mardi 5 mai 2015

Bordure protectrice : une ONG de gauche évoque la "dérive morale" de l'armée israélienne


Les témoignages de quelque soixante militaires israéliens restés anonymes et ayant participé à l'opération Bordure protectrice l'été dernier dans la bande de Gaza ont été publiés lundi par l'ONG Breaking the Silence, dont le rapport controversé a attiré l'attention des médias étrangers. Breaking the Silence ("Briser le silence") a été créé en 2004 et regroupe d'anciens combattants qui cherchent à documenter et à divulguer les fautes graves commises par l'armée israélienne...


Les soldats interrogés par l'ONG dénoncent notamment l'usage excessif de la puissance de tir et des règles floues d’engagement selon lesquelles les soldats sont autorisés à ouvrir le feu à volonté contre toute cible mobile dans des zones spécifiques.
"Les ordres étaient: dès que vous voyez quelqu'un autour de vous, disons dans un rayon de zéro à deux-cents mètres, il est mort. On devait partir du principe que tout individu évoluant dans notre zone d'opération ne pouvait pas être un civil", explique un militaire.
Les responsables de Breaking the Silence ont de leur côté évoqué "les règles d'engagement transmises aux soldats: les plus permissives jamais portées à notre connaissance" et ont accusé "une politique de tirs indiscriminés".

Des accusations "pas crédibles"

L'armée israélienne a assuré qu'elle s'était engagée à enquêter très sérieusement sur toutes les accusations crédibles formulées par les médias, les ONG ainsi que les plaintes officielles impliquant ses soldats pendant Bordure protectrice, mais a déploré la méthode employée par Breaking the Silence qui "refuse de fournir des preuves de leurs affirmations".
Après publication de son rapport, l'organisation refuse systématiquement de fournir les preuves liées aux accusations demandées par l'armée, empêchant les responsables militaires d'enquêter et de punir les éventuels coupables.
Selon Tsahal, ce comportement rend "toute enquête, menée par les organes compétents, impossible et ne permet pas que les incidents soulevés soient traités d'une manière appropriée" et prouve que l'organisation "n'a pas l'intention de corriger les fautes découvertes".
Breaking the Silence insiste sur le fait que tous les témoignages ont été vérifiés et validés pour vérifier leur authenticité.
De son côté, l’organisation Monitor, également basée à Jérusalem, a estimé que ce rapport avait été produit dans le but de "faire aboutir les démarches de Mahmoud Abbas à la Cour pénale internationale".
Monitor a pointé "le manque de crédibilité" de Breaking the Silence, "qui reçoit des financements de groupes chrétiens demandant expressément à ce que le témoignages recueillis soient négatifs vis-à-vis d’Israël".
Depuis la fin de la guerre qui l'a opposé au Hamas, Israël a ouvert plusieurs enquêtes concernant des actes commis par des soldats israéliens dans la bande de Gaza, notamment le raid de l'armée contre une école de l'UNRWA. Au total, 65 incidents ont été rapportés au bureau de l'avocat général.
Tout au long de l'opération Bordure Protectrice, six équipes d'experts juridiques de Tsahal (pour la plupart des réservistes) ont fourni des informations et des conseils aux commandants de l'armée, sans pour autant interférer dans les décisions opérationnelles.
Selon des experts , afin d’éviter des accusations en provenance de la CPI, Israël doit mener ses propres enquêtes et juger les éventuels coupables. Cette affirmation se base sur le principe de complémentarité défendu par la CPI, selon lequel la Cour ne peut poursuivre des suspects que si la justice nationale ne peut pas ou refuse de le faire.
Israël accuse le Hamas d'avoir utilisé les civils de Gaza comme boucliers humains, en tirant des missiles depuis des mosquées, des hôpitaux et des écoles. Par ailleurs, l'organisation terroriste a à plusieurs reprises appelé ses civils à ignorer les avertissements de l'armée israélienne, qui les invitait à évacuer une zone avant un raid imminent.
En pleine guerre cet été, l'Agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA) avait annoncé avoir découvert pour la première fois des roquettes dans une de ses écoles de Gaza.
Source I24News