dimanche 17 mai 2015

Cannes 2015 : " Le fils de Saul " sobre et choquante immersion au cœur du système d'extermination nazi


Assistant de Bela Tarr sur plusieurs films, le Hongrois László Nemes réalise ici son premier long métrage. La trame de fond relève du drame, avec le destin d'un juif ayant intégré les Sonderkommandos, et assistant donc les nazis dans l'organisation de leur plan d'extermination, qui découvre parmi les corps sortis des chambres à gaz celui de son fils, et va tenter de l'enterrer...


Pourtant, étrangement, malgré la force des images, et en dépit de toute la charge dramatique de cette histoire, l'émotion peine à surgir.
La forme quant à elle, impressionne.

Le réalisateur choisit en effet de coller en permanence à son personnage principal, le suivant de dos, l'accompagnant en caméra subjective, s'en éloignant rarement, pour mieux revenir sur son visage impassible, comme incapable d'éprouver plus de douleur.
Cela permet à la fois une immersion totale dans ce monde d'horreur quotidienne, et de poser d'emblée une distance avec tous ces corps nus qui défilent alentours, moutons qu'on emmène à l'abattoir, puis qu'on tri ou traîne comme des morceaux de viande.
Utilisant le flou comme élément d'inquiétude et de distanciation, « Le fils de Saul » est un film choc, une plongée dans le Shoah dont on ne ressort pas indemne.

Par Olivier Bachelard
Source Abus de cine