dimanche 11 janvier 2015

Israël / Elections : Retournement de situation en faveur du Likoud


La campagne électorale avait plutôt mal débuté pour Benyamin Netanyahou. Le Premier ministre israélien entrait dans la course avec un handicap majeur, celui de l'usure du pouvoir : après six années à la tête du gouvernement, il était manifeste qu'il lassait les Israéliens. Plus grave encore de son point de vue, les deux arguments auxquels il devait une large part de son succès et de sa longévité politiques ne semblaient plus opérer auprès de l'électorat...


La gestion de la guerre menée contre le Hamas l'été dernier, la série d'attentats isolés commis à Jérusalem et dans les territoires de Judée-Samarie avaient sérieusement entamé l'image du ''Monsieur Sécurité'' capable de garantir de longues périodes de stabilité. Dans les domaines économiques et sociaux, les premiers signes d'un ralentissement de l'activité, la persistance de la crise du coût de la vie et l'aggravation des inégalités sociales avaient mis à mal la confiance de nombreux Israéliens dans les qualités de gestionnaire de leur dirigeant.
Autre problème de taille pour Benyamin Netanyahou, son parti, le Likoud, était de plus en plus perçu comme une formation usée, presque entièrement dépourvue de personnalités charismatiques et populaires, rongée par la tentation du radicalisme. Or ces deux dernières semaines, la situation s'est retournée à la faveur du Premier ministre sortant et de son parti. Premier facteur d'importance dans ce retournement, les élections primaires au Likoud. Le parti au pouvoir s'est doté d'une liste de candidats à la députation plus équilibrée et plus modérée que prévu, privant ainsi ses adversaires d'un précieux argument de campagne.
Toutes aussi importantes, sinon davantage, les profondes crises traversées par deux autres formations politiques. Le véritable mélodrame au parti religieux Shas, consécutif à la scission de son ancien président, Eli Yishai, et à l'âpre rivalité qui l'oppose à son successeur, Arieh Deri, d'un coté, l'affaire de corruption à grande échelle qui a éclaboussé plusieurs cadres du parti dirigé par le ministre des affaires étrangères Avigdor Lieberman de l'autre : de bonnes nouvelles pour le Likoud, qui peut prétendre récupérer une part importante des électeurs traditionnels de ces deux partis.
De fait le Likoud a retrouvé, dans la plupart des derniers sondages, sa place de meneur en termes d'intentions de vote, devançant d'une courte tête la liste de centre-gauche menée par Yitzhak Herzog et Tzipi Livni.
L'actualité diplomatique a par ailleurs fourni au parti au pouvoir et à son chef de file de nouveaux arguments. Les démarches entreprises par l'Autorité palestinienne auprès des Nations Unies et de la Cour pénale internationale sont tombées à point nommé pour le Likoud. Sur les questions diplomatiques et sécuritaires, l'électorat penche à droite, et c'est naturellement là que le parti de Benyamin Netanyahou entend porter le fer.
Le discours prononcé par le Premier ministre devant la convention de son parti lundi dernier a confirmé ce choix : aux cotés d'un engagement à la modification du système politique, visant à en améliorer la stabilité il a été dominé par l'énumération des menaces sécuritaires auxquelles Israël serait confronté, menaces contre lesquelles le tandem Herzog-Livni , n'aurait ni la capacité ni même la volonté de lutter efficacement.

DES NOUVELLES DU "CENTRE"

Depuis de nombreuses années déjà, chaque campagne électorale voit l'émergence d'une nouvelle formation, refusant d'être affiliée à l'un des camps politiques traditionnels, et ne devant son succès qu'à la personnalité et au charisme de son leader.
Ces partis ''centristes'' ne survivent en général qu'une ou deux législatures, mais la persistance et la régularité de ce phénomène en disent long sur l'état d'une large part de l'électorat, sur son insatisfaction, sa soif de nouveautés et sa tendance à adouber des personnalités considérées comme "providentielles''.
Cette campagne était censée parachever le déclin de celle de ces formations qui avait créé la surprise aux élections de janvier 2013 et assurer l'avènement de la dernière à être apparue dans l'arène électorale.
Or si l'on en croit les derniers sondages le contraire semble se produire.
Le parti de Yaïr Lapid était donné comme le grand perdant des prochaines élections, tant le bilan de l'ancien journaliste-vedette à la tête du ministère des Finances était considéré comme décevant.
A contrario, on s'attendait à ce que Moshé Kahlon, ce très populaire ancien ministre du Likoud, soit le mieux placé pour tirer profit de l'insatisfaction sociale de l'électorat. Mais les enquêtes d'opinion les plus récentes indiquent un redressement du parti de Lapid et un tassement de celui de Kahlon.
L'explication de ce paradoxe et d'une simplicité limpide : le premier de ces deux leaders ''centristes'' mène une campagne vive et pugnace, tant sur les plateaux de télévision que sur le terrain et les réseaux sociaux. Le second brille par son absence et semble vouloir repousser jusqu'au tout dernier moment le véritable lancement de sa campagne.
L'arrivée à ses cotés, comme numéro deux de la liste de son parti, du général de réserve Yoav Galant, personnalité appréciée des Israéliens, est censée annoncer un tournant. Elle indique également que Kahlon n'entend pas se cantonner aux seules questions économiques et sociales.
L'ancien ministre Likoud, en politicien expérimenté, sait qu'à plus de soixante jours du scrutin tout est encore possible, et que la campagne ne prendra son véritable élan que lorsque les principaux partis auront choisi leurs candidats à la Knesset.
Ce sera le cas, la semaine prochaine, du ''Foyer juif'' de Naftali Bennet et du parti travailliste d'Itshak Herzog.

Par Dror Even-Sapir
Source I24News