vendredi 27 février 2015

Le dernier cri d’alarme des Juifs du Yémen

 
Le Yémen vient de tomber aux mains des hommes de l’organisation des Houthis - un groupe islamiste radical, principalement composé de membres de la tribu des Zayidites, proches des Chiites, et qui bénéficient de l’aide généreuse des Iraniens - Le moment est-il venu pour les derniers Juifs du Yémen de quitter leur pays, ce qui signerait la disparition de l’une des plus anciennes communautés juives du monde ?...


C’est la question que pose le correspondant politique d’Hamodia, Israël Katzover.
 De la fenêtre de chez lui, dans le camp fermé du centre de la ville de Sanaa, capitale du Yémen, le rav Yi’hié Yossef a vu les drapeaux des tribus Houthis envahir les toits de la ville avant que ceux-ci ne se proclament comme les nouveaux dirigeants de l’Etat.

Le Yémen est tombé il y a quelques jours entre les mains des Houthis, groupe d’islamistes radicaux, très proches des Chiites, et profitant de l’aide généreuse des Iraniens.
L’origine du mot Houthis, provient du nom de leur leader Hussein Baader A-Din Al Houthi, tué durant les combats opposant les forces nationales à la tribu des Zaydites, il y a onze ans de cela. Cette tribu se réclame de l’islamisme radical et son mot d’ordre est : « Mort aux États-Unis, Mort à Israël maudits soient les Juifs et victoire à l’islam ».
Cela fait presque 15 ans que ces rebelles mènent une lutte armée contre les forces officielles du pays. Des centaines de combattants sont morts ces derniers mois, dont les principaux leaders du mouvement.
Durant les combats violents qui les ont opposés aux soldats du Yémen, ils ont enregistré de nombreuses pertes, mais ces derniers mois, ils ont réussi à se ressaisir et à riposter allant donc jusqu’à prendre le contrôle des bâtiments du pouvoir à Sanaa.
Ces derniers jours, ils ont pris le contrôle du parlement et de la résidence du président Abed Rabo Mansour Haadi, mettant tous les résidents en fuite avant de s’autoproclamer dirigeants du pays.

Le financement iranien

Les Houthis bénéficient de l’aide financière généreuse de l’Iran, des conseils militaires du Hezbollah et ont déclaré la guerre aux Sunnites, aux incroyants (les musulmans non pratiquants) et aux ennemis de l’islam (menace contre les Saoudiens, les pays du Golfe, etc.).
La tribu des Zayidites, qui constitue les rangs du groupe Houthis, est composée à 90 % de gens du Yémen. Elle a débuté ses activités militaires par une révolte contre le gouvernement yéménite, responsable selon eux, de longues années d’injustice vis-à-vis des Zayidites.
Mais peu à peu, manipulés par les Iraniens, les Houthis sont devenus un mouvement terroriste important à l’intérieur du Yémen et influent dans tout le Moyen-Orient. Ils sont devenus les ennemis inconditionnels des hommes d’Al-Qaïda en Arabie Saoudite, mais ne se prononcent pas encore concernant la république islamiste.
Il y a six ans, après une longue période d’organisation militaire et d’entraînements prodigués par les Iraniens, ils se sont organisés militairement pour se lancer dans la conquête de plusieurs territoires du Yémen. Ils ont peu à peu conquis le pays jusqu’au mois dernier où ils sont parvenus aux portes de la capitale Sanaa pour y ériger les drapeaux de l’organisation. Aujourd’hui, ils font tout pour s’assurer la continuité des territoires conquis.
La prise de la capitale a conduit les Houthis au centre de la ville, où se trouvent concentrés les derniers Juifs du pays.
Le président sortant du Yémen ainsi que son prédécesseur avaient donné l’ordre aux Juifs de quitter leur maison et de se regrouper dans un ancien camp militaire, entourés de barrières et de tours de garde, pour les empêcher de se faire attaquer par les extrémistes.

A proximité de l’ambassade

Les Houthis sont maintenant parvenus aux portes du camp, à proximité de l’ancienne ambassade des États-Unis désertée. L’un des leaders du groupe Abu Al Fadel, a pénétré cette semaine dans le camp, s’est présenté et à déclaré aux Juifs qu’ils continueraient à les protéger et que leur haine n’était pas dirigée contre les Juifs du Yémen qui vivent dans le pays depuis des millénaires, mais contre les Juifs qui ont créé l’État d’Israël.
Le commandant du groupe a laissé devant le camp sa Jeep avec le drapeau de l’organisation où est inscrit : « Mort à Israël et maudits soient les Juifs », laissant les Juifs du camp inquiets pour leur avenir.
Les Houthis continuent à prétendre jusqu’à ce jour, qu’ils n’ont pas l’intention de prendre le contrôle de tout le pays, mais que leur seule ambition est de remplacer le gouvernement précédent, corrompu et injuste envers eux et envers de nombreuses tribus qu’ils ont discriminées. Dès la création d’un Etat technocratique, avec des hommes de justice à sa tête, ils regagneront leurs territoires.
Il est possible de voir dans cette déclaration le message que les Houthis tentent de faire passer aux Américains, selon lequel ils combattent au Yémen contre les hommes d’Al-Qaïda au Yémen, considérés comme l’une des branches la plus extrême de cette organisation. Les Houthis craignent Al-Qaïda et ont tout intérêt à voir les frappes américaines se poursuivre contre les bases d’Al-Qaïda.

L’espoir des Juifs du Yémen

Il ne reste à Sanaa que quelques dizaines de Juifs, qui auraient pu quitter le pays depuis longtemps, et qui ont décidé malgré tout de rester. Ils fondent beaucoup d’espoir dans l’intérêt des Houthis de recevoir de l’aide des Américains, et ils espèrent que les dirigeants du pays continueront à les protéger à l’intérieur du camp. Pourtant les Américains ont été les premiers à évacuer leurs représentants de l’ambassade à Sanaa, donnant ainsi le signal de départ de toutes les autres ambassades occidentales du pays.
Les membres de la tribu des Houthis ont montré, par le passé, leur haine contre les Juifs, ils les ont tués, volés, ont brûlé leurs maisons et ont coupé les papillotes des jeunes dans les rues.
Il est difficile de voir des Juifs rester dans ce pays, ils courent un terrible danger et il faudra vite agir pour sauver les derniers survivants de cette grande et ancienne communauté.
Des journalistes étrangers relatent avoir rendu visite aux Juifs de Sanaa, et le rav de la communauté, Yi’hié Yossef leur a déclaré qu’il n’était pas inquiet de l’évolution de la situation et qu’il n’avait pas l’intention de partir, et que le cas échéant, ils ne partiraient pas en Israël « où l’on bafoue les valeurs du judaïsme ».
Selon le rav Yossef, « nous avons toujours vécu avec les tribus yéménites, depuis des millénaires, et nous nous sommes toujours bien entendus, et nous continuerons aujourd’hui. » Mais ses propos reflètent-ils vraiment la réalité d’aujourd’hui ? Il semble que tôt ou tard, les derniers Juifs du Yémen quitteront leur pays et signeront la disparition de cette ancienne communauté.
La semaine dernière, six de ses Juifs sont arrivés en Israël, par des chemins détournés. Ils avaient l’air effrayés, mais ont refusé de raconter ce que vivaient les leurs.
Selon eux, après leur départ, il ne reste que 39 Juifs dans le camp, 26 autres se trouvent dans le nord du pays, soit 65 Juifs perdus au milieu de 19 millions de Yéménites, majoritairement proches de l’islam radical. En 1949, 40 000 Juifs vivaient au Yémen.

Source Hamodia