mercredi 6 mai 2015

Course effrénée de Netanyahu pour gagner sa majorité


Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est engagé dans une course contre la montre pour former d'ici à ce soir le prochain gouvernement israélien, qui risque de reposer sur une majorité tellement ténue qu'elle serait à la merci du premier député venu. M. Netanyahu a jusqu'à minuit pour mener à bien sa tâche, selon un porte-parole de la présidence...Analyse...


Le Premier ministre sortant avait fait le pari de mettre à bas le précédent gouvernement pour en finir avec l'indiscipline de son cabinet et former une coalition solide à la faveur de législatives anticipées.

Son triomphe inattendu aux élections du 17 mars semblait lui donner raison, et il a rapidement engagé des discussions pour former une coalition autour de son parti de droite (le Likoud), fort de 30 mandats, avec cinq partis nationalistes et religieux, espérant une majorité de 67 députés sur 120.
Ce plan a volé en éclats lundi sous l'effet d'une bombe lancée par Avigdor Lieberman, chef du parti nationaliste Israel Beiteinou.
Le parti et ses six députés ne participeront pas à un gouvernement fondé sur « l'opportunisme et le conformisme », a annoncé M. Lieberman, qui était pourtant assuré de conserver le portefeuille des Affaires étrangères. Ce coup d'éclat laisse M. Netanyahu avec 53 sièges, pour le moment, et un potentiel de 61. M. Netanyahu et ses négociateurs doivent trouver d'ici à demain soir un accord avec le parti nationaliste religieux Foyer juif pour s'assurer le soutien de ses huit parlementaires.
M. Netanyahu et ses émissaires se sont entendus jusqu'alors avec les deux partis ultraorthodoxes Judaïsme unifié de la Torah et Shass, et avec le parti de centre-droit Koulanou.

« La responsabilité de la formation d'un gouvernement nationaliste repose à présent sur les épaules de Naftali Bennett », le leader du Foyer juif, a indiqué lundi soir le parti de M. Netanyahu dans un communiqué. Le Premier ministre a fait au Foyer juif « une offre sans précédent » en lui accordant le portefeuille important de l'Éducation, celui de l'Agriculture, un poste de ministre adjoint de la Défense et une place au sein du cabinet restreint de sécurité, appelé aux décisions les plus cruciales.
Le Foyer juif ne s'est pas privé de faire monter les enchères. Dans un message adressé aux militants, l'un des responsables, Nir Orbach, a réclamé un autre ministère important. Il s'agit de faire en sorte que le Foyer juif pèse assez dans l'éventualité où M. Netanyahu, au bout de quelque temps, entreprend de faire entrer la gauche dans un gouvernement d'union nationale.
Si, après plus d'un mois de marchandage, de surenchère et de psychodrame, M. Netanyahu échoue, le président Reuven Rivlin n'aura d'autre choix que de charger un autre député de tenter de former un gouvernement. Et, s'il réussit, les perspectives qui s'offrent à lui ne sont pas réjouissantes, s'accordent les commentateurs.
Selon le quotidien Yediot Aharonot, « un gouvernement qui repose sur 61 députés n'est pas le gouvernement de Benjamin Netanyahu », mais plutôt un gouvernement à la merci de n'importe quel député. Si ce député le veut, il peut maintenir le gouvernement « la tête hors de l'eau, et, s'il veut, il peut le faire disparaître avec l'eau du bain. Cela dépend de son humeur du matin », dit le journal, notoirement défavorable à M. Netanyahu.
Le journal Maariv écrit quant à lui qu' « avec 61 voix, " Bibi " (le surnom de M. Netanyahu) ne passera pas la fin de l'année, il ne fera pas adopter le budget, il ne survivra pas ».
Les chances de réaliser les grandes réformes du logement ou de la banque promises par l'un des partenaires potentiels de coalition sont minimales dans un tel contexte, disent les commentateurs.
Source L'Orient le jour