mercredi 27 mai 2015

Mon nom est Cohen, une vraie bénédiction...


J’ai toujours aimé mon nom, Cohen. J’en suis fier. Déjà que je ne suis pas peu fier de l’histoire de mon peuple… Inventeur du monothéisme, une royauté emblématique, Superman, Israël, Menahem Mendel Schneerson, Einstein, mon docteur (et le tien aussi je parie), Cyril Hanouna, David Guetta, Jésus qui marche sur l’eau, Moïse qui la traverse. Alors mon nom, j’en suis encore plus fier...


Je vous pose la question : si vous aviez le choix entre confier votre pognon à un Madoff ou à un Cohen, qui choisiriez-vous ? COHEN, c’est un label de qualité, c’est élu produit de l’année ! Cohen, un peu comme les poulets, c’est une appellation d’origine contrôlée. On connait tous un Cohen sympathique : Sacha Baron, Leonard, Seth, Patrick, Jean-Michel, Les frères, Harlan ( qui était bien Cohen à l’origine… ). Quand tu t’appelles Cohen, tu as conscience de ta responsabilité. Il y a une dynastie derrière toi, tu ne peux pas décevoir.

J’ai tellement d’histoires à raconter à propos de mon nom que je pourrais y consacrer des dizaines de chroniques. Débutons par cette petite anecdote. Je devais avoir 15 ans et j’étais sorti avec une copine (juive). À la fin de la soirée, son père vient la chercher en voiture et s’arrête pour discuter un peu avec moi :
– Tu t’appelles comment ? ( ça ressemblait plus à un interrogatoire qu’à une discussion )
– Euh, Yoram
– Yoram comment ?
– Yoram Cohen

Et d’un coup je vois ses yeux s’illuminer telle la tour Eiffel le 14 juillet. Le mec sort de sa bagnole et me fait :
– Un Cohen ! Super, tu vas pouvoir me bénir !

La minute culture juive
 
Dans la pyramide de Kelsen des juifs, il y a :
au sommet les Cohen ( qui sont tous descendants de Aaron, le frère de Moïse, membre du clergé à l’époque du temple), puis les Levy, et puis les autres, qui jouent dans La Vérité si je mens ou font les clowns sur TF1. D’après la Torah, les Cohen ont des règles spécifiques que les autres juifs n’ont pas à suivre. Telles que bénir le peuple à la synagogue, monter en premier à la Torah, ne pas s’approcher d’un mort et d’autres trucs top secret.


Mais revenons-en au père juif qui me demande de le bénir en me tendant sa tête. Moi, je suis un peu mal à l’aise, je sais pas trop ce que je dois faire. J’ai envie de lui dire que ça se fait pas sur commande ce genre de truc… Alors je lui réponds :
– Bah on est en plein milieu de la rue là, et puis j’ai même pas de kippa…
Le mec me sort une kippa de sa poche et me la colle sur la tête.
– Voilà ! Allez, vas-y, bénis moi maintenant !


Je suis de plus en plus embarrassé, déjà qu’à la synagogue je galère pour le faire, alors comme ça, à l’improviste… Mais le papa est déterminé, il prend mes mains et les aplatit sur sa tête. Mince ! Je suis piégé, j’ai plus trop le choix là. Je jette un coup d’œil à sa fille dans la voiture qui me regarde, perplexe. Est-elle plus embarrassée pour moi ou pour elle ? Toujours est-il que si je veux la revoir, va falloir que j’assure le coup. Alors je commence…

Je ferme les yeux pour faire style je me concentre, et qu’il a pas intérêt à m’interrompre sinon ça va barder. Je débute par l’introduction en hébreu :
Barouch hachem…(béni sois Tu…) puis j’enchaîne avec la prière sur les gâteaux parce que c’est la seule que je connaisse pas cœur. Enfin, je murmure une petite récitation en latin et finis par un sort que j’avais lu dans Harry Potter.


Je ne vous cache pas que j’ai commencé à me prendre au jeu, car ça rendait vraiment pas mal. À la fin de la bénédiction, j’enlève doucement mes mains de sa tête. Le mec, toujours les yeux fermés, me fait :
– C’est bon ?
Je lui réponds :
– Oui c’est bon, vous pouvez ouvrir les yeux (avec l’étrange impression d’avoir joué au “facteur n’est pas passé”).
Il me remercie 100 fois et me serre dans ses bras. Je vois sa fille qui me sourit, mission accomplie !


Tout ça pour dire que s’appeler Cohen, c’est plutôt cool… Jusqu’au jour où… J’ai commandé un chauffeur sur UBER pour rentrer chez moi. Ce sera pour ma prochaine chronique.

Yoram Cohen

Source JewPop