mardi 20 janvier 2015

Le Hezbollah enterre dans la colère ses combattants tués dans un raid israélien

Des partisans du Hezbollah portent le cercueil de Jihad Moughnieh, un combattant du parti chiite libanais tué dans un raid aérien israélien en Syrie, le 19 janvier 2015 à Beyrouth
 (c) Afp
 
Des milliers de partisans du Hezbollah ont participé lundi, aux cris de "Mort à Israël", aux funérailles de l'un des six combattants du parti chiite libanais tués dans un raid aérien israélien en Syrie. Ce raid sur la partie syrienne du plateau du Golan, qui a tué dimanche un haut responsables du Hezbollah, a également coûté la vie à six militaires iraniens, dont un général des Gardiens de la Révolution, l'armée d'élite de la République islamique...


Israël a dit avoir visé des "éléments terroristes" accusés de préparer des attaques contre elle. L'Etat hébreu, qui cherche à empêcher des transferts d'armes vers le Hezbollah, a déjà plusieurs fois frappé des cibles en Syrie, plongée dans la guerre depuis 2011.
Il s'agit d'un des coups les plus durs portés au Hezbollah depuis qu'il combat aux côtés du régime de Bachar al-Assad dans la guerre en Syrie.
Dans un fief du parti chiite au sud de Beyrouth, une marée humaine a pris part aux funérailles de Jihad Moughnieh, 25 ans, le fils d'un haut responsable militaire du mouvement assassiné en 2008 à Damas. Le Hezbollah avait accusé Israël du meurtre, ce qu'a démenti l'Etat hébreu.
Le cercueil du jeune Moughnieh, enveloppé du drapeau jaune du Hezbollah, a été porté par une foule marchant aux cris de "Mort aux Etats-Unis et à Israël", "Non à l'humiliation" ou encore "Israël, ennemi des musulmans".
Des hommes ont tiré en l'air en signe de deuil, tandis que d'autres étaient en pleurs. Le combattant sera enterré dans le même caveau de son père.
"La riposte doit être sévère", a affirmé à l'AFP cheikh Rami Assi, un des participants, tandis qu'Oum Mohammad Hammoud, une femme qui assistait aussi aux funérailles, tempérait en affirmant que le "Hezbollah se vengera sans se lancer dans une guerre".
Selon le quotidien libanais proche du mouvement armé chiite, Al-Akhbar, Israël voulait "tester si la Résistance était sérieuse dans sa volonté de riposter", tandis qu'As-Safir titrait que les représailles du Hezbollah seront "plus qu'une riposte et moins qu'une guerre".
Parmi les morts figure aussi le commandant Mohammad Issa, un des responsables du dossier Irak-Syrie, selon une source proche du Hezbollah.
Six militaires iraniens ont également péri dans le raid israélien à Qouneitra, d'après une source proche du Hezbollah. Le mouvement a toutefois tenu à préciser à l'AFP "ne pas être à l'origine de cette information".
L'Iran a seulement confirmé par communiqué la mort d'un général de son armée d'élite, Mohammad Ali Allahdadi.
Ce raid d'Israël contre ses deux bêtes noires, le Hezbollah et son parrain l'Iran, intervient quelques jours après que le chef du parti chiite libanais, Hassan Nasrallah, a menacé Israël de riposte en cas de nouvelles attaques en Syrie.
Si les médias du parti ont évoqué une "aventure menaçant la sécurité du Moyen Orient", les analystes ne croient toutefois pas à une guerre généralisée car ils doutent que le mouvement armée chiite, fer de lance de la "résistance" contre Israël, veuille ouvrir un deuxième front.
Le Hezbollah combat en effet depuis deux ans aux côtés du régime en Syrie, où son expérience de guérilla a permis à l'armée de progresser face aux rebelles.
"Le Hezbollah ne peut pas riposter massivement, car s'il le fait, il y aura une autre guerre. Or le Hezbollah est en Syrie, et n'est pas prêt à combattre contre Israël", estime Hilal Khashan, professeur de sciences politiques à l'Université américaine de Beyrouth.
"Nasrallah dira que les Israéliens cherchent la provocation et qu'il ne faut pas tomber dans leur piège", sans aller plus loin, estime le chercheur.
Cette analyse est partagée en Israël.
"Le Hezbollah ne veut pas d'une guerre ouverte (...) et ne souhaite pas l'affrontement pour le moment", affirme Yoram Schweitzer, ex-chef du service militaire israélien de lutte contre le terrorisme. 

Source Le Nouvel Obs