lundi 26 janvier 2015

Hollande à Auschwitz mardi, sur fond d'inquiétude des juifs de France


François Hollande célèbrera mardi à Auschwitz le 70e anniversaire de la libération des camps de la mort nazis, sur fond de profonde inquiétude chez les juifs de France, trois semaines après les attentats djihadistes dans lesquels quatre d'entre eux ont été tués...
 

Avant de partir pour la Pologne, le chef de l'Etat se rendra mardi matin au Mémorial de la Shoah à Paris (IVe) où il rendra hommage, en présence d'une centaine de survivants des camps, aux 75.000 Juifs de France déportés, sous le régime collaborationniste de Vichy. 
Les présidents français, allemand Joachim Gauck et ukrainien Petro Porochenko, le chef de l'administration présidentielle russe Sergueï Ivanov et le secrétaire américain au Trésor Jack Lew doivent notamment assister à la cérémonie principale mardi après-midi devant le mémorial de Birkenau, lieu d'extermination d'un million de juifs européens.
"Dans les temps que nous connaissons, à un moment où il y a quelques jours, sur le sol de France, des juifs ont été de nouveau assassinés parce qu'ils étaient juifs, il était d'autant plus important que le président s'exprime pour rappeler à la fois la nécessité de se souvenir de l'Histoire et d'en transmettre le sens" pour éviter que "l'abominable" se reproduise, souligne son entourage.
La série d'attaques perpétrées par des jihadistes du 7 au 9 janvier, faisant 17 victimes, dont quatre otages juifs dans un supermarché casher et des journalistes de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, a provoqué une gigantesque onde de choc en France mais aussi à l'étranger.
A Paris, devenue capitale mondiale de la lutte contre le terrorisme, une cinquantaine de dirigeants sont ainsi venus le 11 janvier manifester aux côtés de François Hollande, alors que des millions de personnes défilaient en hommage aux victimes partout dans le monde.
Mais près de trois ans après les tueries perpétrées en 2012 à Montauban et Toulouse par Mohamed Merah, qui avait assassiné sept personnes, dont trois enfants dans une école juive, ces nouveaux attentats ont aussi provoqué un immense traumatisme dans la communauté juive, alors que depuis plusieurs années les actes antisémites se sont multipliés en France.
A tel point, qu'au lendemain de l'attaque meurtrière de la supérette casher de Vincennes, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, rappelait "à tous les juifs de France" qu'Israël était leur "foyer", provoquant une vive réplique de son homologue Manuel Valls : "la France, sans les juifs de France, n'est plus la France".
En octobre 2012, quelques mois après le drame de Toulouse, une passe d'armes similaire avait eu lieu entre François Hollande et M. Netanyahu. "Venez en Israël!", avait déjà lancé le chef du gouvernement israélien. A quoi, le président français avait rétorqué : "la place des juifs de France, c'est d'être en France".
 
La France, premier pays d'émigration vers Israël
 
Significativement, la France est en tout cas devenue en 2014, pour la première fois depuis 1948, le premier pays d'émigration vers Israël, avec plus de 6.000 juifs (contre 3.400 en 2013) ayant quitté l'Hexagone pour rejoindre l'Etat hébreu.
Face à cette situation, l'exécutif a lancé une série de mesures pour renforcer la lutte anti-terroristes, mais aussi restaurer le respect des règles de laïcité.
En particulier dans les établissements scolaires, où des incidents ont émaillé les hommages aux victimes des attentats commis par les frères Saïd et Chérif Kouachi et Amédy Coulibaly.
Pour l'historienne Annette Wieviorka, spécialiste de la Shoah et de l'histoire des juifs au XXe siècle, les récents attentats marquent un tournant.
"On savait, explique-t-elle à l'AFP, que Charlie était menacé, on savait qu'il y avait des problèmes dans les écoles, on savait qu'il y avait Daesh mais brusquement c'est un évènement qui révèle un paysage, et dont malheureusement on ne sait pas quel est son devenir".
"Quand on ne peut pas enseigner l'Histoire de la Shoah, c'est qu'on ne peut pas enseigner grand chose", s'inquiète-t-elle également appelant à "une réflexion sur une refondation de l'école, et peut-être aussi des programmes d'histoire".
Source L'Express