lundi 4 mai 2015

Chaos lors de la manifestation d'Israéliens d'origine éthiopienne à Tel Aviv


Plus de 60 personnes ont été blessées dimanche soir au cours des affrontements qui ont suivi la manifestation d'Israéliens d'origine éthiopienne venus dénoncer "les violences policières et le racisme institutionnalisé" place Rabin, dans le centre de Tel Aviv. Selon le porte-parole de la police, 56 policiers et 7 manifestants ont été blessés, 43 personnes arrêtées, dans une protestation qui a duré jusqu'à tard dans la nuit dimanche soir...


Les derniers manifestants ont été évacués par des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes pour disperser la foule. La police dit avoir riposté à des jets de bouteilles et de cocktails Molotov.
Cette manifestation, qui a rassemblé plus de 3.000 personnes selon les autorités, a été organisée trois jours après un rassemblement similaire à Jérusalem, au cours duquel des heurts entre forces de l'ordre et manifestants avaient fait quinze blessés, douze civils et trois policiers.
A l'origine de ce soulèvement spontané: la large diffusion dans la presse israélienne d'une vidéo montrant deux policiers en train de frapper un soldat d'origine éthiopienne en uniforme militaire à Bat Yam, au sud de Tel-Aviv, a suscité la colère de cette communauté.
Pakada, un orphelin de 21 ans qui a émigré d'Ethiopie avec ses quatre frères et sœurs il y a sept ans, a déclaré à Channel 10 qu'il roulait à bicyclette dimanche dernier quand il a remarqué les deux officiers qui sécurisaient la zone, après l'annonce d'un objet suspect. Il a expliqué avoir demandé aux agents ce qu'ils faisaient et que l'un d'entre eux lui a répondu agressivement, en le faisant tomber de son vélo. Le soldat a par la suite été frappé dans une ruelle par les deux agents.
L'officier a menacé de lui tirer dans la tête, selon Pakada. Plusieurs policiers sont ensuite arrivés pour arrêter le soldat pour "agression", après qu'il s'est emparé d'une pierre pour les menacer.
La vidéo a crée un tollé, partagée en masse sur les réseaux sociaux.
Les deux agents, qui ont selon toute vraissemblance s'en sont pris au jeune soldat sans raison, ont été suspendus dès le lendemain, selon les médias israéliens.
Mais le retentissement trop faible de cette agression dans les médias, selon les organisateurs du mouvement de protestation, ont amené ces Israéliens à descendre dans les rues.
Certains des manifestants dimanche ont défilé les mains levées, poignets croisés, simulant des menottes. "Ni noir, ni blanc: nous sommes tous des êtres humains", a scandé la foule.
"Je suis noir, alors je dois manifester aujourd'hui", a expliqué Eddie Maconen, 34 ans. "Je n'ai jamais personnellement connu la violence policière, mais elle frappe ma communauté".

Le ministre de la Sécurité intérieure, Yitzhak Aharonovitch, a expliqué que disperser les "émeutiers" était compliqué, car il n'y avait pas de chef à qui s'adresser.
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a promis que "toutes les plaintes (contre la police) allaient être étudiées". "Mais il n'y a pas de place pour la violence", a-t-il ajouté.
Parmi les milliers de manifestants, des centaines d'Israéliens étaient venus soutenir leurs compatriotes d'origine éthiopienne. Ils brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Un policier violent devrait être en prison" ou "Nous demandons l'égalité des droits".
L’ambassade américaine à Tel Aviv, qui craignait des débordements avait demandé à ses ressortissants de se tenir à l’écart des artères que les manifestants comptaient emprunter.
"Nous déplorons la violence et les blessés des deux côtés, mais les gens doivent comprendre que nous sommes confrontés à un problème dont il faut s’occuper et qu’il faut résoudre après des dizaines d’années de racisme et d’inégalité", avait indiqué un militant de la communauté éthiopienne vendredi.
Source I24News