mardi 31 mars 2015

Cyber Guerre : l'Alliance Deutsche Telekom et l’Université Ben-Gourion


Depuis dix ans, l’entreprise de télécommunications allemande Deutsche Telekom s’est investie auprès de l’université israélienne Ben-Gourion. Elle a créé un laboratoire de R&D : 160 chercheurs et étudiants y planchent avec les consultants du groupe sur les solutions de sécurisation des données de demain...
 

Faire de Beer Sheva la capitale mondiale de la cybersécurité – autrement dit, de la sécurisation des données et des systèmes d’information –, c’est le pari lancé en début d’année par l’État d’Israël qui a vu là un marché économique très prometteur sur le plan mondial, à même de servir ses intérêts civils et militaires. La “Silicon Wadi” (le canyon de silicone), comme on l’appelle ici avec humour en référence à la Silicon Valley, s’articule notamment autour de l’université Ben-Gourion de Beer-Shev’a et passe par le redéploiement de quelque 10 000 militaires dans ce domaine d’activité.
Son centre de R&D au sein de l’université
Ce projet d’État a convaincu Deutsche Telekom (DT), qui cherche, comme tous les acteurs des télécoms, à développer ce segment. En 2004, le leader européen a ouvert au sein de l’université Ben-Gourion son premier centre de R&D hors d’Allemagne. Le but : tisser des liens entre recherche fondamentale et application industrielle, en particulier dans le domaine de la cybersécurité, notamment sur les mobiles et le système Android.
Depuis 2013, le laboratoire d’innovation Telekom (ou T-Labs) a déménagé à deux pas de l’université ( Photo ci-dessous ). Le groupe allemand reprend le concept du “T-Labs” déjà testé à l’université de technologies de Berlin : il intègre une entité privée à son enseignement et à ses activités de recherche. À Beer-Shev’a, il est situé dans un bâtiment flambant neuf qui accueille un incubateur d’entreprises, mais aussi les bureaux d’Oracle, d’IBM, ou encore de Lockheed Martin.


 

Premier installé, DT est au cœur du réacteur et bénéficie de l’aura du pionnier. Ici, une centaine d’universitaires, 60 étudiants et les experts de la filiale innovation de DT travaillent de concert, dans une ambiance de start-up, sur les technologies de l’information et des télécommunications du futur.
“Ici, nous développons des technologies nouvelles pour arriver à une preuve de concept [une action destinée à faciliter le transfert d’une technologie auprès d’une entreprise en vue de son exploitation], explique le Pr Bracha Shapira, cheffe de projet au sein du laboratoire. La plupart de nos recherches ont un lien avec la cybersécurité. Quand des entreprises sont en quête d’analyses, nous répondons à des appels d’offres. Dans mon équipe, nous avons déposé l’an dernier une douzaine de brevets.”
On n’en saura pas plus sur la somme dépensée ­depuis dix ans par Deutsche Telekom pour le développement de ce laboratoire universitaire que sur la répartition des royalties perçues pour l’exploitation des brevets développés par les chercheurs...
Pour le consultant en cybersécurité de la chambre de commerce France-Israël Dominique Bourra, ce partenariat est possible car “l’Allemagne [dont l’armée n’a qu’une vocation défensive, ndlr] a beaucoup moins de préventions que d’autres pays européens à travailler sur des technologies duales, c’est-à-dire celles qui ont à la fois une vocation civile et militaire”.
Des étudiants discrets
“Travailler ici, c’est une sacrée carte de visite, vante Yisraël Mirsky, doctorant en ingénierie des télécoms. Pour intégrer ce laboratoire et un programme de recherche, il faut avoir de très bonnes notes. Nous pouvons être amenés à travailler à la fois pour Deutsche Telekom mais aussi d’autres entreprises qui demandent des preuves de concept. Vu le secteur [la cybersécurité, ndlr], je ne peux pas vous donner leur nom.”
En matière de sécurité, Barack Chizi n’a pas de craintes quant à la discrétion des étudiants. “Beaucoup viennent des divisions informatiques de l’armée”, explique le directeur de recherches au sein du T-Labs israélien. En Israël, où l’entrée à l’université est précédée de trois ans de service militaire obligatoire pour les hommes et de vingt-deux mois pour les femmes, les étudiants sont habitués au secret.

De façon générale, travailler dans la cybersécurité, bien au-delà du secteur d’enseignement choisi, est ici la marque, pour beaucoup, d’un engagement patriotique".
Source L'Etudiant