mardi 28 avril 2015

Qui se souvient d’Italiques, l’émission de Marc Gilbert ?


Qui se souvient d’Italiques, l’émission de Marc Gilbert diffusée sur la deuxième chaîne de l’ORTF, de 1971 à 1974 ? Et qui se rappelle de son générique qui fut le premier dessin animé de Jean-Michel Folon pour la télévision française, dont Ennio Morricone composa la musique ?...


Marc Gilbert est le nom de plume de Gilbert Lévy, issu d’une famille d’origine juive alsacienne, marchands de chevaux. Il écrivit pour le Progrès de Lyon, Le Nouvel Observateur, Planète, Sélection du Reader’s Digest et le magazine Life, et accompagna la vie des Français du temps de l’ORTF, en présentant l’émission littéraire du vendredi soir Italiques en deuxième partie de soirée, sur la deuxième chaîne (la case qu’occupe aujourd’hui Frédéric Taddei avec Ce soir ou jamais).
Entre 1966 et 1974, il apparait d’abord ponctuellement dans Objectifs, Un certain regard, L’invité du dimanche, Dim, Dam, Dom, Pourquoi et Eurêka, l’émission de Pierre Schaeffer, puis plus régulièrement dans Volume, pour laquelle, il fait des films sur la bande dessinée, l’espionnage industriel et l’Institute for Advanced Study de l’université de Princeton.

 

En 1971, Pierre Sabbagh lui propose de créer une émission littéraire hebdomadaire. Ce sera Italiques, dont il devient le producteur et l’animateur de 1971 jusqu’en décembre 1974. En septembre 1972, il demande à Jean-Michel Folon de lui créer un générique pour son émission, et à Ennio Moricone une musique pour le générique.
Celui-ci possède dans ses tiroirs le thème musical d’un film qui n’a pas du tout marché, À l’aube du 5ème jour. Cette mélodie devient un tube.



Marc Gilbert engage des chroniqueurs comme Max-Pol Fouchet, la voix de la France Libre à la BBC pendant la seconde guerre mondiale, Georges Walter, le présentateur du journal télévisé, Marc Ullmann, rédacteur en chef adjoint de l’Express et Jean-Jacques Brochier, le fondateur du Magazine Littéraire.
Toute la planète culturelle défile, dans les studios de la rue Cognacq-Jay, sur le plateau de l’émission : Alberto Moravia, César, Claudine Auger, Elia Kazan, Elie Wiesel, Ettore Scola, Federico Fellini, le mime Marceau, François Truffaut, Françoise Giroud, Françoise Sagan, Italo Calvino, Ivry Gitlis, Jean Hamburger, Jean-Claude Brialy, Jean-Louis Barrault, Jean-Pierre Melville, Joseph Kessel, Marcello Mastroianni, Norman Mailer, Möebius, Philippe Druillet, Raymond Aron, Robert Badinter, Roland Topor, Susan Sontag, Salvador Dali, Vladimir Jankélévitch…

En janvier 1975, Marc Gilbert est écarté de la télévision sous l’impulsion de Jacqueline Baudrier, devenue la première femme à la tête de Radio France (quarante ans avant l’arrivée de Delphine Ernotte, première femme à la tête de France Télévisions), Marcel Jullian, scénariste de «La Grand Vadrouille», du «Corniaud» et de «La Folie des grandeurs» et Xavier Larère, «homme fort de la réforme».
Le gouvernement de Jacques Chirac donne des directives : Gilbert est considéré comme un homme de gauche (il a créé le Syndicat des Producteurs de télévision) qui n’a plus sa place sur le petit écran. Ils remplacent Italiques par Apostrophes de Bernard Pivot, dont les audiences de l’émission Ouvrez les guillemets sont pourtant inférieures. Jacques Chancel et Patrick Poivre d’Arvor récupèrent un générique de Folon et la chaîne Antenne 2, lui commande un indicatif de clôture des programmes, qui durera plus de 30 ans.
Si Josy Eisenberg reste le plus ancien producteur et présentateur de télévision encore en activité dans l’hexagone, Marc Gilbert, mon père, fut le précurseur en France du talk-show littéraire à l’américaine.

Par Alexandre Gilbert

Source JewPop