mardi 20 janvier 2015

Marie-Louise Aubrespin, Juste parmi les Nations

Marie-José Decamp, et la médaille des Justes de sa tante et Danielle Marty avec le diplôme d'honneur de Yad Vachem entourées par le consul d‘Israël, le maire et le docteur Albert Seifer./Photo DDM Jal

La Médaille des Justes de l'institut Yad Vashem de Jérusalem a été décernée à titre posthume à Marie-Louise Aubrespin par Rahamim Yaacov, consul d'Israël à Marseille...


C'est dans le cadre d'une cérémonie très solennelle et empreinte d'une intense émotion, dimanche matin dans les salons de l'Hôtel de ville de Saint-Gaudens en présence de nombreuses personnalités et de connaissances, que le titre de « Juste parmi les Nations » a été décerné à titre posthume à Marie-Louise Aubrespin pour avoir, de 1942 à la Libération, caché et sauvé à ses risques et périls le jeune Raymond Rosenfarb, âgé de 2 ans. 
Acte d'amour et de courage de la part de cette femme que de se porter volontaire pour accueillir un tout jeune enfant juif que ses parents, vivant à Toulouse, cherchaient à protéger de la répression nazie en l'envoyant à la campagne.

Le lien renoué

Marie-Louise Dedieu est née le 31 janvier 1912 à Castelnau-Durban dans l'Ariège. En 1928, elle épouse François Lanne à Saint-Paul sur Save, en Haute-Garonne. C'est là qu'elle prend en charge le petit Raymond avant que ses parents ne le récupèrent à la fin de la guerre. Pour Marie-Louise, la vie continue jusqu'au décès de son époux en 1968. Mais pendant tout ce temps, elle ne cesse de penser à Raymond, sans jamais avoir de ses nouvelles ni même savoir s'il vivait toujours.
Celui-ci est parti vivre en Israël à l'âge de 20 ans, est devenu chercheur, porte le nom de Ronen Reuven et est membre du kibboutz Horchim. En 1977, lors d'une mission professionnelle à Toulouse. Avec Danielle Marty, sa sœur toulousaine, il se met à la recherche de Marie-Louise qu'il retrouve à Montégut sur Save, village voisin de Saint-Paul, où elle s'était remariée avec Joseph Aubrespin. Le lien se renoue avec une émotion immense.
Dès lors la correspondance n'a plus cessé entre eux, même lorsque Marie-Louise s'est retirée au Mas Saint-Pierre, à Saint-Gaudens, où elle s'est éteinte le 16 août 2009 à l'âge de 97 ans.
Aujourd'hui, Raymond, à 76 ans, il vit toujours en Israël. Très fatigué, il n'a pu prendre part à la cérémonie d'hommage dont il est à l'initiative.

Cérémonie solennelle

Tour à tour s'exprimeront le maire de Saint-Gaudens, Jean-Yves Duclos, le délégué du comité français pour Yad Vachem, le docteur Albert Seifer, habitant Toulouse et organisateur de la cérémonie, son propre témoignage illustrant également le courage de ces personnes qui ont sauvé des vies juives durant la guerre, puis Arminda Antunez, conseillère municipale, qui a connu Marie-Louise au Mas Saint-Pierre, le consul d'Israël Rahamim Yaacov qui a remis la médaille des Justes à Marie-José Decamps, nièce de Marie-Louise Aubrespin.

L'arrière-petite-nièce de celle-ci, Enola Louge, a lu «Les Justes», Danielle Marty a transmis les mots de son frère Raymond, heureux que son souhait se soit concrétisé, le souvenir de Marie-Louise ne l'ayant jamais quitté» et Claude Rolandez, fils de déporté, témoignant de circonstances comparables dans sa vie d'enfant.
Le chant des partisans» a précédé l'intervention poignante du député Joël Aviragnet puis du sous-préfet Jean-Luc Brouillou qui a conclu par ces mots : «quand la vie n'est pas juste, il faut des justes pour éclairer l'humanité.»
Les hymnes français et israélien ont retenti, scellant à jamais dans les cœurs de chacun l'émotion de cet instant.

Source La Depeche