dimanche 11 janvier 2015

La France s’est réveillée avec deux ans de retard...


Les unités antiterroristes françaises ont agi vendredi avec compétence et sophistication. Dans les deux raids de vendredi – à la société d’impression où les deux frères armés étaient retranchés et au siège du supermarché casher à Paris, elles ont recueilli systématiquement et avec diligence les informations nécessaires, grâce à des caméras de surveillance et à un homme caché à l’intérieur de l’atelier d’impression...


Elles ont aussi placé des explosifs sur les portes afin de pénétrer rapidement dans les locaux lorsqu’ils ont décidé de le faire. Un autre sage décision était de prendre d’assaut les deux endroits simultanément, afin d’empêcher les deux preneurs d’otages d’en prendre connaissance par téléphone ou par les médias.
Le ministre de l’Intérieur français avait émis auparavant un message trompeur annonçant sa volonté de négocier avec les terroristes sur les deux sites, tandis que les médias français avaient accepté de ne pas diffuser en direct les images des forces de sécurité préparant l’assaut. Eh oui, des médias responsables, cela existe.
Tactique, compétence et expérience ont payé. Malheureusement, les prises d’otages se terminent rarement sans victimes. Cette fois, la plupart des otages ont été tuées par le terroriste dans le supermarché cacher à Paris, et non lors de l’assaut. Le ministère français de l’Intérieur peut être fier de ces deux opérations, mais ce n’est pas ce qui compte vraiment.
Les autorités françaises se sont montrées incompétentes, si ce n’est impardonnablement complaisantes, en matière de prévention de ces attaques. Il y a eu de nombreuses attaques terroristes meurtrières ces dernières années sur des citoyens français par des fanatiques musulmans de retour du Moyen-Orient.
Il est également notoire qu’un nombre grandissant de djihadistes continuent de sortir de la France et d’autres pays européens pour rejoindre le Moyen-Orient – et revenir.
Mohammed Merah, qui a assassiné en 2012 quatre juifs dans une école juive à Toulouse et tué trois soldats français, était un premier avertissement.
La France participe également, avec les États-Unis, à la lutte contre l’islam radical au Moyen-Orient et en Afrique, et cela en fait une cible de vengeance.
Au vu de tous ces éléments, la France aurait dû suivre l’exemple des États-Unis, en effectuant des modifications de sa législation afin d’élargir les moyens de surveillance, comme les écoutes téléphoniques et la surveillance électronique, même si c’est au prix du viol du droit à la vie privée de ses citoyens.
Trouver l’équilibre entre la protection des droits de l’homme et la sécurité est difficile, mais il apparait de plus en plus clairement en France et en Allemagne que la valeur de la vie humaine est supérieure et le droit devrait être modifié afin de permettre aux démocraties européennes de se défendre comme il se doit.
Si les Français avaient pris le problème en amont, ils auraient certainement traqué les frères Kouachi qui ont perpétré le massacre au journal Charlie Hebdo.
Saïd Kouachi s’était formé au Yémen avec al-Qaida. Son frère aîné Cherif a été emprisonné pour le recrutement de musulmans au profit d’al-Qaida en Syrie, et avait essayé d’y aller lui-même.
Pourtant, les deux frères ont été retirés de la liste de surveillance des services de sécurité ces deux dernières années. Pourquoi ?
Les moyens des services de sécurité française ont été limités malgré l’énorme vivier de terroristes musulmans. Mais une telle explication est en soi un aveu de culpabilité.
Non seulement l’avertissement n’a pas été entendu, les ressources suffisantes pas allouées, mais la menace est devenue encore plus claire pour les Européens en 2013 par les efforts accrus de recrutement menés par l’Etat islamique.
Le manque de ressources, de personnel, de matériel et de dispositifs juridiques ne justifie pas le risque inutile que l’on fait porter sur des vies civiles.
Les commentateurs français se posent maintenant une question: sait-on où se cachent les autres terroristes ? Malheureusement, la réponse est non.
Une autre question concerne les Juifs français, qui sont maintenant à les plus exposés, presque comme nous Israéliens.
Les Juifs de Paris et de la banlieue auraient-ils pu faire quelque chose pour empêcher la prise de contrôle du supermarché cacher par un terroriste ? C’est possible, mais difficile.
Si, par exemple, les communautés juives pourraient faire appel à des vigiles, même non armés, mais qui auraient pu détecter l’arrivée d’un terroriste dans le supermarché. Il y a suffisamment d’excellents jeunes Juifs qui sont très motivés et physiquement aptes, et qui auraient pu être déployés dans la zone où la catastrophe est arrivée.
La protection a été renforcée dans les institutions juives comme les synagogues et les écoles, mais pas pour tous, et certainement pas dans les entreprises identifiables comme juives.
Des mesures de protection peuvent être prises: Israël a aidé les Juifs algériens, les Juifs du Maroc et les Juifs d’Irak pour se défendre contre des émeutiers arabes dans les années 1950 et 60. Il est également possible pour Israël de le faire de nos jours, sans porter atteinte aux lois de la France et d’autres Etats européens.
Israël peut aider principalement par son expérience, son savoir-faire et l’équipement électronique qu’il peut mettre à disposition des communautés juives, y compris par la formation et l’expertise en matière de sécurité. On ne peut pas se contenter de dire aux Juifs de France de venir s’installer en Israël: il faut les aider à se protéger.
 
Ron Ben-Yishai
Source JersualemPlus