mardi 27 janvier 2015

Azerbaïdjan - Israël, une relation à toute épreuve

Une photo prise lors de la rencontre des Présidents azerbaidjanais et israelien M. Shimon Peres et M.Ilham Aliyev
 
Les relations solides de la coopération entre Israël (l'État hébreu) et l'Azerbaïdjan (l'État laïc de la majorité musulman chiite) représentent un modèle idéal pour la plupart des pays du Monde, et pas seulement pour le monde arabo-musulman. Aujourd'hui aucun pays, ni en Asie, ni en Europe n'a des liens aussi étroits et aussi chaleureux avec Israël que l'Azerbaïdjan...


Cette situation surprend beaucoup de gens parce que l'Azerbaïdjan est un pays ayant une majorité musulmane chiite et, parce que Bakou n'a pas encore établi de façon officielle une mission diplomatique en Israël. 
Mais les raisons de cette relation étroite se trouvent à la fois dans l'amitié de longue date entre l'Azerbaïdjan et les Juifs vivant en Azerbaïdjan. Contrairement à de nombreux peuples des sociétés modernes, les Azerbaïdjanais n'ont jamais vu les Juifs comme des extérieurs.

C'est ainsi que la coopération économique et même politique émergente entre les deux pays fonctionne, ce développement est favorisé par les Israéliens ayant des racines en Azerbaïdjan.
L'Azerbaïdjan est le troisième pays musulman après la Turquie et l'Egypte à développer des relations stratégiques et économiques bilatérales avec Israël. Les liens diplomatiques entre Israël et l'Azerbaïdjan ont été établi dès les premiers jours de l'indépendance de l'Azerbaïdjan proclamée le 18 octobre 1991.

Le 25 décembre 1991, l'État d'Israël a officiellement reconnu l'indépendance de l'Azerbaïdjan, devenant l'un des premiers États à le faire, et a établi le 7 avril 1992 des relations diplomatiques avec la République d'Azerbaïdjan. Eliezer Yotvat a été nommé comme premier ambassadeur de Tel-Aviv en Azerbaïdjan.
Le gouvernement azerbaïdjanais n'avait qu'une relation économique avec AZAL (La compagnie aérienne nationale d'Azerbaïdjan), en Israël.
En plus d'AZAL, le nouveau bureau ouvert par la chaine de télévision privée Lider représente officieusement depuis cette époque le gouvernement azerbaïdjanais en Israël.
C'était la première fois qu'un réseau de télévision azerbaïdjanaise envoyait un correspondant permanent afin d'entretenir des rapports avec Israël et d'autres pays du Moyen-Orient. 
Les liens israélo-azerbaïdjanais ont été en expansion avec l'arrivé de Heydar Aliyev, fondateur de l'Azerbaïdjan indépendant. La relation stratégique inclut la coopération dans le commerce et les questions de sécurité, d'échanges culturels et éducatifs, etc.

En effet, la déréglementation du secteur industriel en Azerbaïdjan et les mesures de libéralisation de l'économie ont attirés les entreprises israéliennes. (Modcom System LTD, Elta systems, Bezeq, Maccabee beer, Soltam, Tadrian Communications etc.) De nombreuses entreprises ont investi dans le secteur des services, de l'agriculture, de la technologie et des télécommunications en Azerbaïdjan.
Bakcell, qui a débuté avec une joint-venture entre le Ministère de la communication de l'Azerbaïdjan et GTIB (Israël) au début de l'année 1994, en tant que premier opérateur de téléphonie cellulaire dans le pays est un bon exemple. 
Les relations bilatérales entre Israël et l'Azerbaïdjan entrent en août 1997 dans une nouvelle phase lors de la visite du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Bakou. Soulignant le fait que les Azerbaïdjanais sont un peuple pacifique, le dirigeant azerbaïdjanais Heydar Aliyev a déclaré lors de cette rencontre:  
"Les Juifs ont vécu pendant des siècles ici avec les Azerbaïdjanais. Ils vivaient en paix depuis des siècles en Azerbaïdjan. Et aujourd'hui les Juifs sont des citoyens égaux à part entière de la République d'Azerbaïdjan et l'Azerbaïdjan est leur patrie.
Tout cela crée des conditions favorables pour notre coopération". 
Depuis lors, Israël a développé des liens plus étroits avec l'Azerbaïdjan qui ont contribué à la modernisation des forces armées de ce pays.

L'armée israélienne a été un important fournisseur de l'Azerbaïdjan dans l'aviation, l'artillerie lourde et légère. (antichar et anti-infanterie,...) 
L'Azerbaïdjan est un État culturellement unique dans la région. Il est considéré comme un État laïque qui offre la liberté dans le choix de la religion à ses citoyens et une séparation complète de la religion et de l'État. 
C'est en effet l'un des rares endroits où les Juifs n'ont jamais été persécutés pour leur foi, il y a d'ailleurs quelques communautés juives, (Mountain Jews, Ashkenazi Jews, Kurdish Jews et Bukharian Jews) toujours actives dans le nord du pays. 
En dehors de la communauté juive il y avait d'autres raisons importantes pour le développement des relations entre Israël et l'Azerbaïdjan. Dès la première rencontre, le rapprochement entre l'Azerbaïdjan et Israël a eu lieu pour des raisons rationnelles, qui sont basées sur la diplomatie, le commerce et la sécurité. 
Depuis l'établissement des relations bilatérales, l'Azerbaïdjan a collaboré avec Israël sur des questions stratégiques telles que : la sécurité, le commerce, les échanges culturels et éducatifs.

Mais il faut évoquer que, depuis l'époque de l'indépendance restaurée, l'Azerbaïdjan est en conflit avec l'Arménie à propos de l'occupation par cette dernière du territoire du Haut Karabakh. La Russie soutient l'Arménie politiquement, militairement et économiquement, ce qui permet à l'Arménie de poursuivre son occupation du territoire du Haut-Karabakh, lequel est internationalement reconnu comme un territoire azerbaïdjanais. Lorsque la guerre a éclaté, l'Iran est resté largement neutre en dépit du fait que la grande majorité des chiites habitaient en Azerbaïdjan et que 25 millions d'azerbaïdjanais vivent en Iran. (Contre 9,5 millions d'habitants en Azerbaïdjan aujourd'hui).
L'Iran a traditionnellement apporté son soutien moral au développement socio-économique de l'Arménie et blâme l'Azerbaïdjan pour ses liens étroits avec Israël et les États-Unis. L'Iran a pensé que soutenir l'attitude juste de l'Azerbaïdjan contre l'Arménie serait encouragé l'unification de l'Azerbaïdjan " divisé en deux ".  


Par Said Mousayev

Source L'Express