vendredi 9 janvier 2015

Ce besoin d'Afrique...


Depuis 2000, les sommets "Afrique et reste du monde" s'enchaînent. Le dernier en date et premier du genre (Afrique-USA) a été convoqué par Barack Obama à Washington les 5 et 6 août 2014 où 51 chefs d'Etat africains y ont pris part. En attendant le sommet Afrique-Chine de 2015...Analyse...

Avant, c'était entre continents (Afrique-UE / Afrique-Asie). Maintenant, ce sera davantage entre un continent - l'Afrique - et des pays ciblés. Déjà, de nombreux pays comme la France, la Chine, l'Inde, le Japon et la Turquie, ont des sommets réguliers avec l'Afrique.
Le nouvel ordre marchand, devenu progressivement une compétition sans rémission entre les acteurs, la nouvelle devise semble être désormais "Laissez passer, laissez circuler, chacun pour soi et le marché pour tous".
Deux enjeux principaux sont au cœur de ce ''besoin d'Afrique": ses classes moyennes qui gagnent 3 à 20 dollars par jour (notre marché intérieur) et nos terres arables "land grabbing" (l'achat ou la location à long terme de terres cultivables).
Barack Obama évoque l'Afrique comme "une nouvelle frontière du développement", quand d'autres rapports évoquent l'Afrique comme "une terre d'avenir". En Afrique, devenu "le continent mondialisé", si la coopération (globale et pragmatique) avec la Chine est souvent une affaire d'Etat, en revanche, la présence (agréable et adaptée) indienne en Afrique repose essentiellement sur des groupes privés bien établis en Afrique de l'Est et dans l'Océan indien.
Si les Syriens et les Libanais semblent avoir perdu des positions, Israël en gagne tandis que la Turquie est très active. Le Brésil, aux doubles racines européennes et africaines, s'investit aussi.
Les Occidentaux (Américains et Européens), après des années 80-90 plutôt en retrait, veulent regagner le terrain perdu. L'Australie veille également sur le marché des ressources minières du continent africain. 
Ces dernières années, la Chine a pris de l'avance en Afrique sur les Etats-Unis qui s'intéressent à nouveau au continent. Les investissements et les réalisations de la Chine, sur tout le continent, à l'ouest (Côte d'Ivoire, Nigeria), à l'est (Ethiopie, Mozambique), au sud (Afrique du Sud, Soudan du Sud) et au centre (Congo), ont réveillé l'intérêt américain dans une Afrique devenue la nouvelle frontière économique.
L'Afrique offre, non seulement, des retours sur investissements à nulle autre pareille au monde mais se présente également comme un vaste chantier à ciel ouvert (ou presque) dans le domaine des infrastructures et des écosystèmes. Tout est à (re)faire. Et ceci, dans tous les secteurs d'activité (technologies, grande distribution, transports, santé, éducation, mines, finance, tourisme, etc.).
Les Occidentaux (Europe et Amérique du Nord) ont de puissants atouts: leurs firmes multinationales, leurs compétences dans le domaine agroalimentaire, la force attractive de leurs enseignements supérieurs.
En proie, eux aussi, à la crise économique, les Occidentaux ont besoin de certaines ressources africaines et veulent, dans ce domaine essentiel, contrer l'Asie (Chine, Inde, Corée du Sud, Malaisie, les pays de l'ASEAN).
D'autant plus que l'Asie (méridionale) et l'Orient (Moyen et Extrême), certes riches en ressources minéralisées, sont entrés dans une phase de dépendance alimentaire.
On voit donc que l'Afrique n'est pas seulement une terre de conflits, de misère et d'émigration.
Les investisseurs et décideurs politiques ne se posent plus la question de savoir s'il faut aller en Afrique, mais comment y être. Et au plus vite. La position centrale de l'Afrique, au beau milieu du monde et des quatre autres continents (Europe, Amérique, Asie et Océanie), renseigne beaucoup sur le destin que le Créateur a consacré à l'Afrique et pour lequel elle ne s'y dérobera point: être le moteur du monde.

Par Siré Sy
Source Journal du Cameroun