancien chef spirituel du Shas le traiter de "diable, de "rebelle" et de "voleur" qui ont affecté Deri. Il y a aussi toutes les rumeurs sur lui qui ont été répandues ces deux dernières années.
Il y a sans doute de nombreux enregistrements du Rabbi Yossef, et elles sont toutes contradictoires. Quiconque pensait que le rabbin Yossef n'utilisait des termes péjoratifs seulement à l'encontre des laïcs avait tort.
Mais les mots ont été dit, et ils ont gravement touché non seulement le statut de Deri et sa légitimité à diriger la liste du Shas aux les élections, mais ils surtout abîmé la terrifiante autorité du rabbin défunt.
Alors que Deri a confirmé mardi qu'il quittait définitivement le Shas, il est possible que le Conseil des Sages de la Torah désigne l'ancien ministre Ariel Atias, qui a quitté le parti pour s'occuper de ses affaires, à la tête du parti, à moins que ne soit choisi un des députés siégeant à la Knesset, ou encore un des fils du Rabbi Yossef.
Les chances d’Eli Yishai de reprendre le contrôle de Shas sont minces. La plaie est ouverte et le sang s'écoule. Les chances de voir sa liste de franchir le seuil électoral, qui étaient déjà faibles au départ, ont considérablement diminué lundi. Il sera alors facile de le dépeindre comme un traître.
De nombreuses voix du Shas devraient aller vers d'autres partis. La plupart des électeurs religieux devaient voter pour la liste ultra-orthodoxe ashkénaze. Quant aux électeurs traditionnels, ils devraient se replier vers le parti Kulanu de Moshe Kahlon, Habayit Yehudi ou encore le Likoud.
Les partis ultra-orthodoxes s'assoient généralement sur un noyau dur et passionné. Habituellement, ils ne disparaissent pas. Mais le Shas est un parti orthodoxe différent : il dépend beaucoup de l'état de l'esprit des électeurs. Les événements de ces dernières semaines placent aujourd'hui son existence dans un état d'incertitude.

Source I24News