mercredi 13 mai 2015

Coalition gouvernementale : pas d’État palestinien à l’ordre du jour


La solution de « deux États pour deux Peuples » s’éloigne un peu plus; la nouvelle coalition renforcera la colonisation de la Judée-Samarie. La lecture des accords de coalition qui permettent la constitution du 4e gouvernement de Benyamin Netanyahou révèle un grand absent : la reprise du processus de paix dans le but de parvenir à un règlement du conflit avec les Palestiniens...Analyse...


L’ancrage nationaliste du gouvernement israélien ne laisse aucune chance à la solution politique qui, pourtant, fut prônée naguère par le Premier ministre Netanyahou : celle de deux États pour les deux peuples, Israélien et Palestinien.
Au contraire : un parti nationaliste religieux comme le Foyer juif, dirigé par Naftali Bennett (nouveau ministre de l’Éducation), s’oppose catégoriquement à la création d’un État palestinien.
En revanche, la reprise de la construction en Judée-Samarie et la légalisation des constructions illégales sont déjà mises en œuvre par le tout nouveau gouvernement.

GAGNER DU TEMPS

Pourtant, les alliés américains et européens d’Israël ont rapidement félicité Benyamin Netanyahou pour sa reconduction à la tête du gouvernement d’Israël, tout en appelant les institutions israéliennes et palestiniennes à opter en faveur de la paix.
L’annonce officielle de la Maison blanche insiste sur l’importance de la coopération américano-israélienne dans le domaine du militaire et du renseignement, tout en rappelant la « réalisation de la solution de deux États ».
En Europe aussi, la haute représentante pour les affaires étrangères, Federica Mogherini, a estimé que la mise en place du nouveau gouvernement « permettra également la relance le plus rapidement possible des négociations de paix entre Israël et les Palestiniens, avec pour objectif d’atteindre un accord global conduisant à la création d’un État palestinien indépendant, démocratique et viable, vivant au côté d’Israël dans la paix et la sécurité ».
L’ONU n’en a pas été en reste : son Secrétaire général, Ban Ki-Moon, a indiqué qu’il était dans son intention d’œuvrer pour ramener Israéliens et Palestiniens à une table de négociations « pour faire avancer la solution de deux États ».
Face à la pression internationale qui ne manquera pas de s’intensifier, la réponse de Benyamin Netanyahou se résumera à gagner du temps. Notamment jusqu’à la fin de la présidence d’Obama dans un an et demi, à la fin 2016 ; et à la condition aussi que les capitales européennes se contentent de bonnes paroles et de peu d’actes concrets.

PAIX RÉGIONALE ?

Pour l’heure, Netanyahou ne croit pas à une reprise des négociations avec les Palestiniens ; essentiellement en raison du conflit inter-palestinien, tout comme du refus du président Abou Mazen de reconnaître Israël comme un État juif.
En revanche, la presse israélienne croit savoir que Netanyahou pourrait prochainement prendre position en faveur d’une « paix régionale » avec les pays arabes de la région. Notamment avec ceux qui ont un point commun avec Israël : la lutte contre la menace iranienne.
Reste aussi à savoir si les institutions de l’Autorité palestinienne (AP), qui sont au bord de la faillite, pourront tenir encore longtemps sans la perspective d’un règlement politique.

CATASTROPHE ANNONCÉE

L’économie palestinienne reste dépendante du bon vouloir d’Israël dans toute une série de domaines : le transfert des taxes collectées pour l’AP, le contrôle des ressources en eau, le contrôle des frontières et du commerce extérieur, l’usage exclusif du shekel israélien, etc.
En ce début 2015, l’économie palestinienne est exsangue : l’activité tourne au ralenti, le chômage est endémique, les déficits s’accumulent et les sources de financement se tarissent.
En freinant le développement économique des territoires palestiniens, Israël prend le risque de reprendre à sa charge la vie quotidienne de 4 millions de Palestiniens ; une catastrophe annoncée pour l’économie israélienne.

Jacques Bendelac (Jérusalem)

Source Israel Valley