dimanche 4 janvier 2015

Israël frappe les Palestiniens au portefeuille après leur offensive diplomatique


Israël a riposté ce samedi à l'offensive diplomatique des Palestiniens à l'ONU en gelant un transfert de 106 millions d'euros à l'Autorité palestinienne et en menaçant ses dirigeants de poursuites en justice. Après le dépôt ce vendredi à l'ONU de la demande d'adhésion palestinienne à la Cour pénale internationale (CPI), dans le but avoué d'y citer des responsables israéliens, la première mesure de rétorsion israélienne n'a pas tardé...


L'Etat hébreu a décidé ce samedi de ne pas reverser à l'Autorité palestinienne un demi-milliard de shekels (106 millions d'euros), selon un responsable israélien qui s'exprimait sous le couvert de l'anonymat. Le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat a aussitôt qualifié cette démarche de "nouveau crime de guerre israélien" : "Ce n'est pas une aumône israélienne au peuple palestinien qu'ils ont gelé, mais notre propre argent, qui est légalement à nous".

Moyen de pression

"Une fois de plus, Israël répond à une de nos initiatives légales par une nouvelle punition collective illégale", a-t-il ajouté, assurant que les Palestiniens "ne reculeront pas devant les pressions israéliennes". Israël collecte pour le compte de l'Autorité palestinienne des taxes qu'il lui reverse chaque mois et qui représentent près de la moitié du budget palestinien.
Ces fonds sont régulièrement utilisés comme un levier de pression par l'Etat hébreu. En 2012 déjà, lorsque les Palestiniens avaient obtenu le statut d'Etat observateur à l'ONU, Israël avait gelé ces transferts. Ces versements sont vitaux pour une Autorité palestinienne qui dépend aussi de l'aide internationale. Le ministère des Finances palestinien a d'ailleurs indiqué ce samedi qu'il rencontrait des difficultés à payer les fonctionnaires.

Tensions

L'Etat hébreu a également menacé ce samedi les Palestiniens sur le front judiciaire, en retournant contre les dirigeants palestiniens leurs accusations de "crimes de guerre". Selon un communiqué transmis à l'AFP et attribué à "des sources proches d'un responsable gouvernemental israélien", Israël envisage de poursuivre devant des tribunaux aux Etats-Unis et ailleurs le président Mahmoud Abbas, l'Autorité palestinienne et "de hauts responsables palestiniens", sans toutefois préciser quand et comment ces poursuites pourraient être lancées.
Israël ne digère pas la demande d'adhésion palestinienne à la CPI, initiée par le président Mahmoud Abbas dès ce mercredi, au lendemain du rejet à l'ONU d'un projet de résolution palestinienne sur la fin de l'occupation israélienne.

Campagne diplomatique

La Palestine peut rejoindre des organisations internationales depuis l'obtention de son statut d'Etat observateur aux Nations unies et Abbas a signé ce mercredi 20 nouvelles conventions, dont le Statut de Rome qui régit la CPI. Le but de cette adhésion est, pour les Palestiniens, de citer à comparaître des dirigeants israéliens devant le tribunal de La Haye, dont la mission est de poursuivre les auteurs de génocides, crimes contre l'humanité ou crimes de guerre. Ils pourraient ainsi leur demander des comptes pour les trois offensives lancées sur Gaza depuis 2008, ou encore pour l'occupation.
En plus de cette demande d'adhésion, les Palestiniens entendent revenir à la charge à l'ONU avec leur résolution prévoyant la fin sous trois ans de l'occupation israélienne, pourtant rejetée ce mardi par le Conseil de sécurité et menacée de veto par les Etats-Unis. Cette campagne diplomatique internationale vaut aux Palestiniens les foudres d'Israël, qui menace ses dirigeants de poursuites judiciaires.

Comparaison avec l'EI

Ceux qui doivent "craindre des poursuites sont les responsables de l'Autorité palestinienne qui opèrent au sein d'un gouvernement d'union avec le Hamas, une organisation terroriste qui comme (le groupe) Etat islamique perpètre des crimes de guerre", affirme ainsi le communiqué transmis ce samedi à l'AFP.
Depuis plusieurs mois, les responsables israéliens, le Premier ministre Benjamin Netanyahu en tête, multiplient les déclarations visant à assimiler les exactions de l'EI en Irak et en Syrie aux "crimes de guerre" qu'ils imputent au Hamas, qui a formé il y a sept mois un gouvernement d'indépendants avec le Fatah de Mahmoud Abbas après leur réconciliation au printemps dernier.
Ils accusent notamment le mouvement islamiste palestinien d'avoir utilisé les Gazaouis comme "bouclier humain" lors de la dernière offensive israélienne sur Gaza cet été. En 50 jours, cette guerre, la troisième en six ans, a tué près de 2.200 Palestiniens et fait plus de 70 morts côté israélien.
Source RTL